L'icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi aux portes de la liberté


Samedi 13 Novembre 2010 - 10:55
AFP


Rangoun - Les partisans de l'opposante Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, attendaient fiévreusement samedi sa libération présentée comme imminente, après sept années consécutives d'assignation à résidence.


Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi
La fille du général Aung San, héros de l'indépendance birmane, a passé plus de 15 des 21 dernières années privée de liberté, la junte trouvant toujours une raison pour l'enfermer après chacune de ses libérations. Elle n'a pas circulé librement depuis mai 2003.

Des dizaines de journalistes et d'habitants de la région se trouvaient dans la matinée aux alentours de sa maison, et devant le siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND, dissoute), où des militants attendaient avec impatience.

Certains portaient des tee-shirts à son effigie avec comme slogan "Debouts avec Aung San Suu Kyi".

"Je pense quelle va être libérée. Mais comme c'est un gouvernement militaire, je n'y crois pas complètement. Nous avons attendu jusqu'à une heure du matin hier et nous sommes revenus à 04h30 ce matin", a expliqué Htein Win, un jeune de la LND.

Aucun porte-parole du pouvoir n'a officiellement confirmé cette libération, mais plusieurs sources ont indiqué à l'AFP qu'elle ne faisait aucun doute. "Elle sera libérée aujourd'hui", a confirmé un responsable sous couvert de l'anonymat.

"On ne nous a encore rien dit, mais nous avons espoir", a déclaré Nyan Win, avocat de l'opposante et membre de la LND, sans pouvoir préciser l'heure de la délivrance ni le programme de la lauréate du prix Nobel de la paix de 65 ans.

La communauté internationale, y compris certains pays de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean), dont la Birmanie est membre, réclame cette libération avec insistance depuis le premier jour de sa réincarcération.

Et l'Occident a violemment critiqué le refus des militaires de la laisser sortir avant les élections de dimanche dernier, les premières depuis 20 ans, à l'issue desquelles le parti pro-junte revendique quelque 80% des sièges avant même les résultats officiels.

En la maintenant enfermée pendant toute la campagne, le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte, a en effet écarté sa pire ennemie du tableau électoral, après le camouflet infligé en 1990.

Mme Suu Syi et la LND avaient à l'époque remporté une très large victoire aux élections. La junte a toujours refusé d'honorer ces résultats, mais l'opposante les a constamment brandis pour justifier sa légitimité d'adversaire numéro un des militaires.

Même si ses partisans continuent de voir en elle le seul espoir pour la démocratie dans un pays dirigé par des militaires depuis un demi-siècle, sa position est aujourd'hui affaiblie.

La LND a boycotté le dernier scrutin et a en conséquence été dissoute, laissant l'opposition démocratique divisée et exténuée. Certains de ses cadres ont fait défection pour créer la Force démocratique nationale (NDF) et participer au scrutin sous de nouvelles couleurs.

Aung San Suu Kyi va devoir redécouvrir un pays dont elle a été complètement coupée. Elle va réapprendre à connaître les jeunes Birmanes qui portent une minijupe, les téléphones portables, la petite scène musicale de Rangoun, les immeubles, tout ce pays dont, pour certains, elle porte les espoirs mais qu'elle ne connaît plus.

Elle n'a pas vu non plus ses deux enfants qui vivent en Grande-Bretagne depuis près de dix ans, et avait renoncé à se rendre en 1999 au chevet de son mari mourant, de peur de ne plus pouvoir retourner en Birmanie.


           

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