L'évènement a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes (les estimations officieuses vont de 300.000 à 500.000), une des plus grandes foules à ne s'être jamais réunie sur le Mall de Washington, mais qui n'était qu'un avant-goût de celle qui est attendue mardi pour assister à la prestation de serment du nouveau chef des États-Unis d'Amérique.
C'est sous un ciel gris, par une température voisine de 0° C, que tout un peuple très United Colors of Benetton, bon enfant, souriant, mais très calme, emmitouflé dans des manteaux, duvets, bonnets et écharpes constellés de badges et autocollants proclamant leur foi en Obama, s'est déversé sur l'immense esplanade qui marque le coeur de la capitale fédérale. La foule s'est agglutinée au pied du majestueux mausolée de Lincoln, et s'est étendue jusqu'au monument de Washington, sur plus d'un kilomètre, pour écouter une pléiade d'artistes, d'acteurs et de célébrités, tous venus apporter leur contribution au thème de la journée "Un seul peuple", uni pour "la renaissance de l'Amérique" sous la présidence de Barack Obama.
"Un moment historique"
Tous les présents, dont de très nombreux jeunes, étaient venus bien sûr écouter chanter Bruce Springsteen, Bono et U2, Stevie Wonder, Beyonce, Shakira, Mary J. Blige, Will.I.Am, Pete Seeger, Garth Brooks, Sheryl Crowe et bien d'autres artistes. Ou pour voir et entendre Tom Hanks, Tiger Woods, Denzel Washington, Forrest Whitaker, Samuel L. Jackson et autres stars d'Hollywood ou du sport. Mais ils étaient surtout là pour Barack Obama, dont chacune des apparitions avec son épouse Michelle et ses deux petites filles sur les écrans géants installés tout le long du Mall provoquait des hurlements de groupies, d'ordinaire réservés aux stars de la scène ou de l'écran. Il régnait en cet après-midi froid de janvier sur le Mall un impressionnant sentiment d'unité nationale, de "moment historique", mais aussi de joie et de soulagement d'être sur le point de sortir enfin de l'ère Bush, que tous les présents considéraient comme un long cauchemar.
Le site du Mall, parsemé et entouré de monuments et de mausolées, invitait naturellement à replacer l'entrée à la Maison-Blanche du "premier président noir" dans la saga de l'Amérique et de ses grands présidents. La musique a donc été entrecoupée de vidéos d'archives montrant ceux dont Obama se présente comme le successeur et l'héritier. Franklin D. Roosevelt ("La seule chose dont nous ayons à avoir peur, c'est la peur elle-même"), John F. Kennedy ("Ne demandez pas à votre patrie ce qu'elle peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour elle"), Theodore Roosevelt (père de la protection de l'environnement) et bien évidemment Abraham Lincoln, protecteur de l'Union et émancipateur des esclaves, dont la statue géante et pensive paraissait veiller sur la foule comme un génie tutélaire, tandis que Tom Hanks récitait dans un silence impressionnant le très beau poème du Portrait de Lincoln mis en musique par le compositeur classique Aaron Copeland.
Inévitablement, la longue marche des Noirs pour la conquête de leurs droits civiques apportait une émotion et une solennité particulières à ce grand rassemblement sur le lieu même où en 1963, le révérend Martin Luther King avait évoqué son "rêve" d'une Amérique guérie du racisme devant une foule presque aussi nombreuse. Les marches du mausolée de Lincoln avaient aussi été le lieu d'un autre concert historique, celui donné à Pâques 1939 (avec la protection de la première dame, Eleanore Roosevelt) devant une foule multiraciale par la contralto noire Marian Anderson, interdite de représentation dans les salles de la capitale en vertu de la ségrégation qui régnait encore à l'époque dans la capitale comme dans une grande partie du pays.
Un pas de géant vers une "union plus parfaite"
Un des épisodes les plus intenses du concert a été celui où Bono et U2 ont entonné In the name of love , hymne à Martin Luther King, en manière d'introduction à Barack Obama (qui en avait fait une des musiques de sa campagne présidentielle). Celui-ci a aussitôt évoqué "ce bassin directement sous nos yeux qui continue de refléter le rêve d'un King, et la gloire de ceux qui ont manifesté et versé leur sang pour que leurs descendants puissent un jour être jugés sur la force de leur caractère", plutôt que sur la couleur de leur peau. Le hasard veut que Barack Obama entre à la Maison-Blanche mardi, au lendemain du Jour de Martin Luther King, jour férié instauré en hommage à la mémoire du dirigeant du Mouvement pour les droits civiques assassiné en 1968.
L'investiture du "premier président noir" ne mettra évidemment pas fin aux tensions raciales aux États-Unis, ni aux inégalités qui les nourrissent, mais elle n'en constituera pas moins un pas de géant vers cette "union plus parfaite" pour laquelle Lincoln avait combattu, dont Barack Obama promet de poursuivre la construction et dont la foule rassemblée à Washington était un portrait vivant. Comme l'a rappelé le (bientôt) président aux centaines de milliers de personnes venues participer aux cérémonies de son investiture, "sur les monuments (de la capitale) sont gravées ces histoires incroyables qui fondent notre foi inébranlable dans la certitude qu'en Amérique, tout est possible". Dimanche, dans l'euphorie de l'"Obamastock", au milieu de la marée de ces Américains de toutes races, de toutes régions et de toutes origines sociales, on pouvait y croire, comme veulent y croire 80 % des Américains si on en croit les sondages publiés ce week-end.
C'est sous un ciel gris, par une température voisine de 0° C, que tout un peuple très United Colors of Benetton, bon enfant, souriant, mais très calme, emmitouflé dans des manteaux, duvets, bonnets et écharpes constellés de badges et autocollants proclamant leur foi en Obama, s'est déversé sur l'immense esplanade qui marque le coeur de la capitale fédérale. La foule s'est agglutinée au pied du majestueux mausolée de Lincoln, et s'est étendue jusqu'au monument de Washington, sur plus d'un kilomètre, pour écouter une pléiade d'artistes, d'acteurs et de célébrités, tous venus apporter leur contribution au thème de la journée "Un seul peuple", uni pour "la renaissance de l'Amérique" sous la présidence de Barack Obama.
"Un moment historique"
Tous les présents, dont de très nombreux jeunes, étaient venus bien sûr écouter chanter Bruce Springsteen, Bono et U2, Stevie Wonder, Beyonce, Shakira, Mary J. Blige, Will.I.Am, Pete Seeger, Garth Brooks, Sheryl Crowe et bien d'autres artistes. Ou pour voir et entendre Tom Hanks, Tiger Woods, Denzel Washington, Forrest Whitaker, Samuel L. Jackson et autres stars d'Hollywood ou du sport. Mais ils étaient surtout là pour Barack Obama, dont chacune des apparitions avec son épouse Michelle et ses deux petites filles sur les écrans géants installés tout le long du Mall provoquait des hurlements de groupies, d'ordinaire réservés aux stars de la scène ou de l'écran. Il régnait en cet après-midi froid de janvier sur le Mall un impressionnant sentiment d'unité nationale, de "moment historique", mais aussi de joie et de soulagement d'être sur le point de sortir enfin de l'ère Bush, que tous les présents considéraient comme un long cauchemar.
Le site du Mall, parsemé et entouré de monuments et de mausolées, invitait naturellement à replacer l'entrée à la Maison-Blanche du "premier président noir" dans la saga de l'Amérique et de ses grands présidents. La musique a donc été entrecoupée de vidéos d'archives montrant ceux dont Obama se présente comme le successeur et l'héritier. Franklin D. Roosevelt ("La seule chose dont nous ayons à avoir peur, c'est la peur elle-même"), John F. Kennedy ("Ne demandez pas à votre patrie ce qu'elle peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour elle"), Theodore Roosevelt (père de la protection de l'environnement) et bien évidemment Abraham Lincoln, protecteur de l'Union et émancipateur des esclaves, dont la statue géante et pensive paraissait veiller sur la foule comme un génie tutélaire, tandis que Tom Hanks récitait dans un silence impressionnant le très beau poème du Portrait de Lincoln mis en musique par le compositeur classique Aaron Copeland.
Inévitablement, la longue marche des Noirs pour la conquête de leurs droits civiques apportait une émotion et une solennité particulières à ce grand rassemblement sur le lieu même où en 1963, le révérend Martin Luther King avait évoqué son "rêve" d'une Amérique guérie du racisme devant une foule presque aussi nombreuse. Les marches du mausolée de Lincoln avaient aussi été le lieu d'un autre concert historique, celui donné à Pâques 1939 (avec la protection de la première dame, Eleanore Roosevelt) devant une foule multiraciale par la contralto noire Marian Anderson, interdite de représentation dans les salles de la capitale en vertu de la ségrégation qui régnait encore à l'époque dans la capitale comme dans une grande partie du pays.
Un pas de géant vers une "union plus parfaite"
Un des épisodes les plus intenses du concert a été celui où Bono et U2 ont entonné In the name of love , hymne à Martin Luther King, en manière d'introduction à Barack Obama (qui en avait fait une des musiques de sa campagne présidentielle). Celui-ci a aussitôt évoqué "ce bassin directement sous nos yeux qui continue de refléter le rêve d'un King, et la gloire de ceux qui ont manifesté et versé leur sang pour que leurs descendants puissent un jour être jugés sur la force de leur caractère", plutôt que sur la couleur de leur peau. Le hasard veut que Barack Obama entre à la Maison-Blanche mardi, au lendemain du Jour de Martin Luther King, jour férié instauré en hommage à la mémoire du dirigeant du Mouvement pour les droits civiques assassiné en 1968.
L'investiture du "premier président noir" ne mettra évidemment pas fin aux tensions raciales aux États-Unis, ni aux inégalités qui les nourrissent, mais elle n'en constituera pas moins un pas de géant vers cette "union plus parfaite" pour laquelle Lincoln avait combattu, dont Barack Obama promet de poursuivre la construction et dont la foule rassemblée à Washington était un portrait vivant. Comme l'a rappelé le (bientôt) président aux centaines de milliers de personnes venues participer aux cérémonies de son investiture, "sur les monuments (de la capitale) sont gravées ces histoires incroyables qui fondent notre foi inébranlable dans la certitude qu'en Amérique, tout est possible". Dimanche, dans l'euphorie de l'"Obamastock", au milieu de la marée de ces Américains de toutes races, de toutes régions et de toutes origines sociales, on pouvait y croire, comme veulent y croire 80 % des Américains si on en croit les sondages publiés ce week-end.