Il y a 50 ans, l'entrée de Fidel Castro dans La Havane


Samedi 10 Janvier 2009 - 12:52
Le Dauphiné.com/Sylvaine Romanaz


Cela aurait dû être une renaissance. Ce 8 janvier 1959, La Havane en fête aurait dû saluer le retour de la démocratie. Enfin Cuba était débarrassé du dictateur Fulgencio Batista.


Il y a 50 ans, l'entrée de Fidel Castro dans La Havane
La capitale était encore une des plus belles villes d'Amérique latine, la croissance offrait aux Cubains un revenu équivalent à celui des Italiens, la population était (déjà) alphabétisée à 80 % et l'île produisait 80 % de son alimentation. Des éléments relatifs sous une dictature, mais qui font croire en des lendemains qui chantent quand un révolutionnaire fait fuir le dictateur en question.

Ce 8 janvier 1959, La Havane accueillit donc triomphalement son héros, Fidel Castro. Lui pouvait savourer Son moment. Il y avait eu l'échec de l'assaut contre la caserne de La Moncada et ses dizaines de morts en juillet 1953. Puis deux ans de prison, l'exil au Mexique, le débarquement raté en décembre 1956 à bord du "Granma" avec Che Guevara, le maquis de la Sierra Maestra (à l'est de l'île)... Autant d'épreuves avant la gloire. Au nom du communisme ? Pas encore. Un seul leitmotiv motivait alors ses troupes : chasser Batista. Mais après ?

De l'espoir au désenchantement
Après, ce ne fut que désenchantement. Il y a bien le système de santé et l'éducation pour tous. Mais il y a aussi cette agriculture si moribonde que l'île doit désormais importer 80 % de ses besoins alimentaires. Avec le paradoxe d'un État qui vend plus cher les denrées dans ses magasins nationalisés que dans les anciens supermarchés capitalistes. Et que dire de cette liberté fantôme ? Des mascarades électorales, du risque de périr en mer pour ceux qui sont tentés par l'exil, et de cette réponse aux esprits critiques : plus de 5 700 exécutions et disparitions en 50 ans ? Car le lider Maximo, qui ne voulait pas le pouvoir et devait organiser des élections dans les 18 mois après son entrée dans La Havane, est resté à la tête de l'île jusqu'à ce que ses forces le lui permettent et n'a cédé la place qu'à son frère Raul, bien timide dans ses réformes.
De quoi faire perdre sa beauté à La Havane, désormais en ruines. 50 ans après, la ville, loin d'être en liesse, n'attend qu'une chose : qu'un autre homme vienne un jour lui faire oublier les frères Castro.


           

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