L'Europe contre l'austérité, grève générale en Espagne et au Portugal


Mercredi 14 Novembre 2012 - 14:27
AFP


Madrid - L'Europe était mobilisée mercredi contre l'austérité lors d'une journée marquée par des grèves générales en Espagne et au Portugal, deux des pays les plus fragiles de la région où la riposte populaire grandit contre le chômage et la précarité.


L'Europe contre l'austérité, grève générale en Espagne et au Portugal
Quelques heurts ont éclaté dans le centre de Madrid lorsque la police anti-émeutes a tenté de disperser un groupe de manifestants, avant que ceux-ci ne se regroupent un peu plus loin.

"Grève, grève, grève", criaient les manifestants face aux cordons de policiers casqués.

Des arrêts de travail étaient aussi annoncés en Italie et en Grèce, ainsi que des manifestations dans plusieurs autres pays dont la France et l'Allemagne.

"Cette première grève ibérique" est "un signal fort de mécontentement et un avertissement aux autorités européennes", a lancé Armenio Carlos, secrétaire général de la CGTP, le principal syndicat portugais.

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, étranglée par un chômage qui frappe un quart des actifs, tournait au ralenti pour sa deuxième grève depuis l'arrivée au pouvoir, il y a près d'un an, du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.

Les piquets de grève agitant les drapeaux rouges des syndicats UGT et CCOO ont envahi Madrid et les autres grandes villes, prenant position aux portes des usines, des commerces, des marchés de gros ou des gares, déployant de grandes banderoles portant le slogan de cette journée: "Ils nous privent de notre avenir, il y a des coupables, il y a des solutions".

"Grève générale. Ils nous laissent sans avenir", affirmait aussi une banderole barrant l'entrée de l'usine Volkswagen à Pampelune, dans le nord de l'Espagne.

"Nous sommes en grève contre la réforme du travail, contre les coupes budgétaires dans tout, dans l'éducation, dans la justice, les hausses d'impôts. Car on est en train de perdre tout ce que l'on avait obtenu grâce à beaucoup de travail et d'efforts", résumait Rocio Blanco, une gréviste de 48 ans près de la gare d'Atocha à Madrid.

Depuis la dernière grève du 29 mars, les manifestations se succèdent contre la politique d'austérité menée par le gouvernement, qui prévoit 150 milliards d'euros d'économies d'ici à 2014 et frappe durement les plus modestes.

L'impact du mouvement était cependant limité par le service minimum habituel en Espagne.

Désabusée, Soledad Jimenez, une dessinatrice de 30 ans qui attendait le métro, disait ne pas croire que la grève "soit la manière la plus adaptée de protester". "Il y a des gens qui ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de salaire", remarque-t-elle. "J'essaierai d'aller à la manifestation cet après-midi".

La mobilisation devrait être plus perceptible en fin de journée, avec deux manifestations convoquées à Madrid, l'une par les syndicats et l'autre par la mouvance des indignés, témoignant de l'exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d'euros engloutis dans l'aide aux banques.

Le Portugal lui aussi tournait au ralenti, avec les trains et métros à l'arrêt et de nombreux avions cloués au sol, lors de cette journée de protestation contre les mesures d'austérité du gouvernement de centre droit.

A Lisbonne, de nombreuses banderoles accrochées aux réverbères appelaient à participer au mouvement.

"La "troïka" dehors", clamaient d'autres affiches réclamant le départ des créanciers du Portugal qui évaluent actuellement les mesures d'austérité mises en oeuvre par le gouvernement en échange de l'aide internationale de 78 milliards d'euros, accordée au pays en mai 2011.

En Italie, une grève de quatre heures et des manifestations ont été organisées à l'appel de la principale confédération syndicale, la CGIL.

Près d'un millier de personnes ont manifesté à Rome.

"Ils s'attaquent, au nom de l'austérité, à des droits fondamentaux comme le droit à l'éducation et au travail. C'est pour cette raison qu'il est très important que dans tous les pays il y ait une grève générale commune aujourd'hui, pour dire non à ces politiques", expliquait Francesco Locantore, un enseignant de 38 ans.

Alors que la croissance dans la zone euro devrait rester au point mort (+0,1%) en 2013, selon la Commission européenne, le Fonds monétaire international a lui-même averti que les politiques d'austérité risquaient de devenir "politiquement et socialement intenables".


           

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