L'Iranien Zarif à Bruxelles pour tenter de préserver l'accord


Mardi 15 Mai 2018 - 11:49
Reuters


Bruxelles - Une semaine après la décision américaine de se retirer de l’accord de 2015 sur le nucléaire, le chef de la diplomatie iranienne et ses homologues français, britannique et allemand se retrouvent à Bruxelles pour tenter de préserver ce texte et protéger les entreprises européennes des sanctions américaines.


Une première rencontre s’est tenue dans la matinée entre Mohammad Javad Zarif, engagé dans une tournée marathon auprès des pays signataires qui l’a déjà conduit à Pékin et Moscou, et la haute représentante de l’Union européenne pour la diplomatie Federica Mogherini.

“C’était une bonne rencontre constructive (...) Nous sommes dans la bonne voie en vue de garantir les intérêts des signataires restants du JCPOA (l’accord nucléaire de 2015), notamment ceux de l’Iran”, a-t-il estimé à l’issue de cette réunion qui sera suivie dans la soirée par un dîner entre les cinq diplomates.

Depuis la décision de Donald Trump de se retirer de cet accord conclu en 2015, les discussions entre chancelleries se multiplient pour tenter de sauver ce texte qui encadre le programme nucléaire de Téhéran en échange d’une levée progressive des sanctions contre la République islamique.

“Il faut que l’accord soit maintenu dans toutes ses dimensions, y compris par l’Iran”, a martelé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian la semaine dernière dans Le Parisien. “Nous comprenons la préoccupation des Iraniens, celle de voir préservés les avantages économiques qui sont l’une des contreparties de l’accord.”

“Nous souhaitons, nous, nous efforcer d’assurer à l’Iran la pérennité du cadre des engagements commerciaux et des investissements”, a-t-il ajouté. “Cela implique d’avancer entre Européens dans les semaines qui viennent.”

RÉUNION DES ENTREPRISES FRANÇAISES
Le rendez-vous de mardi soir à Bruxelles sera suivi mercredi soir par un dîner informel entre les 28 chefs d’Etat et de gouvernement européens à Sofia au cours duquel la question de l’Iran devrait une nouvelle fois dominer les échanges [L5N1SL5GT].

Le rétablissement des sanctions américaines est source d’inquiétude pour les grands groupes européens, notamment Airbus, les constructeurs automobiles français PSA et Renault, le groupe pétrolier Total et le pharmaceutique Sanofi.

Quelques heures avant la rencontre à Bruxelles, une réunion s’est tenue à Bercy à midi avec les entreprises françaises présentes en Iran pour trouver une parade et “essayer au maximum de les préserver” des sanctions que les Etats-Unis souhaitent rétablir.

“L’enjeu économique a été rappelé par les entreprises, il n’est pas négligeable car beaucoup d’entreprises (...) ont investi de manière significative en Iran, certaines ont conclu de bonne foi des contrats qui doivent être respectés”, a dit le ministre de l’Economie Bruno Le Maire à la presse à l’issue de la réunion.

“Je souhaite avoir avec mes homologues allemand et britannique des démarches conjointes auprès des autorités américaines pour demander des exemptions, des délais supplémentaires”, a-t-il ajouté.

MARGE DE MANOEUVRE ETROITE
La France demande parallèlement à la Commission européenne de prendre des “décisions concrètes”, dont le renforcement et l’adaptation d’un règlement européen de 1996 protégeant les entreprises européennes de sanctions extraterritoriales.

L’Europe, a poursuivi Bruno Le Maire, doit également se doter “d’un outil financier indépendant qui permette aux entreprises de commercer librement là où l’Europe a décidé qu’il était nécessaire ou utile de faire du commerce”.

Cet outil pourrait soit reposer sur la banque européenne d’investissement, soit être créé de toutes pièces, soit via un recours aux banques centrales, a précisé le ministre de l’Economie, qui suggère également la création d’un bureau européen de contrôle des actifs étrangers similaire à celui dont sont dotés les Etats-Unis.

La marge de manoeuvre européenne face à l’administration américaine s’annonce toutefois étroite, ont prévenu plusieurs diplomates avant la réunion de Bruxelles.

“Nous allons essayer au maximum de respecter les termes du marché, étant entendu que nous sommes en partie handicapés par l’absence américaine”, souligne une source diplomatie française. “On va dire aux Iraniens ‘voilà ce que nous pouvons faire mais ne vous faites pas trop d’illusions sur notre capacité à influencer la politique américaine et par conséquence influencer la situation économique.”


           

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