Le grand musée belge consacré à l'Afrique rouvre ce week-end après une vaste rénovation pour gommer sa réputation de vestige du passé colonial, un événement en Belgique qui se heurte à la controverse sur la restitution de biens culturels africains pillés ou acquis à bas prix.
"L'exposition permanente n'avait quasiment pas évolué depuis 1958, deux ans avant l'indépendance du Congo", a rappelé devant la presse Bambi Ceuppens, conservatrice au musée de l'Afrique, situé à Tervuren au sud de Bruxelles.
Le site, inauguré officiellement samedi et qui rouvre dimanche au public, se veut radicalement changé, à la fois agrandi et modernisé, à l'issue de cinq années de travaux pour un coût total de quelque 70 millions d'euros.
Il revendique d'offrir désormais "un regard critique" sur le passé colonial belge, et l'histoire des objets collectés sous Léopold II, qui a régné sur la Belgique de 1865 à 1909 et a longtemps géré le Congo comme sa propriété privée. L'empire colonial belge comprenait également en Afrique le Ruanda-Urundi, territoire qui deviendra le Rwanda et le Burundi après l'indépendance.
"On nous appelait souvent le dernier musée colonial au monde, donc on a voulu changer cela", a souligné le directeur général Guido Gryseels.
Résultat: certaines statues jugées caricaturales ou glorifiant trop les colons belges ont été remisées à l'écart, au sous-sol du musée. Et il est prévu, selon M. Gryseels, d'expliquer pourquoi on ne les met plus à l'honneur.
Dans ce lot figure la statue effrayante de l'homme-léopard, popularisée par Hergé dans "Tintin au Congo", une image qui a été accusée de ridiculiser les Africains.
Le musée a conservé ses millions de spécimens zoologiques, mais élargi ses horizons en ouvrant des salles dédiées aux paysages, aux minéraux ou aux langues et musiques d'Afrique.
Un travail de fond salué par la presse belge (Le Soir a vanté "une vision de l'Afrique débarrassée des démons du suprémacisme blanc"), mais qui laisse un goût d'inachevé à certains.
Un collectif d'associations d'afro-descendants réclame à l'Etat belge une commission d'experts pour déterminer la provenance exacte des objets ethnographiques (125.000 au total).
Il accuse le musée et son équipe de chercheurs de ne pas s'engager suffisamment sur la voie de la restitution.
"On ne demande pas de vider les musées, seulement la restitution des biens culturels mal acquis, des restes humains et des archives coloniales", a soutenu cette semaine Mireille-Tsheusi Robert, de l'association Bamko.
Ce débat, lancé il y a un an par le président français Emmanuel Macron, a connu un fort écho en Belgique, où vivent environ 250.000 personnes d'origine africaine, principalement congolaise.
A Kinshasa, le président Joseph Kabila compte officiellement demander des restitutions à la Belgique au printemps, à l'occasion de l'ouverture d'un musée dans la capitale congolaise.
"Tervuren possède un grand nombre de documents, nos archives, que nous voudrions récupérer", a affirmé M. Kabila au journal Le Soir.
"Je suis prêt à parler de restitution de certaines pièces mais il y a encore beaucoup de détails à discuter", a estimé de son côté M. Gryseels. Il s'est demandé notamment "comment on va définir ce qui a été acquis légalement ou illégalement".
Une autre question fait polémique, celle de la reconnaissance comme victimes de la colonisation de sept Congolais morts à l'occasion de l'exposition universelle à Bruxelles en 1897.
Pour cette exposition, le roi Léopold II avait souhaité reconstituer des villages congolais (désormais taxés de "zoos humains") dans les dépendances de son château à Tervuren. Il avait fait venir spécialement quelque 270 hommes et femmes.
Les sept d'entre eux qui sont morts de froid ou de maladie doivent être reconnus "victimes de crime colonial", a dit à l'AFP Paula Polanco, de l'association Intal-Congo.
"On veut une plaque commémorative qui rappelle très clairement le contexte historique de leur mort", a-t-elle ajouté.
A l'initiative d'Intal, un rassemblement est organisé samedi près de l'église de Tervuren là où ont été symboliquement érigées leurs sept tombes.
Le roi Philippe, lui, a préféré ne pas participer à l'inauguration du musée samedi car il "ne s'immisce pas dans les débats en cours", a fait savoir le palais royal.
"L'exposition permanente n'avait quasiment pas évolué depuis 1958, deux ans avant l'indépendance du Congo", a rappelé devant la presse Bambi Ceuppens, conservatrice au musée de l'Afrique, situé à Tervuren au sud de Bruxelles.
Le site, inauguré officiellement samedi et qui rouvre dimanche au public, se veut radicalement changé, à la fois agrandi et modernisé, à l'issue de cinq années de travaux pour un coût total de quelque 70 millions d'euros.
Il revendique d'offrir désormais "un regard critique" sur le passé colonial belge, et l'histoire des objets collectés sous Léopold II, qui a régné sur la Belgique de 1865 à 1909 et a longtemps géré le Congo comme sa propriété privée. L'empire colonial belge comprenait également en Afrique le Ruanda-Urundi, territoire qui deviendra le Rwanda et le Burundi après l'indépendance.
"On nous appelait souvent le dernier musée colonial au monde, donc on a voulu changer cela", a souligné le directeur général Guido Gryseels.
Résultat: certaines statues jugées caricaturales ou glorifiant trop les colons belges ont été remisées à l'écart, au sous-sol du musée. Et il est prévu, selon M. Gryseels, d'expliquer pourquoi on ne les met plus à l'honneur.
Dans ce lot figure la statue effrayante de l'homme-léopard, popularisée par Hergé dans "Tintin au Congo", une image qui a été accusée de ridiculiser les Africains.
Le musée a conservé ses millions de spécimens zoologiques, mais élargi ses horizons en ouvrant des salles dédiées aux paysages, aux minéraux ou aux langues et musiques d'Afrique.
Un travail de fond salué par la presse belge (Le Soir a vanté "une vision de l'Afrique débarrassée des démons du suprémacisme blanc"), mais qui laisse un goût d'inachevé à certains.
Un collectif d'associations d'afro-descendants réclame à l'Etat belge une commission d'experts pour déterminer la provenance exacte des objets ethnographiques (125.000 au total).
Il accuse le musée et son équipe de chercheurs de ne pas s'engager suffisamment sur la voie de la restitution.
"On ne demande pas de vider les musées, seulement la restitution des biens culturels mal acquis, des restes humains et des archives coloniales", a soutenu cette semaine Mireille-Tsheusi Robert, de l'association Bamko.
Ce débat, lancé il y a un an par le président français Emmanuel Macron, a connu un fort écho en Belgique, où vivent environ 250.000 personnes d'origine africaine, principalement congolaise.
A Kinshasa, le président Joseph Kabila compte officiellement demander des restitutions à la Belgique au printemps, à l'occasion de l'ouverture d'un musée dans la capitale congolaise.
"Tervuren possède un grand nombre de documents, nos archives, que nous voudrions récupérer", a affirmé M. Kabila au journal Le Soir.
"Je suis prêt à parler de restitution de certaines pièces mais il y a encore beaucoup de détails à discuter", a estimé de son côté M. Gryseels. Il s'est demandé notamment "comment on va définir ce qui a été acquis légalement ou illégalement".
Une autre question fait polémique, celle de la reconnaissance comme victimes de la colonisation de sept Congolais morts à l'occasion de l'exposition universelle à Bruxelles en 1897.
Pour cette exposition, le roi Léopold II avait souhaité reconstituer des villages congolais (désormais taxés de "zoos humains") dans les dépendances de son château à Tervuren. Il avait fait venir spécialement quelque 270 hommes et femmes.
Les sept d'entre eux qui sont morts de froid ou de maladie doivent être reconnus "victimes de crime colonial", a dit à l'AFP Paula Polanco, de l'association Intal-Congo.
"On veut une plaque commémorative qui rappelle très clairement le contexte historique de leur mort", a-t-elle ajouté.
A l'initiative d'Intal, un rassemblement est organisé samedi près de l'église de Tervuren là où ont été symboliquement érigées leurs sept tombes.
Le roi Philippe, lui, a préféré ne pas participer à l'inauguration du musée samedi car il "ne s'immisce pas dans les débats en cours", a fait savoir le palais royal.