Hausse de la consommation en Afrique: Un défi et une aubaine pour l'économie


Lundi 9 Avril 2018 - 13:01
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L’Afrique sera le plus grand marché de consommation de biens et de services d'ici 2030, affirme la Société financière internationales IFC (filiale de la Banque mondiale).


Environ 100 millions de personnes devraient rejoindre les «classes moyennes» et celles à revenus élevés en Afrique subsaharienne, assure l'IFC dans une étude publiée fin mars 2018 et consultée par Anadolu.

Selon les prévisions de l'IFC, la consommation des ménages africains devrait atteindre 2,5 mille milliards de dollars en 2030, contre 1,1 mille milliards en 2015.

Les dépenses des ménages devraient augmenter à un rythme de 5% par an dans la région, contre une moyenne de 3,8 % dans les autres pays en développement.

Un défi de taille auquel doivent répondre les économies africaines en contournant les freins liés aussi bien à des facteurs internes qu'externes et qui peut se révéler sur le moyen et le long terme une vrai aubaine pour ces économies, dans la mesure où elles seront appelées à revoir leurs stratégies dans plusieurs secteurs clefs.

L’émergence des nouvelles classes à revenu intermédiaire explique la forte demande en matière de biens et de services sur les marchés du continent malgré le climat économique morose des dernières années, estiment des experts interrogés par Anadolu.

En effet, "la croissance économique va de pair avec la croissance démographique. La demande en biens et services, notamment, dans les secteurs du transport et des TIC a quasiment triplé, en moins d’une décennie, en Afrique", explique dans une déclaration à Anadolu, le ministre tchadien du Développement industriel et commercial, Youssouf Abassala.

Il note, en outre, que l’émergence en Afrique d'une classe à revenu moyen, estimée à environ 120 millions d’individus, est une bonne nouvelle pour le secteur privé du continent, car, assure-t-il, "plus le nombre de potentiels consommateurs augmente, plus la demande de consommation est grande, et plus les industries auront besoin de main d’œuvre pour satisfaire les marchés".

"La taille de l’économie africaine a plus que quintuplé durant les deux dernières décennies, passant de 300 milliards de dollars en 2000 à 1 600 milliards de dollars en 2017. Elle devrait dépasser le cap de 2 000 milliards de dollars, d’ici deux ans.", précise l'IFC.

Une hausse tirée par le secteur des services, qui a enregistré un taux de croissance annuel de 6,6% durant la dernière décennie, précise la même source, soulignant que le secteur de l’industrie a, quant à lui, connu une croissance modeste de 3,1% au cours de la même période.

Répondre au défi de la consommation exige un développement de l'industrie, notamment de la transformation, note pour sa part l’économiste nigérien Mamani Oumar Moctar.

"Le continent africain doit investir dans divers secteurs pour pouvoir espérer profiter du pouvoir d’achat croissant de sa population. Sinon, les 100 millions de personnes à revenus moyen et élevé, que va compter le continent d’ici 2030 (selon l'IFC-ndlr) profiteront aux sociétés multinationales étrangères, notamment chinoises, européennes ou américaines", a-t-il indiqué dans une déclaration à Anadolu.

Et Moctar de poursuivre: "La crise économique mondiale a permis de faire comprendre aux pays du continent que l’économie d’un pays ne peut être fondée exclusivement sur des ressources tarissables et temporaires comme celles de la manne pétrolière". 

"La crise économique a été une leçon pratique pour nos gouvernements africains. Ils ont compris la nécessité de diversifier les investissements pour répondre, d’abord, aux besoins de consommation interne, tout en prenant en compte les chocs économiques exogènes", ajoute-t-il.

Le ministre tchadien en charge du Développement industriel et commercial estime, de son côte, que pour répondre aux besoins des marchés il faudra concentrer les efforts sur l’appropriation des nouvelles technologies et l’indépendance énergétique.

"Nous devons créer des conditions nécessaires pour la promotion des TIC mais surtout investir dans le secteur des énergies renouvelables pour l'indépendance énergétique de l’Afrique", souligne encore Abassala.


           

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