France: une enseignante accusée de consacrer trop de temps à la Shoah


Mercredi 1 Septembre 2010 - 13:59
AFP


Nancy (France) - Une professeure d'histoire de confession juive s'est plaint d'avoir été suspendue, dans l'est de la France, pour avoir manqué à ses obligations "de neutralité et de laïcité" dans son enseignement de la Shoah, a indiqué mardi son avocate.


France: une enseignante accusée de consacrer trop de temps à la Shoah
Les représentants locaux de l'Education nationale étaient injoignables mardi pour donner leur version de cette affaire.

Catherine Pederzoli, 58 ans, avait l'habitude d'organiser des voyages en Pologne et en République Tchèque dans les anciens camps nazis depuis une quinzaine d'années avec ses classes d'un lycée public de Nancy, a expliqué à l'AFP son avocate, Me Christine Tadic.

"Depuis l'arrivée d'une nouvelle direction de l'établissement en 2007, on s'acharne contre elle, on veut s'en débarrasser", affirme l'avocate. Elle a été suspendue pour 4 mois.

"La faute que l'enseignante a commise n'est-elle pas d'être juive?", interroge Me Tadic, qui a saisi mardi en référé le tribunal administratif pour suspendre la décision de suspension. Le tribunal devrait se prononcer d'ici 15 jours.

Mme Pederzoli a fait l'objet d'une enquête administrative suite à une manifestation organisée par certains de ses élèves en décembre à Nancy, lors d'un déplacement du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Les lycéens protestaient contre la décision de réduire de moitié le nombre d'élèves participant au prochain voyage.

Dans un rapport rédigé en juillet, les inspecteurs pointent des "manquements aux obligations de réserve, de neutralité et de laïcité", et reprochent à l'enseignante l'"instrumentalisation des élèves" par des "lavages de cerveaux".

Les inspecteurs estiment que Mme Pederzoli consacre trop de temps à l'organisation de voyages sur l'histoire des juifs en Europe centrale, comprenant des visites à des camps comme celui d'Auschwitz-Birkenau.

"Un temps non négligeable de préparation étant consacré au projet, des parties du programme risquent de lui être plus ou moins sacrifiés", écrivent-ils, dans un rapport dont l'AFP a eu la copie.

Les auteurs notent en outre que, lors de leur entretien avec la professeure, cette dernière a prononcé 14 fois le mot "Shoah", "tandis que le terme à la fois plus neutre et juridiquement fondé de +génocide+ n'(a été) mentionné que deux fois, comme en passant", écrivent-ils.


           

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