Irlande du Nord : un policier abattu, le spectre des heures noires ressurgit


Mardi 10 Mars 2009 - 11:10
Le Point.fr/AFP


Deux jours après le meurtre de deux soldats britanniques, un policier a été tué par balle lundi soir, alors qu'il était en patrouille au nord-ouest de Belfast, en Ulster. Il a été atteint d'au moins une balle en pleine tête, alors qu'il avait été appelé dans une zone républicaine à Craigavon, dans le comté d'Armagh, vers 22 heures, heure de Paris, a indiqué la police.


Irlande du Nord : un policier abattu, le spectre des heures noires ressurgit
Sans préciser si d'autres membres des forces de l'ordre avaient été blessés. Aucune revendication n'a pour l'heure été enregistrée.
Gordon Brown a assuré mardi que l'Irlande du Nord "ne retombera pas" dans les erreurs du passé, condamnant les "meurtriers" qui ont fait feu sur des policiers lundi soir. "Ils tentent de dénaturer, de faire dérailler et de détruire le processus politique qui fonctionne pour la population. Nous ne permettrons jamais (aux auteurs de l'assassinat de lundi soir) de détruire ou de saper le processus politique", a-t-il martelé. Les habitants de la province britannique "ne veulent pas revenir au temps où les armes à feu régnaient dans la rue".
Lundi, déjà, le Premier ministre britannique avait affirmé que le meurtre des deux soldats - samedi - ne compromettrait pas un processus de paix désormais "inébranlable" en Irlande du Nord, où il s'est rendu pour évaluer la situation. Un groupuscule républicain opposé au processus de paix, l'IRA-véritable, a revendiqué l'attaque contre une caserne de l'armée britannique à Massereene, dans le comté d'Antrim au nord-ouest de Belfast, provoquant la mort des deux militaires, âgés de 21 et 23 ans, qui devaient être envoyés le lendemain en Afghanistan.
"Je ne crois pas qu'il s'agisse d'autre chose que de phénomènes sporadiques (...) qui n'ont rien à voir avec un phénomène que nous avons connu il y a des années", a pour sa part fait savoir mardi le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, en référence aux années les plus violentes du conflit nord-irlandais, qui s'est "bien réglé". "J'espère que ce ne sont que des groupes marginalisés, petits, qui essayent, en commettant des atrocités, en tuant des gens, de relever la tête", a-t-il souhaité.
Violences ravivées
À Londres, le ministre pour l'Irlande du Nord, Shaun Woodward, a déclaré lundi devant la chambre des Communes que les auteurs de l'attentat avaient tenté de commettre une "tuerie", soulignant que plus de 60 coups de feu avaient été tirés. Cet "acte d'une barbarie extrême" ne "réussira pas" à faire dérailler le processus de paix, a-t-il lui aussi martelé. Aucun soldat britannique n'avait été tué en Irlande du Nord depuis 1997. L'attentat, condamné par toute la classe politique nord-irlandaise, a ravivé la crainte d'un retour aux violences qui ont agité la province pendant les trente années de conflit qui ont précédé la signature des accords du Vendredi saint, le 10 avril 1998.
Gerry Adams, le leader du Sinn Fein, qui partage le pouvoir avec le DUP (Democratic Unionist Party, parti unioniste démocrate) au sein du gouvernement régional, a considéré lundi que les républicains dissidents ne disposaient d'aucun soutien au sein de la population. Mais il a aussi jugé que le chef de la police nord-irlandaise (PSNI) Hugh Orde avait commis une "énorme erreur" en demandant à une unité d'élite de l'armée britannique de surveiller une de ces factions.
L'IRA-véritable née en octobre 1997 d'une scission avec l'IRA est la principale milice catholique d'Irlande du Nord, qui a renoncé à la violence et démantelé son arsenal en 2005. Opposé aux accords du Vendredi saint, le groupuscule s'est fait connaître en commettant le 15 août 1998 l'attentat d'Omagh, le plus sanglant en trente ans de conflit avec 29 morts. Une recrudescence des violences imputées aux républicains dissidents a été observée ces derniers mois dans la province. La semaine dernière, Hugh Orde a averti que la menace d'attaques contre des policiers et des militaires n'avait jamais été aussi élevée depuis une décennie. Plus d'une dizaine de tentatives de meurtres contre les forces de l'ordre ont été enregistrés ces dix-huit derniers mois.


           

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