"La Grande Guerre de Charlie", chef d'oeuvre méconnu de la BD britannique


Jeudi 27 Octobre 2011 - 09:50
AFP


Paris - "La Grande Guerre de Charlie", chef d'oeuvre méconnu de la bande dessinée britannique des années 1980, enfin édité dans son intégralité en France, est une immersion ultra-réaliste et sans concession dans le quotidien d'un soldat de 16 ans sur le front, durant la Première guerre mondiale.


"La Grande Guerre de Charlie", chef d'oeuvre méconnu de la BD britannique
Créé par l'auteur Pat Mills et le dessinateur Joe Colquhoun, "Charley's War", de son titre originel, est une série de huit volumes publiés entre 1979 et 1988 au Royaume-Uni. Considérée outre-Manche comme une des meilleures BD anglaises, cette oeuvre n'avait jamais été publiée en France, hormis quelques épisodes parus dans les magazines "Bengali" et "Pirates".

La société d'éditions 360 Media Perspective et la maison Cà et Là, dénicheuse de talents étrangers en dehors du circuit franco-belge dominant, se sont donc chargées de réparer cet oubli hexagonal.

Ce premier volume, qui sera suivi d'un deuxième au premier trimestre 2012, se déroule entre le 2 juin et le 1er août 1916. Charlie Bourne n'a que 16 ans, mais brûle de rejoindre les Tommies, les soldats de l'armée britannique engagés dans la Première guerre mondiale. Il y parvient en mentant sur son âge et se retrouve enrôlé à quelques jours du début de la bataille de la Somme, qui fera, en presque cinq mois, environ un million de victimes.

Le récit montre l'atrocité de la guerre: tranchées infestées de rats, attaques au gaz, menace des snipers, automutilations pour fuir l'enfer, exécutions sommaires, traversée du no man's land, comptage des survivants après la bataille...

Tout y est détaillé avec minutie grâce à un considérable travail de documentation, à tel point que certains vétérans et spécialistes ont été stupéfaits d'y découvrir des éléments inconnus, les laissant parfois incrédules, comme Pat Mills l'explique en fin d'album.

Car hormis quelques éléments issus de son imagination, les situations décrites sont bien tirées de faits réels, tout comme le décorum, reproduit par le dessin précis de Colquhoun (décédé en 1987), est authentique: du sniper affublé d'une armure moyen-âgeuse, aux masques à gaz sur les chevaux, en passant par les étonnantes cartes postales que Charlie envoie à ses proches.

Mais plus que son impressionnant réalisme, c'est le souffle d'humanité qui en émane qui fait de "La Grande Guerre de Charlie" une oeuvre si singulière.

Mills cite comme référence cinématographique "A l'Ouest rien de nouveau" (Lewis Milestone), mais on pense également aux "Sentiers de la gloire" de Stanley Kubrick, pour le manifeste "anti-guerre" délivré par ces films, mais aussi le soin mis à tenter de démontrer qu'une lutte de classes se cache derrière tout conflit.

Ainsi, quand les soldats jouent leur vie (60.000 victimes britanniques au premier jour de la bataille de la Somme), les officiers jouent leur carrière. Et quand des soldats refusent de se sacrifier en première ligne, des officiers n'hésitent pas à les faire exécuter par le peloton.

("La Grande Guerre de Charlie" - Pat Mills, Joe Colquhoun - 360 Media Perspective, Cà et Là - 112 p. - 19,50 euros)


           

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