Italie: Matteo Renzi perd Rome et Turin avant un référendum décisif


Lundi 20 Juin 2016 - 16:23
AFP


La victoire à Rome et à Turin du Mouvement cinq étoiles (M5S), fruit du rejet de la classe politique traditionnelle, est un revers pour le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, arrivé au pouvoir sur cette même promesse de changement radical.


Matteo Renzi
Matteo Renzi
"C'est certainement une défaite pour nous. Avoir perdu Rome et Turin brûle, c'est douloureux", a déclaré Matteo Orfini, président du Parti démocrate (PD), la formation de centre gauche de M. Renzi, dans une interview à La Stampa.

Le chef du gouvernement a pour l'instant gardé le silence après la gifle reçue par le PD dans la capitale italienne, où son candidat, Roberto Giachetti, a été largement battu par Virginia Raggi, une avocate de 37 ans, candidate du M5S.

Cette victoire était attendue, mais l'écart de 35 points entre les deux candidats a surpris. Le M5S a également créé la surprise en détrônant le maire sortant de Turin (nord-ouest), Piero Fassino, 67 ans, vieux cacique du PD, balayé par une autre jeune femme, Chiara Appendino, 31 ans.

"Les contenus et les programmes ne comptent plus: gagne qui est nouveau, pour le simple fait de ne pas appartenir au vieil establishment politique", analyse le politologue Giovanni Orsina dans La Repubblica.

Dans une configuration droite-gauche plus classique, le PD loin de s'effondrer remporte même des succès, comme à Milan, capitale économique du pays, où son candidat Giuseppe Sala l'a emporté avec 51% des voix.

- Mauvais augure -

La déconfiture du PD à Rome et à Turin n'en reste pas moins de très mauvais augure à trois mois du référendum constitutionnel sur lequel M. Renzi a choisi de jouer son avenir en politique.

Il a promis de démissionner en cas d'échec début octobre, ralliant d'un coup tous ses ennemis dans un "Tous contre Renzi", efficace à Rome, où la classe politique a été discréditée par de nombreuses affaires, et à Turin, où le maire sortant n'avait pourtant pas démérité.

Pas de quoi pourtant ébranler l'intéressé, qui juge, selon plusieurs journaux italiens le citant, que "Renzi n'a pas fait assez de Renzi" et qu'il doit accélérer la "rottamazione" -- la mise à la casse de la vieille politique -- promise à son arrivée au pouvoir en février 2014.

Ce qui risque de faire grincer des dents au sein même du PD dont il reste le secrétaire général, où la minorité de gauche réclame davantage de démocratie.

"Ces élections démontrent que la narration renzienne consistant à dire +avec moi on gagne+ ne résiste pas à l'épreuve des faits", juge le sénateur PD Miguel Gotor, un des représentants des "frondeurs" italiens.

Mais pour le politologue Roberto D'Alimonte, "le M5S est le vrai parti de la nation, celui que voudrait construire Renzi. C'est le parti qui prend des consensus à droite, à gauche, au centre et aussi en-dehors, des gens indécis et furieux".

Le mouvement de Beppe Grillo "représente le second choix aussi bien des électeurs de droite que de gauche". A Rome et à Turin, il a su catalyser l'opposition de toutes les droites contre le parti au pouvoir pour l'emporter.

Des ténors de la droite et de l'extrême droite italienne avaient clairement appelé à voter M5S en cas de ballotage avec le PD au second tour, un appui que le mouvement n'a pas réclamé mais s'est bien gardé de refuser.

Cette somme des mécontentements pourrait pousser M. Renzi vers la sortie lors du référendum d'octobre. "Il faudra se battre, je n'ai jamais pensé qu'il en serait autrement", a reconnu M. Renzi, cité par la Repubblica.

Mouvement inclassable mais résolument antisystème, le M5S va de son côté affronter l'épreuve des faits dans deux villes importantes du pays. "A partir d'aujourd'hui, ce ne sera plus la faute des autres", relève La Repubblica.

A Rome, métropole complexe étouffée par une dette de plus de 12 milliards d'euros, "c'est un défi terrible, une +mission impossible+" pour Mme Raggi, prévient M. D'Alimonte.


           

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