L'Ethiopie "décime la presse" indépendante, selon HRW


Jeudi 22 Janvier 2015 - 17:27
AFP


Nairobi - Le gouvernement éthiopien accentue son oppression contre les voix dissidentes, dont les journalistes indépendants, à l'approche des législatives prévues en mai, a estimé jeudi l'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch dans un rapport.


L'Ethiopie "décime la presse" indépendante, selon HRW
"Le gouvernement éthiopien s'attaque systématiquement aux voix indépendantes du pays et traite les médias comme une menace", a estimé Leslie Lefkow, directrice adjointe Afrique de HRW.

Radio, télévision et journaux publics dominent le paysage médiatique éthiopien, tandis que la presse indépendante fait l'objet de menaces, d'intimidation et de harcèlement, selon HRW.

"Le parti au pouvoir considère les médias privés comme une menace à son hégémonie et utilise diverses tactiques pour décimer la presse privée, le traitement indépendant de l'information et l'analyse critique", dénonce HRW dans ce rapport intitulé "Le journalisme n'est pas un crime".

Depuis les précédentes législatives de 2010, où la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (FDRPE), au pouvoir depuis 1991, a raflé 99,6% des voix, au moins 60 journalistes ont pris le chemin de l'exil et 19 ont été incarcérés, le plus souvent aux termes d'une loi antiterrorisme controversée.

"Le bâillonnement des voix indépendantes, via des accusations criminelles fabriquées et le harcèlement, fait de l'Ethiopie l'un des plus importants geôliers de journalistes au monde", a assuré Mme Lefkow.

Sept rédacteurs du blog éthiopien "Zone9", souvent critique, et trois journalistes de diverses publications sont incarcérés depuis fin avril et accusés de "terrorisme" pour des liens présumés avec Ginbot 7, un mouvement interdit basé aux Etats-Unis qui appelle au renversement des autorités d'Addis.

Un célèbre blogueur, Eskinder Nega, purge lui actuellement une peine de 18 ans de prison pour ses liens avec Ginbot 7. En 2012, deux journalistes suédois, arrêtés alors qu'ils se trouvaient illégalement en Ethiopie et y avaient rencontré des rebelles, avaient été condamnés à 11 ans de prison pour terrorisme. Ils avaient été graciés au bout de 15 mois.

L'accès à internet et aux médias sociaux est sévèrement limité. Le gouvernement éthiopien détient le monopole des télécommunications fixes et mobiles et a interdit en 2012 l'utilisation du logiciel Skype de téléphonie par internet.

Le FDRPE, au fonctionnement hermétique souvent comparé à celui du Parti communiste chinois, occupe, avec quelques partis alliés, 545 des 547 sièges de la Chambre basse du Parlement éthiopien et devrait remporter une nouvelle victoire écrasante lors des législatives prévues le 24 mai 2015.


           

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