Gabon: imbroglio autour de ralliements annoncés puis démentis


Vendredi 28 Août 2009 - 17:45
AFP


Libreville - Les cartes de l'élection présidentielle serrée de dimanche au Gabon ont été brouillées vendredi par l'annonce d'un ralliement massif de candidats à l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame pour contrer Ali Bongo, favori, puis par les démentis de plusieurs intéressés.


André Mba Obame
André Mba Obame
"Volte-face", affirment les proches d'André Mba Obame. "Manipulation" affirment les candidats mécontents de l'annonce. Les difficiles négociations pour une candidature unique de l'opposition à Ali Bongo, fils du président Omar Bongo, décédé en juin après 41 ans au pouvoir ont débouché sur un imbroglio politique.

"Il n'y a aucun souci de manipulation", a déclaré le porte-parole de M. Mba Obame, François Ondo Edou.

Au petit matin, l'entourage d'André Mba Obame a annoncé le ralliement à son nom de 11 candidats, dont l'ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba, un favori du scrutin.

Un tel ralliement pourrait bouleverser le scrutin que se disputent 23 candidats et d'où émergent quatre voire cinq poids-lourds. Selon des chiffres fournis dans plusieurs état-majors, quatre candidats, Ali Bongo, investi par le Parti démocratique gabonais au pouvoir, Casimir Oyé Mba, Pierre Mamboundou et André Mba Obame, seraient assez proches.

"Les négociations ont été longues. Il y a eu un vote à bulletins secrets tard dans la nuit et c'est André Mba Obame qui est sorti vainqueur. M. Oyé Mba avait indiqué qu'il se rangerait à la décision du vote", a affirmé un conseiller de M. Mba Obame.

Une proche de l'ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong, également en lice et qui présidait les négociations à son domicile, a confirmé cette version, précisant que ce dernier avait obtenu une voix lors de ce vote alors que M. Mba Obame avait recueilli les autres suffrages.

Un rallié, Michel dit Mehdi Teale, candidat indépendant, ancien ministre, raconte: "Il y avait 12 à 14 candidats ou représentants de candidats dûment mandatés. Il y a eu des discussions souhaitant une candidature unique de 09H00 (jeudi) à 04H00 du matin (vendredi), le nom qui est sorti comme candidat des forces de la rupture, c'est celui d'André Mba Obame".

"A moins que les gens aient changé d'avis entre 04H00 et 09H00", ironise-t-il.

Cinq candidats ont confirmé leur ralliement: l'ex-vice-Premier ministre Paul Mba Abessole, MM. Eyéghé Ndong et Teale, l'ex-président du patronat Jean Ntoutoume Ngoua et la dirigeante pentecôtiste Anna Claudine Assayi Ayo.

Le son de cloche est tout autre chez quatre des candidats annoncés ralliés.

M. Oyé Mba reconnaît avoir assisté au début des négociations mais précise qu'il a quitté la réunion vers minuit et s'étonne: "Ce matin, j'apprends qu'une dizaine de candidats se seraient ralliées à la candidature de M. Mba Obame! Vous pouvez taper mon nom sur un communiqué, ce qui compte c'est ma signature", a-t-il affirmé.

"Si on arrive à mettre en place par un acte politique sérieux une candidature unique, (...) un nom susceptible de réunir la majorité des suffrages pour faire barrage au candidat du PDG, oui!", a-t-il assuré.

Trois autres candidats estiment être victimes d'un "coup bas", selon le candidat indépendant Bruno Ben Moubamba.

"Ma candidature est maintenue", a-t-il affirmé. Le candidat souligne aussi que le ralliement d'Oyé Mba et Eyéghé Ndong à Mba Obame, tous trois fangs, l'ethnie à la majorité relative dans le pays, entraînerait le pays vers un vote ethnique.

Edgar Doukaga Nziembi, chef de cabinet de la candidate Victoire Lasséni Duboze, a lui estimé que c'était "une manipulation. La candidate envisage une action légale" contre M. Mba Obame.


           

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