Irak: des milices chiites se rassemblent autour de Ramadi aux mains de l'EI


Mardi 19 Mai 2015 - 17:03
AFP


Des milices chiites ont commencé mardi à se rassembler aux portes de Ramadi pour tenter de reprendre cette ville avec les troupes irakiennes avant que les jihadistes du groupe Etat islamique n'en fassent une place forte.


Irak: des milices chiites se rassemblent autour de Ramadi aux mains de l'EI
Dans la Syrie voisine, le régime de Bachar al-Assad a subi un nouveau revers d'envergure en perdant son principal camp militaire dans la province d'Idleb (nord-ouest), conquis par une coalition de rebelles et de membres d'Al-Qaïda.

Critiqué après la chute de Ramadi dimanche, le Premier ministre irakien Haider Al-Abadi s'est résolu à faire appel aux Unités de mobilisation populaire, une coalition de milices et de volontaires majoritairement chiites qu'il avait jusque là tenue à l'écart d'Al-Anbar pour éviter de s'aliéner la population majoritairement sunnite de cette province.

Ces combattants "ont commencé à arriver dans les zones à l'est de Ramadi", a annoncé à l'AFP le général Ali al-Majidi, s'exprimant sur une base à l'ouest de Bagdad.

Il a précisé que la priorité allait être donnée à faire échec aux attaques que mène l'EI à l'est de la ville avant qu'une contre-offensive globale ne soit lancée.

En agissant rapidement, les forces gouvernementales veulent éviter que les jihadistes ne disposent des engins explosifs et des mines sur les axes et dans les bâtiments de Ramadi, comme ils l'avaient fait à Tikrit, ralentissant ainsi la reconquête de cette ville au nord de Bagdad par le pouvoir en mars.

La perte de Ramadi, située à une centaine de kilomètres seulement de Bagdad, représente le plus sérieux revers pour le régime depuis l'offensive ayant permis à l'EI de contrôler de vastes territoires en juin 2014.

Sa conquête permet a contrario à l'EI, fort de dizaines de milliers d'hommes en Irak et en Syrie, de renforcer son emprise sur l'immense province d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie et de l'Arabie saoudite, dont Ramadi est le chef-lieu.

- Kerry "confiant" -

Les Etats-Unis, alliés de poids de Bagdad, ont reconnu que la chute de Ramadi représentait un "revers" et que les milices chiites, dont certaines sont soutenues par l'Iran, avaient désormais "un rôle à jouer tant qu'elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien".

Sur bien des fronts, ces milices bénéficiant du soutien de conseillers iraniens ont prouvé qu'elles étaient les mieux à même de lutter contre les jihadistes sunnites, comme l'a prouvé la reprise de Tikrit.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est déclaré "absolument confiant" dans le fait que la situation pouvait être renversée en peu de jours.

Mais la chute de Ramadi a illustré la grande fragilité de l'armée, qui s'est retirée dans le désordre de ses dernières positions dimanche.

Des images diffusées par l'EI montrent des chars, transports de troupes et autres véhicules militaires ainsi que des armes et munitions abandonnées dans les bases de l'armée. D'autres montrent des jihadistes libérant des prisonniers.

Selon l'ONU, au moins 25.000 personnes ont été déplacées par les combats à Ramadi, où c'est la deuxième fois en un mois qu'un grand nombre d'habitants se voit obligé de fuir.

"Des milliers de personnes ont dû dormir à la belle étoile car elles n'avaient pas où aller", a déclaré Lise Grande, coordinatrice humanitaire pour l'ONU en Irak.

- Un camp militaire tombe en Syrie -

En Syrie, les forces du régime sont mises en difficulté sur plusieurs fronts, en particulier dans la province d'Idleb (nord-ouest), où l'armée a perdu son dernier grand camp face à une coalition de rebelles et de membres d'Al-Qaïda.

"Toutes les troupes du régime se sont retirées de la base militaire d'al-Mastouma, la plus grande d'Idleb. Elle est totalement aux mains des rebelles", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le camp, qui regroupait plusieurs milliers de soldats et d'importants armements, est tombé en moins de 48 heures.

Le régime a perdu ces derniers mois le contrôle de l'essentiel de cette province située à la frontière avec la Turquie.

L'armée gouvernementale fait en outre face à une offensive de l'EI à Palmyre, une ville du centre du pays qui abrite un célèbre site antique et une grande prison. Elle a jusqu'à présent réussi à repousser l'entrée des jihadistes dans la ville.

Dans ce contexte difficile, le président Assad a salué le soutien de son allié iranien, le qualifiant de "pilier important" dans la guerre contre les rebelles, en recevant un haut responsable iranien, le troisième à se rendre à Damas en moins d'une semaine.


           

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