La France s'inquiète des "événements dramatiques" en cours à Fukushima


Mardi 15 Mars 2011 - 17:03
AFP


Paris - L'accident nucléaire de Fukushima au Japon a atteint un niveau de gravité 6 sur l'échelle internationale qui en compte 7, a estimé mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), tandis que le gouvernement français, rassurant dans un premier temps, ne cachait plus sa très vive inquiétude.


La France s'inquiète des "événements dramatiques" en cours à Fukushima
Il s'agit "d'événements dramatiques, d'une ampleur considérable qu'il ne faut en aucun cas minimiser", a réagi le président Nicolas Sarkozy.

"Je me tiens informé minute par minute de l'évolution de la situation, pour en tirer toutes les conséquences nécessaires. J'aurai l'occasion au Conseil des ministres demain (mercredi) de l'évoquer", a ajouté le chef de l'Etat.

"J'aurai l'occasion de parler du nucléaire, de ce qu'il apporte à la France, de la sécurité du processus français du nucléaire mais en même temps de notre obligation de regarder ce qui s'est passé ailleurs pour faire un retour d'expérience, pour garantir aux Français que ça ne peut pas se passer chez nous", a-t-il également affirmé.

"L'enceinte de confinement du réacteur numéro 2" de la centrale de Fukushima au Japon "n'est plus étanche", a déclaré à la presse le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, pour qui "il est clair qu'on est au niveau 6". Sur cette échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES), la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (avril 1986) avait été évaluée au niveau 7.

Interrogée par l'AFP à Tokyo, l'agence de sûreté nucléaire japonaise a réfuté l'évaluation de son homologue française, maintenant son classement de l'accident au niveau 4.

L'agence japonaise a aussi assuré que l'explosion survenue au niveau du réacteur 2 n'avait pas troué l'enceinte de confinement qui entoure le coeur de ce réacteur pour l'isoler de son environnement et éviter toute contamination radioactive.

Souci de transparence ou excès de zèle? L'ASN affirme bien dans un communiqué que "deux explosions successives, à 06h10 et 10h (heure locale) ont probablement entraîné une dégradation de l'enceinte de confinement à l'origine de l'augmentation significative des rejets radioactifs détectés".

"Nous sommes très clairement dans des doses extrêmement élevées" dans les environs immédiats de la centrale, a renchéri M. Lacoste.

Les relevés des balises sur le site font notamment état "d'un débit de dose élevé, avec des pointes importantes à proximité des réacteurs 2 et 3", indique l'ASN, qui réalise ses propres simulations et scénarios à partir des données qui lui sont transmises par diverses sources (ambassade de France, Agence internationale de l'énergie atomique, etc.).

Le réacteur numéro 2, mis automatiquement à l'arrêt lors du séisme mais qui n'a pas été refroidi pendant plusieurs heures, "concentre maintenant les principales préoccupations", selon l'autorité française.

Un incendie, désormais éteint, s'est également déclaré sur le réacteur numéro 4 au niveau d'une piscine d'entreposage du combustible nucléaire usé. Selon l'ASN citant les autorités japonaises, "des rejets radioactifs sont susceptibles d'être émis directement à l'atmosphère."

Jusqu'à présent, les efforts des secours s'étaient concentrés sur les réacteurs 1 et 3, les premiers touchés par des incidents en série déclenchés par le plus fort séisme jamais enregistré au Japon et le tsunami qu'il a généré.

Ces deux phénomènes ont endommagé les systèmes de refroidissement des réacteurs 1, 2 et 3, dont les combustibles ont chauffé anormalement, entraînant une fusion partielle du coeur du réacteur. L'opérateur japonais Tepco en est réduit à injecter de l'eau de mer par le réseau incendie pour tenter de refroidir le combustible et éviter le désastre.

Le gouvernement français a organisé mardi à Matignon une réunion de crise "sur la situation au Japon". Interrogé pour savoir si "le scénario du pire" était en cours au Japon, le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a répondu "oui" à deux reprises.

L'ambassade de France au Japon a de nouveau conseillé à ses ressortissants de quitter Tokyo par précaution, même si la situation dans la capitale est jugée "saine".

"Pour l'instant, l'impact sanitaire en France est bien entendu nul", a de son côté souligné Agnès Buzyn, présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).


           

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