L'Assemblée constituante élit Mustapha Ben Jafaar à sa présidence


Mercredi 23 Novembre 2011 - 17:04
AFP


L'Assemblée constituante issue du premier scrutin libre en Tunisie le 23 octobre a solennellement ouvert mardi ses travaux et élu à sa tête un homme de gauche Mustapha Ben Jaafar, dix mois après la fuite de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.


Mustapha Ben Jaafar
Mustapha Ben Jaafar
Les 217 députés de l'Assemblée dominée par les islamistes d'Ennahda --89 élus-- se sont retrouvés, un mois après leur élection, dans le palais du Bardo à Tunis, siège de l'ancien parlement.

Ils ont élu dans l'après-midi leur président, le chef du parti de gauche Ettakatol Mustapha Ben Jaafar, 71 ans, ex-opposant à Ben Ali.

Sa candidature avait été proposée par les trois partis vainqueurs du scrutin, Ennahda, Congrès pour la République (29 élus) et Ettakatol (20 sièges).

M. Ben Jaafar a recueilli 145 voix contre 68 à Maya Jribi, dirigeante du parti de centre gauche PDP. Il a promis qu'il resterait "fidèle aux objectifs de la révolution", et s'est dit "fier" et "confiant dans l'avenir de son pays".

Outre cette élection, les députés se sont mis d'accord sur le projet de règlement intérieur qui définira le fonctionnement de la Constituante, chargée de rédiger une nouvelle constitution et de légiférer jusqu'aux prochaines élections générales, en principe dans un an.

La réunion de la Constituante, qualifiée de "journée historique" par de nombreux participants, a donné lieu à des épisodes solennels mais aussi à des moments désopilants, marqués par les traits d'humour du président de la séance, le doyen Tahar Hamila.

Des altercations et des couacs ont également émaillé la journée, des élus de la liste indépendante "Pétition populaire", numériquement troisième force de l'Assemblée avec 26 sièges, s'estimant victimes de dénigrement et de mépris.

L'ouverture de la séance a été prononcée mardi matin par Tahar Hamila. Les députés ont chanté l'hymne national tunisien, avant de réciter la première sourate du Coran, en hommage aux "martyrs" de la révolution tunisienne, dont les quelque 300 noms ont été énumérés.

"Que vive notre pays! Dieu est témoin que j'ai assumé mes fonctions pour mettre le pays dans des mains sûres à l'Assemblée constituante", a déclaré, sous les applaudissements, le président tunisien par intérim Fouad Mebazaa, qui a dirigé la Tunisie depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier.

L'Assemblée devrait valider dans les prochains jours la suite de l'accord de partage du pouvoir conclu entre Ennahda et ses deux partenaires de gauche. Il prévoit la désignation de Moncef Marzouki, dirigeant du CPR, à la présidence du pays, et celle d'Hamadi Jebali, 62 ans, numéro 2 d'Ennahda, à la tête du gouvernement.

Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a exprimé lors d'une suspension de séance son "immense bonheur" de voir se mettre en place une "première assemblée constituante élue démocratiquement". Moncef Marzouki a de son côté fait part de son "sentiment d'émerveillement" face à l'installation de "la première chambre représentative" du peuple tunisien.

Avant l'ouverture de la séance, quelques centaines de personnes ont manifesté devant le palais du Bardo pour rappeler aux députés que la société civile "les a à l'oeil", selon la formule d'un manifestant.

Femmes démocrates, familles des "martyrs" de la Révolution, représentants de la société civile, brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "ne touchez pas au Code du statut personnel" (de la femme), "non à l'extrémisme", "n'oubliez pas les martyrs".


           

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