L'énigmatique Jim Yong Kim, médecin propulsé président de la Banque mondiale


Mardi 17 Avril 2012 - 12:18
AFP


Washington - Le discret médecin américano-coréen Jim Yong Kim, en devenant lundi président de la Banque mondiale, se retrouve propulsé dans le monde féroce des institutions de Washington.


Jim Yong Kim
Jim Yong Kim
C'est sans expérience politique ni financière de très haut niveau que ce médecin et anthropologue de 52 ans devrait arriver à la tête d'une organisation multilatérale de 187 Etats membres, à la tête de 258 milliards de dollars de crédits.

Après avoir été choisi par le président Barack Obama, qui n'a jamais dit comment il avait repéré M. Kim, il n'a pas eu de peine à écarter sa rivale, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala. Le choix a été entériné lundi par le conseil d'administration de la Banque, instance chargée de trancher entre les deux candidats.

"De multiples manières, Jim Yong Kim a été le candidat le plus intéressant, mais aussi le moins traditionnel, et celui qui a le plus à prouver", a affirmé à l'AFP le Sud-Africain Daniel Bradlow, professeur de droit à Washington et spécialiste des institutions internationales.

"Sachant d'où il vient, on se serait attendu à ce qu'il expose sa vision du développement auprès des ONG par exemple. En fait, il a été le moins disert des candidats", ajoutait-il.

"Nous ne saurons jamais s'il était le meilleur candidat pour le poste, parce qu'il n'y a pas eu de vraie compétition équitable", a déploré l'organisation non gouvernementale Oxfam.

Les opinions de M. Kim restent en effet largement une énigme. Dans ses quelques entretiens avec la presse, dans une tribune publiée par le Financial Times et dans son mot d'introduction devant le conseil d'administration, il s'est inscrit dans la continuité des priorités récentes de la Banque mondiale et du président auquel il succède, Robert Zoellick.

Ce fils d'un Nord-Coréen échappé au Sud naît en 1959 à Séoul, à l'époque une ville très pauvre. Il arrive aux Etats-Unis à cinq ans, dans l'Iowa (Nord), où il suit les pas de son père en faisant des études de médecine. Etudiant doué, il décroche deux doctorats, en médecine et anthropologie.

Sa carrière, largement consacrée à la recherche (sur la tuberculose et le sida), le mène vers l'humanitaire. Il est le cofondateur de Partners in Health, une association qui fournit des traitements et des moyens de prévention aux populations défavorisées des pays pauvres. Il passe ensuite par l'Organisation mondiale de la santé, et devient en 2009 président de l'université de Dartmouth dans le New Hampshire (Nord-Est).

Il s'est parfois fait entendre comme une voix critique de l'aide publique au développement, qu'il trouvait mal ciblée et insuffisante.

En 2002, entendu par le Sénat des Etats-Unis, il exhortait les élus à accroître "considérablement" les fonds consacrés à la lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria. En 2007, il se félicitait des progrès faits par la communauté internationale sur le sujet.

Uri Dadush, économiste français et ancien de la Banque mondiale qui a soutenu la candidature de la rivale nigériane de M. Kim, trouve qu'il est "un choix risqué" car il "a une perspective trop étroite" de praticien de la santé.

M. Kim a balayé ces critiques dans un entretien accordé au New York Times.

"Le développement économique et la lutte contre la pauvreté sont si compliqués que je pense qu'il n'y a pas un seul parcours ou une seule discipline qui suffisent à s'attaquer à ces grands problèmes de l'humanité. La Banque mondiale a beaucoup de macroéconomistes extrêmement expérimentés. Et j'ai hâte de travailler avec eux", a-t-il dit.


           

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