La BCE laisse son taux inchangé sur fond de montée de l'euro


Jeudi 7 Février 2013 - 15:04
AFP


Frankfort - La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de maintenir à 0,75 % son principal taux d'intérêt directeur inchangé jeudi, sans surprise dans un contexte de stabilisation économique et financière en zone euro.


La BCE laisse son taux inchangé sur fond de montée de l'euro
"Les enquêtes de la Commission européenne sur le climat des affaires et la confiance des ménages en janvier ont poursuivi leur redressement et sont autant de signes supplémentaires de l'assainissement de l'économie", souligne Fabrice Montagne, économiste chez Barclays.

Les progrès enregistrés, et dont la BCE peut se targuer d'avoir été en grande partie à l'origine grâce à sa politique de taux faibles, son soutien aux banques par des prêts de liquidités bon marché et son nouveau programme de rachat de dette annoncé à la fin de l'été, ne doivent pas faire crier victoire trop tôt, a toutefois mis en garde son président Mario Draghi.

Un message qu'il devrait renouveler lors de sa conférence de presse mensuelle à l'issue de la décision sur les taux, à partir de 13H30 GMT.

Stabilisation économique ne signifie en effet pas reprise, rappelle Carsten Brzeski, économiste d'ING, qui juge "que le chemin vers le retour de la croissance risque d'être long". D'autant que les statistiques européennes recouvrent des réalités contrastées.

Ainsi, si des économies comme l'Allemagne traversent la crise de la dette sans trop laisser de plumes, plusieurs pays du Sud peinent toujours à se redresser malgré les réformes entreprises. Le niveau du chômage, qui a atteint des records en zone euro (11,7% en décembre), inquiète aussi les dirigeants européens et la BCE.

Pour cette raison, "M. Draghi devrait adopter une tonalité plus accommodante que le mois dernier afin de convaincre les marchés que les conditions monétaires resteront souples pendant longtemps encore, sans pour autant baisser les taux", estime Fabrice Montagne.

D'autant qu'un nouvel élément commence à alimenter l'inquiétude chez certains: l'appréciation rapide de la monnaie unique européenne.

"L'appréciation récente de l'euro pourrait compromettre la reprise avant même qu'elle ait débuté", écrit Carsten Brzeski.

Pour le président français François Hollande, elle risque de compromettre les efforts de compétitivité réalisés par certains pays. Il a en conséquence appelé mardi à la définition d'une politique de change pour éviter à l'euro de fluctuer au gré de l'humeur des marchés.

Son ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a jugé mercredi que si cette appréciation se poursuivait au rythme actuel elle risquait d'amputer la croissance française de 0,3 point de pourcentage sur l'année.

Mais au contraire Berlin estime qu'agir sur les taux de change ne serait d'aucune utilité pour gagner en compétitivité, et ne trouve pas la monnaie unique surévaluée.

Après avoir atteint plus de 1,37 dollar vendredi - en progression de plus de 11% en six mois - l'euro a baissé ces derniers jours, affichant jeudi matin 1,3536 dollar.

Face à ces prises de position, Mario Draghi devrait se montrer prudent dans ses commentaires, estime Marie Diron, économiste du groupe de conseil et d'audit Ernst & Young.

"Dans le passé, la BCE est rarement intervenue de façon ciblée pour des questions de taux de change. Il faudrait une appréciation beaucoup plus forte de l'euro pour qu'elle change de cap", estime-t-elle.

Ses membres "savent que renverser la tendance des marchés est difficile", souligne Carsten Brzeski.

Positif, Christian Schulz de la banque Berenberg, juge que la combinaison de la hausse de l'euro et de la baisse de l'inflation - retombée en janvier à 2%, soit son niveau le plus faible depuis novembre 2012 - offre à l'institution de Francfort "un peu plus de flexibilité pour soutenir l'économie si un risque apparaît".

Par ailleurs, le patron de la BCE doit s'attendre à être interrogé sur le sujet délicat pour lui du scandale financier qui touche la banque multi-centenaire italienne Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS).

L'efficacité de la surveillance de la Banque d'Italie, qu'il a dirigé de 2006 à octobre 2011, est mise en cause dans cette affaire, alors que la BCE s'apprête à prendre la tête de la supervision bancaire européenne.


           

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