Kirghizstan: la situation s'apaise mais la crise humanitaire inquiète


Mardi 15 Juin 2010 - 12:44
AFP


Och, Kirghizstan - La situation semblait s'apaiser mardi dans le Sud du Kirghizstan en proie à des violences interethniques, mais la crise humanitaire en Ouzbékistan reste préoccupante après l'afflux de dizaines de milliers de réfugiés dans ce pays voisin d'Asie centrale.


Kirghizstan: la situation s'apaise mais la crise humanitaire inquiète
Plus de 100.000 personnes, dont une majorité de femmes d'origine ouzbèke, se sont réfugiées en Ouzbékistan après avoir fui les violences dans la république voisine qui ont fait depuis cinq jours 170 morts et 1.762 blessés, selon le ministère kirghiz de la Santé.

Ce bilan provisoire pourrait s'avérer en réalité beaucoup plus lourd.

Faute de capacités d'accueil suffisantes, l'Ouzbékistan a fermé sa frontière avec le Kirghizstan, tandis que la communauté internationale commence à se mobiliser pour tenter de ramener la paix et livrer de l'aide humanitaire.

Sur le front des violences, "la situation se stabilise lentement dans le Sud" du Kirghizstan, théâtre d'affrontements qui ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin, a déclaré un responsable du ministère de l'Intérieur, Omourbek Souvanaliev.

"La nuit dernière a été plus ou moins calme dans la région d'Och par rapport à la nuit précédente. De nombreux membres des forces de l'ordre (...) assurent la sécurité et le passage de convois humanitaires", a-t-il ajouté.

Seuls quelques coups de feu sporadiques ont été entendus dans la nuit de lundi à mardi à Och, comparé aux tirs incessants qui ont retenti les jours précédents.

Les violences entre Kirghiz et la minorité ouzbèke ont affecté principalement Och et Djalal-Abad, deux grandes villes du Sud.

Mardi, un journaliste de l'AFP n'a vu aucune présence militaire ou policière kirghize dans les quartiers ouzbeks d'Och.

De nombreux réfugiés qui ont fui en Ouzbékistan ont accusé lundi les forces régulières kirghizes d'aider des bandes armées à commettre des massacres.

Signe d'amélioration de la situation, deux groupes d'une vingtaine d'hommes, Kirghiz d'un côté et Ouzbeks de l'autre, se sont rencontrés mardi à travers le no man's land séparant les deux pays pour échanger rapidement ce que des habitants locaux ont appelé des "prisonniers", a constaté un journaliste de l'AFP.

Quelques minutes plus tard, un autre groupe d'une dizaine d'hommes ouzbeks, dont l'un était blessé au bras, a émergé d'un quartier habité par des Kirghiz avant de monter à bord d'un autocar bleu en direction d'un quartier ouzbek.

Des Ouzbeks observant la scène ont indiqué que ces hommes étaient des "otages" libérés par des Kirghiz qui les avaient capturés.

Au même moment, des hommes dans une enclave ouzbèke au Kirghizstan ont coupé des arbres et érigé de nouvelles barricades avec des morceaux de bois, des conteneurs et des voitures démolies pour protéger leur habitations et leurs commerces.

Des Ouzbeks ont raconté avoir vu de nouveaux corps dans les rues d'Och, à l'extérieur du périmètre délimitant leur quartier, mais affirmé qu'il était encore trop dangereux pour eux d'aller les récupérer.

M. Souvanaliev a lui-même reconnu que l'évacuation de blessés, personnes âgées, femmes et enfants restait "difficile" dans cette ville dévastée par les affrontements.

Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont appelé au retour à "l'état de droit" au Kirghizstan, tandis que la Russie a qualifié la situation d""intolérable".

"Nous sommes loin de voir une fin à la crise", a averti de son côté la responsable des opérations pour l'Asie centrale et l'Europe de l'est du Comité international de la Croix-rouge (CICR), Pascale Meige Wagner.


           

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