L'Autriche à la pointe de la cause antinucléaire en Europe


Mardi 7 Juillet 2015 - 13:54
AFP


L'Autriche, qui a porté plainte lundi contre le projet d'EPR britannique de Hinkley Point, se veut à la pointe du combat antinucléaire en Europe après avoir renoncé il y a près de 40 ans à mettre en service une centrale flambant neuve.


L'Autriche à la pointe de la cause antinucléaire en Europe
"Le nucléaire est une source d'énergie du siècle dernier. Elle est dépassée car elle n'est pas durable, elle présente des risques élevés et elle n'est rentable qu'à l'aide de subventions injustifiées", souligne le ministre de l'Environnement Andrä Rupprechter.

Vienne a porté plainte lundi devant la Cour européenne de justice pour contester le subventionnement par Londres de la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point par le français EDF, un geste salué par des petits opérateurs et plusieurs ONG européens de défense de l'environnement.

L'Autriche craint que ce subventionnement, en principe réservé aux énergies renouvelables, ne remette en cause la transition énergétique en Europe en relançant la filière nucléaire sur le continent.

"L'avenir est aux énergies renouvelables et nous devons faire en sorte que ces énergies bénéficient d'un cadre équitable pour s'imposer sur le marché", indique M. Rupprechter à l'AFP.

Un credo antinucléaire plébiscité par la population et porté par l'ensemble de la classe politique autrichienne, des Verts à l'extrême-droite.

- Référendum -

Avec 75% de son électricité tirée de sources renouvelables, l'Autriche, qui dispose de riches gisements hydro-électriques et a misé très tôt sur l'éolien, se présente volontiers en premier de la classe dans le domaine.

Le pays veut faire encore mieux: il s'est fixé pour objectif de subvenir d'ici quinze ans à la moitié de ses besoins énergétiques totaux -- chauffage, transports et industrie compris -- grâce aux énergies renouvelables qui couvrent déjà un peu plus du tiers (34%) de sa consommation.

Mais il ne s'en est fallu que d'un cheveu pour que l'Autriche ne devienne un pays nucléaire comme la grande majorité de ses voisins européens.

En novembre 1978, à quelques jours de l'entrée en service de la première centrale nucléaire du pays, construite pour l'équivalent de un milliard d'euros à Zwentendorf, les Autrichiens avaient en effet dit "non" par 50,47%, lors d'un référendum.

Actant ce coup de tonnerre, le parlement adoptait un mois plus tard une loi interdisant l'exploitation de l'énergie nucléaire, tuant dans l'oeuf un vaste programme de construction de centrales atomiques. Cette interdiction a été élevée au rang de principe constitutionnel en 1999.

Dominant toujours les berges du Danube, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Vienne, la centrale de Zwentendorf est maintenue en parfait état à des fins pédagogiques.

A partir de l'automne, elle accueillera un cursus international sur le démantèlement de centrales, alors qu'une part croissante du parc mondial arrive en fin de vie.

"C'est l'endroit idéal: une maquette en taille réelle où l'on peut voir comment démanteler un réacteur pièce par pièce, le tout dans un environnement parfaitement sûr" puisque qu'il n'a jamais contenu de combustible radioactif, souligne Stefan Zach, porte-parole du groupe électrique autrichien ENV, propriétaire du site.

- Confortée par Fukushima -

Après s'être sentie confortée dans ses choix par la catastrophe de Fukushima, en 2011, l'Autriche craint aujourd'hui qu'un feu vert à Hinkley Point ne favorise une relance du nucléaire civil en Europe, alors que la Conférence sur le climat doit fixer de nouveaux objectifs de réduction des émissions de CO2 en décembre.

Encerclée par des pays disposant de centrales en activité, à l'exception de l'Italie, la petite république alpine s'inquiète en particulier de projets de construction de réacteurs en République tchèque et en Hongrie, et de la mise en service d'ici deux ans de deux tranches supplémentaires à la centrale slovaque de Mochovce.

L'Autriche met en avant les dangers liés de possibles accidents nucléaires, comme à Fukushima et à Tchernobyl, mais aussi le casse-tête environnemental que représente la gestion de déchets radioactifs durant des dizaines de milliers d'années.

Le pays a cependant longtemps vécu avec une contradiction, en faisant l'appoint de ses besoins énergétiques avec de l'électricité nucléaire importée. Une situation qui a pris fin avec l'entrée en vigueur d'une loi en janvier 2015.


           

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