L'écoute du 3e album de ce Tunisien - études à Lille (nord), vie entre Belgique et son pays natal - ravive des motifs à la Nick Drake, quintessence folk du début des années 1970. "Nick Drake? C'est une référence lourde à porter, peut-être, car c'est un génie (sourires), mais c'est assumé, clairement, c'est une influence pour moi, acquiesce le compositeur rencontré par l'AFP. J'ai eu l'impression d'écouter une âme soeur, quelqu'un de très proche".
Le disque, né de l'envie "d'explorer plus loin l'écriture en arabe, d'avoir un fil conducteur du début à la fin", est servi par de sublimes vidéos. Ce barbu - également comédien et dramaturge - y figure souvent comme personnage principal ou secondaire.
Comme dans "Winrah Marah" ("Où est Marah?"), chanson-titre de l'album, où il apparaît furtivement. "Dans la chanson, une dame cherche un fils qui n'a jamais existé, qui est dans sa tête, expose-t-il. L'histoire est venue à moi: le poids de la société quand on n'a pas d'enfant fait que cette femme s'est mise à rêver qu'elle en a eu un".
Dans "Soutbouk", c'est lui le quadragénaire qu'on voit, en débardeur et pantalon déchiré, tirer à mains nues un chariot de lourdes pierres. Comme une relecture du mythe de Sisyphe. Mais pas seulement.
"C'est un gars qui est visité par une voix la nuit, qui lui dit d'aller vendre son âne sinon les Djinns (esprits maléfiques, ndlr) vont le posséder: il s'exécute, pense être débarrassé de la voix, mais elle lui dit de vendre sa maison, d'aller vivre dans la montagne. Il devient fou. Ca parle du poids ancestral des croyances, des religions, des illuminations", conte-t-il de sa voix posée.
Dans "Khousouf" ("L'Eclipse"), Jawhar surgit comme une présence "fantomatique", "un peu témoin, mais passif, limite on se demande si je ne suis pas incrusté dans l'image". Il est ici question de "l'éclipse de la vie terrestre par la vie de l'au-delà supposée, sur laquelle on n'a aucune prise".
Il y a de très belles images en noir et blanc dans un stade de foot, en plein match, notamment le dos en sueur d'un supporter. "Je trouve ça super beau, cette énergie, cette transe d'être ensemble, qui, malheureusement n'arrive pas ailleurs", poursuit ce fils d'une professeure de littérature arabe et d'un acteur de la politique culturelle.
A propos de portée collective, on en profite pour l'interroger sur le printemps arabe. Il se félicite dans un premier temps de ce "mouvement social, parti d'un ras le bol, avec des jeunes qui se sont mobilisés, qui se sont passés le mot, pour se bouger".
"Je ne suis pas spécialement engagé, seul le morceau Menich Hzin évoque le sujet", ajoute-t-il. Mais il embraye vite sur la "désillusion de l'après révolution" en Tunisie avec un "mouvement social confisqué".
Il regrette que les gens au pouvoir soient "revenus à la langue de bois, à des discours prémâchés". "Malheureusement, le paysage politique est très pauvre en Tunisie", déplore-t-il.
Et puis, il y a un morceau féministe, avec là encore un superbe clip. "Il y a deux personnages, un essaye avoir le dessus, de par sa masculinité, son âge, il y a des allusions sexuelles, il essaye de +tisser sa toile+ (une des traductions du titre Bik Ndour) autour d'elle, elle ne se laisse pas faire", décrit-il. Et la jeune femme l'emporte, sans user de la force, juste "d'un souffle", comme une parole libérée.
Le disque, né de l'envie "d'explorer plus loin l'écriture en arabe, d'avoir un fil conducteur du début à la fin", est servi par de sublimes vidéos. Ce barbu - également comédien et dramaturge - y figure souvent comme personnage principal ou secondaire.
Comme dans "Winrah Marah" ("Où est Marah?"), chanson-titre de l'album, où il apparaît furtivement. "Dans la chanson, une dame cherche un fils qui n'a jamais existé, qui est dans sa tête, expose-t-il. L'histoire est venue à moi: le poids de la société quand on n'a pas d'enfant fait que cette femme s'est mise à rêver qu'elle en a eu un".
Dans "Soutbouk", c'est lui le quadragénaire qu'on voit, en débardeur et pantalon déchiré, tirer à mains nues un chariot de lourdes pierres. Comme une relecture du mythe de Sisyphe. Mais pas seulement.
"C'est un gars qui est visité par une voix la nuit, qui lui dit d'aller vendre son âne sinon les Djinns (esprits maléfiques, ndlr) vont le posséder: il s'exécute, pense être débarrassé de la voix, mais elle lui dit de vendre sa maison, d'aller vivre dans la montagne. Il devient fou. Ca parle du poids ancestral des croyances, des religions, des illuminations", conte-t-il de sa voix posée.
Dans "Khousouf" ("L'Eclipse"), Jawhar surgit comme une présence "fantomatique", "un peu témoin, mais passif, limite on se demande si je ne suis pas incrusté dans l'image". Il est ici question de "l'éclipse de la vie terrestre par la vie de l'au-delà supposée, sur laquelle on n'a aucune prise".
Il y a de très belles images en noir et blanc dans un stade de foot, en plein match, notamment le dos en sueur d'un supporter. "Je trouve ça super beau, cette énergie, cette transe d'être ensemble, qui, malheureusement n'arrive pas ailleurs", poursuit ce fils d'une professeure de littérature arabe et d'un acteur de la politique culturelle.
A propos de portée collective, on en profite pour l'interroger sur le printemps arabe. Il se félicite dans un premier temps de ce "mouvement social, parti d'un ras le bol, avec des jeunes qui se sont mobilisés, qui se sont passés le mot, pour se bouger".
"Je ne suis pas spécialement engagé, seul le morceau Menich Hzin évoque le sujet", ajoute-t-il. Mais il embraye vite sur la "désillusion de l'après révolution" en Tunisie avec un "mouvement social confisqué".
Il regrette que les gens au pouvoir soient "revenus à la langue de bois, à des discours prémâchés". "Malheureusement, le paysage politique est très pauvre en Tunisie", déplore-t-il.
Et puis, il y a un morceau féministe, avec là encore un superbe clip. "Il y a deux personnages, un essaye avoir le dessus, de par sa masculinité, son âge, il y a des allusions sexuelles, il essaye de +tisser sa toile+ (une des traductions du titre Bik Ndour) autour d'elle, elle ne se laisse pas faire", décrit-il. Et la jeune femme l'emporte, sans user de la force, juste "d'un souffle", comme une parole libérée.