Hollande justifie le passage en force de la loi Macron par l'urgence des réformes


Mercredi 18 Février 2015 - 15:42
AFP


François Hollande est monté en première ligne mercredi pour justifier le passage en force sur le projet de loi Macron, soulignant, avec les mêmes mots que Manuel Valls, la nécessité d'"aller vite" et de ne "pas prendre de risques".


Hollande justifie le passage en force de la loi Macron par l'urgence des réformes
Ouvrant le conseil des ministres, le chef de l'Etat a "rappelé que la décision prise l'a été pour aller vite, qu'on n'avait pas de temps à perdre ni de risques à prendre", a rapporté Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.

Pour François Hollande, le rejet de la motion de censure déposée dans la foulée du recours au 49-3 par l'opposition ne fait aucun doute. Il n'y a "pas de majorité alternative" et le vote de jeudi sur cette motion "le montrera", a-t-il assuré devant son gouvernement. A l'inverse des communistes, les écologistes et les "frondeurs" du PS ont, il est vrai, exclu de joindre leurs voix à celles de l'UMP et de l'UDI à cette occasion.

Le rejet de la motion de censure entraînera ipso facto l'adoption sans vote en première lecture du projet de loi Macron qui sera ensuit examinée au Sénat, majoritairement à droite, avant de revenir à l'Assemblée nationale, où le gouvernement pourra à nouveau faire jouer le 49-3.

Mais l'incident fera date. Le chef de l'Etat misait gros sur une adoption sans heurts du texte "pour la croissance et l'activité" d'Emmanuel Macron, son ancien conseiller économique, étoile montante du gouvernement. Même s'il ne s'agissait pas de la "loi du siècle", selon sa propre expression, elle devait donner selon lui un "coup de jeune" à la société française et annoncer une seconde partie de mandat plus offensive avec d'autres textes en perspective, comme la réforme du dialogue social.

Or le 49-3 est une arme à un coup. Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le Premier ministre ne peut y recourir que sur un seul projet de loi par session parlementaire, en dehors des textes budgétaires.

Mardi soir, Manuel Valls a protesté de sa "très grande détermination" à "poursuivre les réformes, parce qu'il en va de l'intérêt du pays".

"Le gouvernement va continuer à travailler, à réformer plus vite et plus fort", a renchéri le ministre de l'Economie Emmanuel Macron.

Quant au recours au 49-3, il n'a "rien à voir" avec la situation de 2006 quand le même François Hollande dénonçait un "déni de démocratie", selon Stéphane Le Foll: à l'époque, "le débat n'avait pas encore commencé à l'Assemblée nationale" tandis que des manifestations "extrêmement importantes" avaient jeté 400.000 jeunes dans les rues pour protester contre le contrat première embauche (CPE).

- 'Le mur de la vieille politique' -

L'affaire est cependant pain béni pour l'opposition, à droite comme à la gauche de la gauche, réunies dans une improbable coalition. Secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen s'est d'ailleurs dit "choqué" que le Front de gauche vote la motion de censure de l'UMP.

Un avis partagé par Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle de 2012, qui "n'aurai(t) pas procédé comme ça".

"J'aurais proposé aux frondeurs et aux écologistes une motion de censure pour montrer que si le gouvernement est désapprouvé, il l'est par la gauche", a-t-il développé.

"La vérité éclate au grand jour: il n'y a plus ni majorité, ni gouvernement", a affirmé le président de l'UMP Nicolas Sarkozy, qui n'a jamais recouru au 49-3 pendant son quinquennat.

Quant à Marine Le Pen (FN), elle aurait voté la censure si elle avait été députée, considérant que la politique du gouvernement était "exclusivement la mise en ordre des instructions provenant de l'Union européenne".

A l'inverse, François Bayrou (MoDem) ne l'aurait pas votée. "Le gouvernement a essayé d'aller dans le sens" de la "nécessité", a-t-il avancé.

Jetant tous les opposants à la loi Macron dans le même sac, Thierry Mandon, secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat, a fustigé le "mur de la vieille politique", droite et gauche confondues, évoquant sans les nommer une "ancienne ministre" (Cécile Duflot, NDLR) et un autre ex-ministre, Benoît Hamon, mais "pas que lui, les leaders de la droite aussi".

Colère aussi du patron des députés PS Bruno Le Roux à l'égard des frondeurs: "Rien ne les arrête quand ils veulent essayer d'imposer contre la majorité une idée. C'est là que leur fonctionnement est anti-démocratique, c'est là qu'il faut y mettre un terme. Il faut qu'ils se ressaisissent".

Pour l'un d'eux, Laurent Baumel, il s'agit "d'infléchir la politique" du gouvernement, trop "social-libérale". Quant à un changement de Premier ministre, "ça ne me dérange pas", a-t-il ajouté, tout comme Christian Paul, autre député "frondeur", pour qui "c'est une des options" même si "ce n'est pas la seule".


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement