L'Europe échoue à convaincre l'Ukraine de se tourner vers l'Ouest


Vendredi 29 Novembre 2013 - 10:34
AFP


Vilnius - L'Union européenne a signé vendredi matin deux accords d'association avec la Géorgie et la Moldavie, mais pas avec l'Ukraine, le principal pays de l'ex-bloc soviétique.


A l'issue du troisième sommet du Partenariat oriental entre l'UE et six ex-républiques soviétiques --Ukraine, Géorgie, Moldavie, Belarus, Arménie et Azerbaïdjan--, le bilan est maigre.

L'UE a paraphé deux accords d'association avec la Géorgie et la Moldavie, dont la signature définitive ne doit intervenir que dans les prochains mois, et a signé un accord de facilitation des visas avec l'Azerbaïdjan.

Mais rien avec l'Ukraine, qui était le principal enjeu et l'objet de négociations parfois tendues depuis des mois.

"Le statu quo n'a pas changé. Le président ukrainien n'est pas prêt à aller plus loin dans l'intégration avec l'Union européenne", a déclaré la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, qui accueillait le sommet à Vilnius.

Elle a accusé les dirigeants ukrainiens d'avoir choisi "une voie qui ne mène nulle part". "C'est un échec de l'Ukraine", dont l'inflexible président Viktor Ianoukovitch avait quand même fait le déplacement dans la capitale lituanienne.

Les dirigeants européens ont assuré à l'unisson que la porte de l'UE et son vaste marché de 500 millions d'habitants restait "ouverte". "Elle est ouverte parce que c'est important pour eux et pour nous", a estimé la représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, en espérant que les deux parties allaient "aller de l'avant aussi vite que possible".

"La porte restera toujours ouverte pour les Ukrainiens, à condition qu'ils le veuillent eux mêmes", a déclaré le président français François Hollande. "Cette perspective d'association, c'est d'abord aux Ukrainiens qui la portent de la vouloir", a-t-il insisté.

La chancelière allemande Angela Merkel a souligné que les "processus historiques peuvent prendre beaucoup de temps". Elle a estimé qu'il fallait "parler encore plus à la Russie sur ce que l'on peut faire pour surmonter" la question du choix entre la Russie et l'UE.

"Courage et volonté politique"

Beaucoup de responsables pensent que le refus de Kiev risque de briser l'élan pour de longs mois, voire des années. Non seulement pour l'Ukraine mais pour l'ensemble du Partenariat oriental, cette stratégie lancée en 2009 pour stabiliser et arrimer à l'Europe les ex-républiques soviétiques.

Cette stratégie se heurte en effet au refus de la Russie de Vladimir Poutine, qui multiplie les pressions et les menaces sur les ex-pays de l'URSS, et qui a déjà réussi à attirer l'Arménie dans son projet d'Union douanière.

Dans une brève allocution, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a d'ailleurs salué "la détermination, le courage et la volonté politique" des dirigeants géorgiens et moldaves, en assurant que l'UE "respectait" la souveraineté de ces pays.

Devant les Européens, M. Ianoukovitch avait exposé jeudi soir les graves problèmes économiques de son pays, dus en partie aux mesures de rétorsion prises ces derniers mois par Moscou.

Il avait demandé une nouvelle fois qu'ils soient résolus "ensemble par l'UE et par la Russie", selon Mme Grybauskaité. Mais sa tentative n'avait aucune chance d'aboutir, sa proposition de dialogue tripartite Kiev-Bruxelles-Moscou ayant été rejetée dès la semaine dernière par l'UE.

Il n'a pas non plus entendu les arguments des Européens, notamment des nouveaux venus de l'Est, sur les bénéfices que Kiev pourrait tirer d'un rapprochement avec l'UE, particulièrement pour son développement économique et commercial.

L'accord d'association, assorti d'un large accord de libre échange, avait pourtant été négocié pendant cinq ans entre Kiev et Bruxelles, qui a déjà engagé des milliards d'euros en faveur de la modernisation politique et économique de ce pays de 46 millions d'habitants.

Mais l'UE, divisée sur cette question, n'a jamais proposé une perspective claire d'intégration aux ex-républiques soviétiques, comme elle l'avait fait avec les pays de l'Est après la chute du Mur. De source diplomatique, certaines capitales ne sont d'ailleurs pas fâchées du refus de l'Ukraine de signer un accord.

La signature d'un accord avec l'UE "représente une claire avancée dans nos relations qui amènera certainement mon pays un jour dans l'Union européene", n'en a pas moins estimé le Premier ministre moldave, Iurie Leanca.


           

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