Iran: un gouvernement de technocrates pour relancer l'économie


Lundi 5 Août 2013 - 11:03
AFP


Téhéran - Le président iranien Hassan Rohani a présenté dimanche, aussitôt après sa prestation de serment, un gouvernement de technocrates qui aura la lourde tâche de relancer une économie fragilisée par les sanctions occidentales et de rétablir le dialogue avec l'Occident sur le dossier nucléaire.


Iran: un gouvernement de technocrates pour relancer l'économie
Ce gouvernement de 18 membres est composé de technocrates expérimentés ayant déjà servi dans les gouvernements de l'ex-président modéré Akbar Hachemi Rafsandjani (1989-1997) et de l'ex-président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005).

L'Iran, dont l'économie est étranglée par les sanctions économiques occidentales qui ont fait chuter ses exportations et devises pétrolières de 50%, a besoin de reprendre les négociations nucléaires avec les grandes puissances afin d'arriver à un accord permettant la levée progressive de ces sanctions.

Mais d'ores et déjà, les conservateurs ont critiqué le choix de plusieurs ministres, en particulier celui du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, qui a déjà occupé le même poste entre 1997 et 2005.

Ainsi, sous la plume de son directeur Hossein Shariatmadari, le quotidien ultraconservateur Kayhan s'en prend directement à M. Zanganeh. "Quelqu'un qui a de nombreux dossiers ouverts concernant des contrats qui ont porté atteinte (aux intérêts du pays, ndlr) peut-il prendre la direction du ministère sensible et déterminant du Pétrole?", s'interroge-t-il.

M. Zanganeh était ministre du Pétrole sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami entre 1997 et 2005. Il était aussi dans l'état-major de campagne de Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à la présidentielle de 2009 qui a vu la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad.

Le député conservateur Ramezan Shojaie a pour sa part critiqué "l'absence de femmes et de jeunes dans le cabinet". En effet, l'âge moyen des ministres est de 58 ans, selon le quotidien Jomhouri Eslami.

Selon l'agence Mehr, le gouvernement comprend trois conservateurs, sept réformateurs, quatre modérés et quatre indépendants.

Mais leur point commun est d'être tous proches de la position modérée du président Rohani. Ce dernier avait dès son élection annoncé qu'il ferait son choix en fonction de la compétence et de la position modérée des candidats et non en fonction de leur appartenance politique.

Ainsi c'est le conservateur Abdolreza Rahmani Fazli qui prend le ministère de l'Intérieur. De même, le ministère des Renseignements a été attribué à un autre conservateur, l'hodjatoleslam Mahmoud Alavi.

"C'est un gouvernement médian, qui aura un soutien à la fois des réformateurs et des conservateurs", a déclaré Sadegh Zibakalam, un analyste politique proches des modérés.

"L'équipe économique de M. Rohani est forte, compétente et saura travailler ensemble. Le Parlement doit savoir qu'une équipe unie et forte sera capable de régler les problèmes économiques et quotidiens des gens", a écrit Ahmad Khoram, ancien ministre réformateur, dans un éditorial publié dans le quotidien Arman.

Mais, selon le quotidien conservateur modéré Hafte-Sobh, certains des ministres choisis n'obtiendront pas la confiance du Parlement majoritairement conservateur citant "un ou deux membres" réformateurs.

Le Parlement doit procéder la semaine prochaine à un vote de confiance à une date qui n'a pas été officiellement arrêtée.

En revanche, le choix Mohammad Javad Zarif, ex-ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU (2002-2007), pour le ministère des Affaires étrangères, a été salué par la presse.

Personnalité modérée, M. Zarif, proche de M. Rohani avait joué un rôle actif dans les négociations nucléaires entre 2003 et 2005 lorsque Hassan Rohani était chef des négociateurs nucléaires. L'Iran avait accepté à l'époque la suspension de l'enrichissement d'uranium à la suite d'une série de négociations avec la troïka européenne (France, Grande-Bretagne et Allemagne).

"Avec la nécessité de détente et le changement de ton de l'Iran vis-à-vis de l'Occident, le choix de M. Zarif, qui connaît les structures du pouvoir des pays occidentaux et a eu une longue expérience internationale est l'un des meilleurs choix de M. Rohani", a déclaré M. Zibakalam.


           

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