"Si Kim Jong-Un décide de lancer un missile, que ce soit à travers la mer du Japon ou dans une autre direction, il choisira délibérément d'ignorer la totalité de la communauté internationale", a déclaré John Kerry lors d'une conférence de presse à Séoul, première étape de sa tournée de trois jours en Asie.
"Ce serait une énorme erreur pour lui de faire ça car cela isolerait encore un peu plus son pays", a-t-il lancé, en jugeant "inacceptable" la rhétorique guerrière de Pyongyang.
Via un éditorial publié vendredi soir par l'agence officielle KCNA, Pyongyang a menacé le Japon de ses "flammes nucléaires". Il a qualifié de "provocatrices" les déclarations de Tokyo sur son intention d'intercepter un missile lancé par Pyongyang et qui menacerait le territoire nippon.
"Le Japon est toujours dans la ligne de mire de notre armée révolutionnaire", a prévenu le régime nord-coréen.
Le ministère japonais de la Défense n'a pas souhaité commenter mais a indiqué qu'il allait "prendre toutes les mesures possibles pour répondre à tout type de scénario".
En prévision d'un ou plusieurs tirs de missiles de moyenne portée qui pourraient intervenir très prochainement, peut-être dès lundi, jour anniversaire de la naissance du fondateur de la Corée du Nord, Tokyo a donné l'autorisation formelle à l'armée japonaise de détruire tout missile nord-coréen qui menacerait le territoire nippon.
Le secrétaire d'Etat américain a appelé une fois de plus Pékin, où il se rend samedi, à exercer son influence sur son allié nord-coréen.
Les dirigeants nord-coréens "doivent se préparer à vivre selon les obligations et les critères internationaux qu'ils ont acceptés", a-t-il déclaré, et Pékin a, selon lui, "un énorme potentiel pour faire la différence à ce sujet".
De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est déclaré favorable à des discussions à six sur la Corée du Nord en Suisse, comme Berne l'a proposé.
Ces discussions dites à Six entre des représentants de la Chine, de la Corée du Sud, de la Corée du Nord, de la Russie, des Etats-Unis et du Japon, se sont tenues à six reprises de 2003 à 2007. Mais, en 2009, Pyongyang a annoncé son retrait de ce cadre de discussions, suite à des sanctions des Nations Unies pour son programme nucléaire.
Jeudi, un représentant républicain du Colorado (ouest), Doug Lamborn, avait cité un rapport du renseignement militaire américain, la Defense Intelligence Agency (DIA), qui avançait que la Corée du Nord disposerait de la capacité de miniaturiser une arme nucléaire et de la monter sur un missile balistique, mais avec une fiabilité qui "sera faible".
Les Etats-Unis "ne pensent pas" que la Corée du Nord soit en capacité de lancer un missile équipé de têtes nucléaires, a toutefois déclaré peu après à l'AFP un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.
Des doutes partagés par le Pentagone et par Séoul.
Selon le premier, il serait "inexact de suggérer que le régime nord-coréen a complètement testé, mis au point ou démontré le type de capacités nucléaires évoquées" par un élu.
Pour le ministère sud-coréen de la Défense, "la Corée du Nord a conduit trois essais nucléaires, mais il reste douteux que la Corée du Nord ait fabriqué une tête nucléaire suffisamment petite et légère pouvant être montée sur un missile".
Mais le Nord "se dirige vers cette étape", a déclaré à la presse le porte-parole, Kim Min-Seok.
Lors de sa conférence de presse, John Kerry a par ailleurs souligné que les Etats-Unis soutenaient "la vision" du nouveau gouvernement sud-coréen en faveur de la construction d'un lien de confiance avec le Nord.
Pendant la campagne électorale, la nouvelle présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye, s'était distanciée de l'intransigeance caractérisant la politique nord-coréenne du président sortant Lee Myung-Bak, qui avait suspendu l'aide humanitaire à Pyongyang.
Mais l'arrivée officielle de Mme Park à la tête de la Corée du Sud (fin février) a coïncidé avec la brusque montée des invectives de Pyongyang, provoquée par un nouveau train de sanctions de l'ONU.