L'Europe met la branche armée du Hezbollah sur liste noire


Lundi 22 Juillet 2013 - 13:25
AFP


Bruxelles - Les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé lundi d'inscrire la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes de l'UE, tout en assurant vouloir continuer à dialoguer avec ses responsables politiques ce qui devrait s'avérer compliqué.


L'Europe met la branche armée du Hezbollah sur liste noire
Les Européens durcissent ainsi le ton vis-à-vis du puissant mouvement chiite libanais pro-iranien, alors que ce dernier est de plus en plus impliqué dans le conflit syrien.

Mais ils ne vont pas aussi loin que les Etats-Unis, qui ont placé sur leur liste noire le Hezbollah dans son entier, estimant qu'il était impossible de distinguer ses branches politique et militaire.

"Il est bon que l'UE ait décidé d'appeler le Hezbollah pour ce qu'il est: une organisation terroriste", a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Frans Timmermans, en marge de la réunion avec ses collègues à Bruxelles. "Nous avons franchi une étape importante aujourd'hui en sanctionnant la branche militaire, en gelant ses actifs, en perturbant son financement et, ainsi, en limitant sa capacité à agir".

Contactés par l'AFP, le porte-parole, les députés et les ministres du Hezbollah se sont refusés à tout commentaire à chaud.

Israël s'est en revanche félicité. "Maintenant il est clair pour le monde entier que le Hezbollah est une organisation terroriste", a déclaré sa ministre de la Justice, Tzipi Livni.

La décision de l'UE -un accord politique qui doit être transcrit juridiquement pour entrer en application- repose sur les "preuves" que la branche armée du Hezbollah est liée à des actes terroristes perpétrés sur le territoire européen.

Appui à "la stabilité du Liban"

Il s'agit de l'attentat qui avait fait sept morts - cinq Israéliens, un Bulgare et l'auteur présumé de l'attentat - à l'aéroport de Bourgas (Bulgarie) le 18 juillet 2012. Même si l'auteur reste inconnu, "il y des pistes nettes menant vers le Hezbollah", a récemment affirmé le ministre bulgare de l'Intérieur, Tsvetlin Yovtchev.

Les Européens citent également la condamnation en mars à Chypre d'un membre présumé du Hezbollah accusé d'avoir planifié une attaque contre des intérêts israéliens sur l'île.

"En inscrivant la branche armée du Hezbollah sur la liste des entités terroristes, l'UE fait simplement coïncider le droit avec les faits", a commenté le ministre français, Laurent Fabius.

Appui à "la stabilité du Liban"

Les ministres ont cependant affirmé que ces sanctions n'empêcheraient pas l'UE de "poursuivre le dialogue avec tous les partis politiques au Liban", y compris donc le Hezbollah, qui joue un rôle de premier plan, notamment au sein du gouvernement sortant dirigé par le Premier ministre Najib Mikati.

Ils ont également réaffirmé leur attachement à "la stabilité du pays", de plus en plus affectée par les conséquences politiques et humanitaires du conflit syrien. "Nous ne pensons pas que cela affectera la stabilité du Liban", a affirmé le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

Ces derniers jours, le gouvernement libanais avait appelé avec force les Européens à ne pas franchir le pas des sanctions, faisant valoir que le puissant mouvement représentait une "composante essentielle de la société" libanaise.

L'inscription sur la liste va entraîner un gel des avoirs et l'interdiction de visa d'entrée dans l'UE pour les personnes concernées.

Mais sa mise en oeuvre va s'avérer complexe car "il est très difficile d'identifier les membres de l'aile militaire", selon Waddah Charara, professeur de sociologie à l'université libanaise et auteur de "l'Etat Hezbollah". "Nous en connaissons peut-être une vingtaine. C'est l'appareil sécuritaire, et non pas militaire, qui est le plus efficace et le plus dangereux chez le Hezbollah", a-t-il expliqué à l'AFP.

Selon lui, "les restrictions et les ambiguïtés de la décision de l'UE laisse une latitude assez large au Hezbollah, d'autant que ce parti a toujours avancé masqué et possède de nombreux relais pour agir".

Au cours de leur réunion, les ministres européens devaient aussi apporter leur soutien à la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes arrachée en fin de semaine par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry.


           

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