Kadhafi veut rester au pouvoir, manifestations dans la péninsule arabique


Mercredi 23 Février 2011 - 11:16
AFP


Tripoli - Mouammar Kadhafi a affirmé mardi qu'il resterait au pouvoir en Libye, en proie à des troubles depuis une semaine, tandis que d'autres mouvements de protestation au Moyen-Orient, notamment dans la péninsule arabique, ne faiblissaient pas.


Mouammar Kadhafi
Mouammar Kadhafi
Les autorités libyennes ont fourni mardi soir pour la première fois un bilan officiel des victimes: 300 morts, dont 242 civils et 58 militaires. Benghazi (104 civils et 10 militaires tués), Al-Baïda (63 civils et 10 militaires) et Derna (29 civils et 36 militaires) sont les villes les plus touchées, toutes situées dans l'est de la Libye.

Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes, a déclaré qu'il se ralliait à la cause du peuple qui réclame le départ du colonel Kadhafi, selon des images diffusées par la chaîne qatarie Al-Jazira.

De hauts responsables libyens, ministres, diplomates ou militaires avaient déjà démissionné ou fait défection pour marquer leur opposition à la répression sanglante du mouvement de contestation entamé le 15 février.

Auparavant, Mouammar Kadhafi avait assuré dans une allocution télévisée d'une heure et demie qu'il resterait en Libye en tant que "chef de la révolution", promettant qu'il se "battrait jusqu'à la dernière goutte de (son) sang" et menaçant les manifestants armés de se voir infliger "la peine de mort". Drapé dans une tunique marron, il a appelé l'armée et la police à reprendre la situation en mains.

C'est dans ce contexte que le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé "la fin immédiate" des violences et condamné la répression des manifestants en Libye, pays par ailleurs suspendu des réunions de la Ligue arabe.

Le Pérou a lui annoncé la suspension de "toute relation diplomatique avec la Libye tant que ne cessera pas la violence contre le peuple" libyen, devenant le premier Etat à rompre ses relations avec Tripoli.

Les pilotes de chasse libyens, qui ont fait défection à bord de leurs Mirage F1, ont déclaré à Malte avoir refusé de tirer sur les manifestants à Benghazi, deuxième ville du pays et centre de la révolte depuis le 15 février.

Des habitants de Fachloum et de Tajoura, quartiers de la banlieue de Tripoli, avaient fait état lundi soir de véritables "massacres".

Selon des témoignages recueillis au téléphone par l'AFP, les combats ont cessé mardi à Benghazi.

La haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a averti les autorités libyennes que "les attaques systématiques contre la population civile pourraient être assimilées à des crimes contre l'humanité".

Le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe (CCG : Bahreïn, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït) Abdel Rahman Attiya, a même appelé à "une action arabe, islamique et internationale pour soutenir le peuple libyen qui fait face à un véritable génocide".

Dans le Golfe, la contestation prenait de l'ampleur dans le petit royaume de Bahreïn, où la Ve Flotte américaine a son quartier général, avec une grande manifestation à Manama pour réclamer la chute du gouvernement, l'opposition exigeant une monarchie constitutionnelle.

Une large avenue conduisant à la place de la Perle, centre de la contestation entamée le 14 février, s'est emplie de protestataires sur trois kilomètres, à l'appel de l'opposition dominée par les chiites.

La foule, évaluée à plusieurs dizaines de milliers de personnes, a scandé des slogans en faveur de l'éviction des Al-Khalifa, dynastie sunnite au pouvoir depuis plus de 200 ans à Bahreïn, dont la population de plus d'un million d'habitants est majoritairement chiite.

Son roi, Hamad ben Issa Al-Khalifa, était attendu vendredi en Arabie saoudite, le jour même du retour dans ce pays, après trois mois d'absence pour raisons de santé, du roi Abdallah. Depuis le début des troubles, Ryad a apporté un soutien sans faille à son voisin.

Plus au sud, au Yémen, deux manifestants participant à un sit-in à l'université de Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh ont été tués et onze blessés mardi soir dans une attaque armée de partisans du régime.

Au Kurdistan irakien, des manifestants dénonçant la corruption et le mode de gouvernance des deux grands partis se sont rassemblés pour la cinquième journée à Souleimaniyeh, la seconde ville de cette région autonome. Ils étaient près de 4.000 mardi.

A 50 km de là, à Halabja, au moins 27 personnes, dont 26 policiers, ont été blessées dans des affrontements entre des manifestants et les forces de sécurité, d'après une source médicale.

Conséquence de la situation, notamment en Libye - 4e producteur de pétrole en Afrique -, le prix du baril de pétrole a fini mardi à 93,57 dollars à New York, en hausse de 8,5%. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord avait atteint 108,57 dollars, du jamais vu depuis septembre 2008.

Deux facteurs sont à l'origine de la récente envolée des prix: "la spéculation et la situation politique" au Moyen-Orient, selon des ministres de l'Opep, qui ont assuré que le cartel était prêt à combler d'éventuelles pénuries même s'il estime que le marché est suffisamment approvisionné à l'heure actuelle.

Les troubles ont en revanche fait chuter la Bourse de New York, avec le Dow Jones abandonnant 1,44% et le Nasdaq 2,74% à la clô ture.


           

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