Guinée: le président Condé sort indemne d'une attaque contre sa résidence


Mardi 19 Juillet 2011 - 16:05
AFP


Conakry - Le président guinéen Alpha Condé, entré en fonction il y a sept mois, est sorti mardi indemne d'une attaque armée menée par des militaires contre sa résidence privée de Conakry, au cours de laquelle un membre de la garde présidentielle a été tué et deux autres blessés.


Alpha Condé
Alpha Condé
Peu après cette attaque dont les motivations restaient inconnues mardi à la mi-journée, le président Condé est intervenu à la radio-télévision publique RTG pour appeler ses compatriotes "au calme" et "à la vigilance".

Les premiers tirs dans le quartier de Kipé où est situé le domicile du chef de l'Etat, dans lequel il se trouvait avec des membres de sa famille, ont commencé à 03H00 (locales et GMT) et ont duré pendant plus de deux heures, selon des témoins.

Une roquette a été tirée contre la maison dont une partie a été soufflée par l'explosion et la façade criblée de balles.

François Fall, ministre-secrétaire général de la présidence, a déclaré à l'AFP que le président Condé et les membres de sa famille étaient "sains et saufs", mais qu'un membre de la garde présidentielle qui défendait la maison avait été tué. Deux autres ont été blessés.

Aussitôt après l'attaque, des barrages militaires ont été établis dans toute la ville et les accès au quartier administratif de Kaloum, au centre de Conakry, ont été fermés à la circulation.

"Ma maison a été attaquée cette nuit, mais je dois féliciter la garde présidentielle qui s'est battue héroïquement de 03H10 jusqu'à 05HOO du matin avant d'avoir du renfort", a déclaré le président Condé dans son allocution à la RTG.

"Je vous appelle au calme, mais (aussi) à la vigilance et à l'unité nationale. Je ne veux pas de réaction populaire, ni de réaction contre qui que ce soit, laissez l'armée et les forces de l'ordre faire leur travail", a-t-il ajouté.

La France, ex-puissance coloniale, a "fermement" condamné cette attaque. "La Guinée doit poursuivre dans la voie pacifique et démocratique qu'elle a choisie lors des dernières élections présidentielles" et "les forces armées, comme les autres composantes de la nation, ont un rôle important à jouer, au service de la démocratie", selon le ministère français des Affaires étrangères.

Peu avant, une source proche du gouvernement français avait dit que ce n'était pas "un coup d'Etat", mais "plutôt une alerte ou un coup de semonce", peut-être lié au report des législatives.

Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée, a été investi le 21 décembre 2010, après avoir été élu en novembre face à Cellou Dalein Diallo, qui avait accepté sa défaite, mais qui a depuis dénoncé les "dérives autoritaires" du régime.

Des législatives auraient dû se tenir dans les six mois suivant l'investiture, mais le scrutin a été repoussé, M. Condé souhaitant faire un nouveau recensement, ce que ses opposants dénoncent.

L'une de ses premières tâches a été de mettre en place une réforme du secteur de la défense et de la sécurité, l'armée ayant toujours joué un rôle déstabilisateur dans ce pays dont l'histoire est marquée par la violence politique, les coups d'Etat et tentatives de coups d'Etat militaires.

Après la dictature sanguinaire de Sékou Touré, "père de l'indépendance" guinéenne en 1958, qui s'est achevée à sa mort en 1984, le général Lansana Conté a pris le pouvoir.

Juste après sa disparition, c'est le capitaine Moussa Dadis Camara, qui prend le pouvoir avant d'être renversé un an plus tard.

C'est ensuite un régime de transition dirigé par un autre militaire, le général Sékouba Konaté, qui a dirigé le pays jusqu'à l'organisation de la présidentielle remportée par Alpha Condé.

Le 2 juillet, le colonel Moussa Keita, ancien responsable de l'aile politique de la junte militaire de Moussa Dadis Camara, a été arrêté en pleine rue à Conakry. Il est depuis détenu "dans un lieu tenu secret et inaccessible à sa famille", selon ses proches et des ONG.

Avant son arrestation, le colonel Keita avait fait des déclarations à la presse sur la gestion du régime de transition du général Konaté, affirmant en particulier que ce dernier avait détourné plus de 20 millions de dollars.


           

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