Hillary Clinton part en tournée promotionnelle... électorale


Lundi 9 Juin 2014 - 18:03
AFP


Washington - Interviews, discours, dédicaces: ce n'est officiellement pas un départ en campagne présidentielle, mais la tournée qu'entame cette semaine Hillary Clinton ressemble à s'y méprendre au prélude d'une candidature à la Maison-Blanche, dont elle a méthodiquement posé les jalons.


L'ex-chef de la diplomatie américaine publie mardi aux Etats-Unis des mémoires très attendues, "Le temps des décisions", récit de ses quatre années au département d'Etat, et dont le lancement s'accompagne d'un rouleau-compresseur médiatique.

L'ouvrage est consacré exclusivement aux "Hard Choices" --"décisions difficiles"-- diplomatiques auxquelles Hillary Clinton fut associée de 2009 à 2013, que ce soit sur le Moyen-Orient, l'Iran, le printemps arabe ou la Russie. Sa vie passée et son avenir politique ne sont pas à l'ordre du jour.

Mais en filigrane, le livre sert d'argumentaire politique contre ses adversaires républicains, qui dénoncent le bilan lacunaire d'Hillary Clinton, malgré son activité frénétique (112 pays visités en quatre ans).

L'éditeur, Simon & Schuster, avait assuré qu'aucun extrait du livre ne serait publié avant la sortie officielle, mais des fuites copieuses ont déjà permis d'entrevoir la teneur du livre, entre auto-justification (Russie, Moyen-Orient..), mea culpa (sur son vote autorisant la guerre d'Irak) et prise de distance avec l'homme qui la nomma, Barack Obama, sur la Syrie.

Un thème récurrent concerne son supposé rôle-clé dans toutes les grandes décisions prises par Barack Obama: Hillary Clinton souligne qu'elle s'est rendue plus de 700 fois à la Maison-Blanche en quatre ans, selon des extraits obtenus par CNN vendredi.

"Après avoir perdu les élections, je n'aurais jamais imaginé passer autant de temps là-bas", écrit-elle.

Mais les amateurs de détails croustillants sur les luttes politiques avec la Maison-Blanche en seront pour leurs frais, si l'on en juge par les extraits publiés.

"Ceux qui espéraient que ce livre nous révèle des faits qu'on ignorait avaient probablement des espoirs irréalistes", dit à l'AFP Jennifer Lawless, politologue à l'American University.

Mais le livre est "le moyen pour elle de voyager à travers le pays, rencontrer des électeurs, et affiner les aptitudes qu'elle n'a plus utilisées depuis quelques années", le tout "sans dire qu'elle est candidate", ajoute Jennifer Lawless.

- Des réponses rodées -

"Hard Choices" sortira dans la foulée en France, mercredi, sous le titre "Le temps des décisions" aux éditions Fayard, qui dit avoir tiré 60.000 exemplaires. L'ouvrage sera aussi publié simultanément au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Les grandes chaînes américaines se sont fait la guerre pour avoir le privilège d'interviewer Hillary Clinton. Lundi soir, à une heure de grande écoute, une émission spéciale lui sera consacrée sur ABC, lors d'un entretien avec la célèbre journaliste Diane Sawyer.

Déjà, dans les kiosques, l'ex-Première dame occupe la Une du magazine People, que des millions d'Américains trouvent depuis vendredi aux caisses de leurs supermarchés.

Sa tournée de dédicaces et de discours l'emmènera ensuite aux quatre coins des Etats-Unis en juin (New York, Chicago, Philadelphie, Washington, Texas, Californie...) ainsi qu'au Canada.

L'inévitable question sur ses intentions présidentielles lui sera posée, et Hillary Clinton a rodé sa réponse. Oui, elle y pense, répète-t-elle depuis des semaines, consciente de sa responsabilité. Mais elle explique mettre dans la balance l'impact d'une telle décision sur sa vie personnelle.

"Je veux vivre dans l'instant", a-t-elle dit à People Magazine, en soulignant qu'elle deviendrait grand-mère cet automne. "En même temps, je m'inquiète de ce qui se passe dans le pays et dans le monde", ajoute-t-elle, en soulignant au passage qu'il faudra bien qu'une femme brise un jour "ce plafond de verre le plus haut et le plus dur".

Le monde politique s'amuse de cette campagne qui ne dit pas son nom, tant il fait peu de doute pour les observateurs qu'elle se présentera, sauf coup de théâtre politique ou personnel.

Hillary Clinton elle-même a indiqué dans un extrait de l'entretien sur ABC News diffusé dimanche, qu'il était "probable" qu'elle ne dévoilerait pas ses intentions avant l'année prochaine.

"Je vais y penser jusqu'à la fin de l'année", a indiqué l'ex-secrétaire d'Etat, soit quasi deux ans avant la présidentielle du 8 novembre 2016.

Une candidature à la Maison-Blanche "coûte cher, personnellement, professionnellement, financièrement", dit à l'AFP Michael Heaney, professeur à l'Université du Michigan, "si Hillary Clinton ne voulait pas être présidente, elle le dirait".


           

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