Hollande veut combattre le "pessimisme" malgré de probables hausses d'impôt


Lundi 15 Juillet 2013 - 13:57
AFP - Mathieu FOULKES


Paris - François Hollande s'est attaché à combattre le "pessimisme" de ses concitoyens, dimanche sur TF1 et France 2, promettant une reprise économique dans les prochains mois, mais a laissé la porte ouverte à de nouvelles hausses d'impôts.


Hollande veut combattre le "pessimisme" malgré de probables hausses d'impôt
Dans les jardins de l'Élysée, le chef de l'État a rompu une promesse de campagne en renouant avec la traditionnelle interview télévisée. "Je me suis ravisé (...) Le 14 juillet, le 31 décembre sont des moments importants", a dit Hollande au terme d'un entretien d'une quarantaine de minutes.

C'est évidemment sur les fronts économique et social que François Hollande était attendu. Si des doutes subsistent jusque dans la majorité sur la ligne politique suivie, le chef de l'État a voulu battre en brèche "le pessimisme" qui caractérise la France par rapport à ses voisins et même à des "pays en guerre".

Hollande, qui ne cherche pas, de son propre aveu, à être "populaire", n'a pas présenté de nouvelles mesures. Au plus bas dans les sondages, il continue de compter sur la montée en puissance des outils mis en place depuis 2012, comme les emplois d'avenir ou les contrats de génération, pour atteindre l'objectif d'inversion de la courbe du chômage, un "engagement" qu'il a réaffirmé.

"La politique, ce n'est pas de la magie, c'est une volonté, une stratégie, une cohérence", a expliqué Hollande, qui a redit sa volonté de voir réglé le problème des emplois qui ne trouvent pas preneurs.

Selon lui, la France pourra compter sur une économie qui repart à la hausse, en dépit d'une baisse du taux de croissance mondial. "La reprise, elle est là!" a assuré le président de la République, citant notamment "une production industrielle qui repart".

Ce timide regain de croissance bénéficiera à la France pour relever les défis qui l'attendent "dans les dix ans" avec, en premier lieu, gage aux partenaires écologistes, la "transition énergétique", ainsi que l'économie numérique.

Hollande s'est montré plus ambigu concernant d'éventuelles hausses des prélèvements l'année prochaine. "Vous croyez que c'est agréable, quand on arrive au pouvoir" d'augmenter les impôts? a-t-il dit. "Je ne ferai d'augmentation d'impôts que si elles sont indispensables", a-t-il lâché, ajoutant: "Dans l'idéal, le moins possible."

"Méthode Coué"

Hollande s'est attaché à clore définitivement la polémique sur l'exploitation du gaz de schiste, rouverte ces derniers jours par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

"Tant que je suis président, il n'y aura pas d'exploration de gaz de schiste", a promis le chef de l'État. Mais, selon lui, les déclarations de Montebourg ne valaient pas limogeage de l'équipe gouvernementale, contrairement au sort réservé la semaine précédente à l'ex-ministre de l'Écologie, Delphine Batho.

Le président a rendu hommage à son ex-ministre, une "femme de qualité qui a des convictions" mais qui s'est mise hors-jeu en contestant le budget. "Cela ne m'a pas fait plaisir mais c'est la règle", a commenté Hollande, car "la seule ligne" à ne pas franchir, c'est "le budget".

"Il n'y a pas de statut particulier" parmi les ministres, a-t-il toutefois assuré, visant le bouillant troisième homme de la primaire socialiste.

Interrogé sur un éventuel match retour en 2017 face à Nicolas Sarkozy, qui a remis cette semaine un pied dans l'arène politique, le chef de l'État s'est refusé à tout commentaire "sur la situation à droite".

Craint-il le retour de son ancien rival? "Non." Sarkozy "peut parfaitement être de nouveau candidat", a commenté Hollande, pour qui, ce n'est pas la "préoccupation" du moment.

La montée du Front national, d'une "extrême gravité", suscite en revanche chez lui une forte inquiétude.

L'intervention présidentielle n'a pas convaincu le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, qui a mis en garde contre toute hausse des prélèvements qui menacerait d'"étouffer une éventuelle reprise si fragile".

L'ex-président UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a dénoncé un "discours incantatoire, une véritable méthode Coué appliquée au problème du chômage". Même constat du côté du numéro un du PCF, Pierre Laurent, pour qui Hollande "ne convainc personne (...) quand il affirme contre toute évidence que +la reprise est là+".

La présidente du FN, Marine Le Pen, l'a accusé de "déni de réalité", et dénoncé sa "politique suicidaire".

A gauche, le chef de file des sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé (EELV) a jugé que les propos optimistes du chef de l'Etat relevaient "au mieux du volontarisme", alors que la France est "en récession" et que "les signaux au niveau européen ne sont pas très positifs".

Le Premier secrétaire du PS, Harlem Desir, a salué "un message contre la résignation, contre le pessimisme, pour une France qui préserve son modèle républicain et social".

Dans la matinée, le chef de l'État avait présidé le défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées, sous un soleil radieux.

Soldats maliens et drapeaux des 12 pays africains engagés au côté de la France au Mali en tête, un détachement de soldats croates pour l'entrée de leur pays dans l'UE, immense pièce d'étoffe bleu symbolisant l'Ordre national du mérite, panache tricolore de la patrouille de France dans le ciel: le défilé 2013 a été dense et bariolé pour célébrer le succès de l'opération française au Sahel.

Seule ombre au tableau pour le chef de l'État, des sifflets et des huées sur son passage, venant notamment d'opposants au mariage homosexuel, qui ont lâché une grappe de ballons à laquelle était accrochée une banderole au nom du "printemps français", nébuleuse d'opposants particulièrement résolus.


           

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