Italie: vote de confiance dans la soirée au Sénat sur les unions homosexuelles


Jeudi 25 Février 2016 - 16:36
AFP


Le gouvernement italien doit engager jeudi soir sa responsabilité au Sénat sur une nouvelle formule de la loi sur les unions gays, qui exclut désormais les enfants et la fidélité, au grand dam des associations homosexuelles.


Après avoir échoué à faire passer le texte en l'état avec le soutien du Mouvement 5 Etoiles (M5S), qui s'est rétracté à la dernière minute la semaine dernière, le Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi a conclu mercredi soir un accord avec ses alliés du centre-droit.

Un "super-amendement", qui doit être soumis au vote vers 19H00 (18H00 GMT), retire du texte l'article qui permettait d'adopter les enfants naturels de son conjoint ainsi que l'obligation de fidélité au sein du couple.

Mais dans le dernier grand pays d'Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples de même sexe, le texte maintient l'obligation d'assistance morale et matérielle réciproque, la pension de réversion, le titre de séjour pour le conjoint étranger et la possibilité de prendre le nom de son conjoint...

Et il ne ferme pas la porte, comme le réclamaient fermement nombre de centristes, aux demandes d'adoption déposées au cas par cas et qui ont déjà été récemment validées par certains tribunaux au nom de l'intérêt supérieur de l'enfant à une "continuité affective".

Après le vote du "super-amendement", la loi pourrait être adoptée dès vendredi au Sénat, avant de gagner la chambre des députés, où le chef du gouvernement Matteo Renzi, qui y dispose d'une majorité plus solide, entend obtenir un feu vert définitif dès les prochaines semaines.

"L'accord sur les unions civiles est un fait historique pour l'Italie. Cette fois c'est vraiment la bonne", s'est félicité M. Renzi mercredi soir sur Twitter.

- "Une révolution contre nature" -

Pour Angelino Alfano, ministre de l'Intérieur et chef de file de ces petites formations centristes propulsées au rang d'arbitres, il s'agit d'"une victoire du bon sens".

"Nous avons fait un beau cadeau à l'Italie en empêchant que deux personnes du même sexe puissent avoir un enfant, comme la nature le leur interdit. Nous avons empêché une révolution contre nature", s'est-il réjoui devant la presse.

Militants et sympathisants homosexuels ont pour leur part exprimé leur amertume, dans la rue et sur les réseaux sociaux, devant un "premier pas" aussi timide.

"Nous n'avons pas attendu 30 ans pour ça", ont dénoncé dans un communiqué conjoint jeudi une trentaine d'associations de défense des homosexuels, en s'engageant à exprimer leur "indignation (...) dans les rues, devant les tribunaux et dans les urnes".

"Aujourd'hui, le Sénat s'apprête à écrire une page sombre de l'histoire des droits civils dans notre pays en approuvant une loi qui (...) ignore complètement l'existence et les exigences des enfants des couples homosexuels, en demandant à la magistrature de se débrouiller toute seule. Ponce Pilate n'aurait pas fait mieux", ont-elles raillé.

"C'est comme si nos enfants avaient disparu. Comme si, au moment de signer l'union civile devant le maire avec ma compagne, je me retourne pour faire la photo avec nos enfants et qu'ils sont devenus des fantômes", avait expliqué mercredi à l'AFP Marilena Grassadonia, présidente de l'association Famiglie Arcobaleno (familles arc-en-ciel).

Quant au retrait de l'obligation de fidélité, que les centristes jugeaient trop proche de la loi sur le mariage, le journaliste et militant Stefano Bucci a dénoncé "une bêtise souveraine, un énième stéréotype. Ou, pire encore, une offense que le monde gay ne mérite pas".

Dans leur communiqué conjoint, les associations ont répété leur appel à une grande manifestation le 5 mars à Rome, et renvoyé dos à dos le PD et le M5S, en promettant de "s'employer à faire payer cher aux partis responsables de cette incroyable débâcle des droits leur incapacité à donner à ce pays une loi à la hauteur de sa Constitution".


           

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