La Grèce, de retour sur les marchés, espère signer la fin de crise


Jeudi 10 Avril 2014 - 18:24
AFP


La Grèce a fait jeudi un retour réussi sur le marché de la dette à moyen terme, salué par les investisseurs et par les créanciers du pays (UE et FMI) qui ont toutefois insisté sur la nécessité de poursuivre les réformes.


La vente, sursouscrite au moins huit fois, de 3 milliards d'euros d'obligations à cinq ans assorties d'un coupon annuel de 4,75%, apparaît comme une réussite pour un pays encore classé par les agences de notations parmi les valeurs spéculatives.

"Les marchés internationaux ont exprimé d'une façon incontestable leur confiance dans l'économie grecque, l'avenir de la Grèce et la capacité de la Grèce à sortir de la crise", s'est félicité le Premier ministre Antonis Samaras, qui attend vendredi la visite de grande importance symbolique de la chancelière allemande Angela Merkel.

Qualifiant cette émission de "test", il a estimé qu'elle "ouvrait la voie à un taux d'intérêt plus bas" pour les prochains emprunts grecs.

De leur côté, les créanciers du pays, Union européenne (UE) et Fonds monétaire international (FMI), qui ont apporté ensemble 240 milliards d'euros de prêts au pays depuis 2010, ont salué aussi la réussite du placement.

C'est "un premier et important pas pour le retour du pays sur les marchés", a indiqué le commissaire actuellement en charge des Affaires économiques Siim Kallas.

Imputant ce succès à l'amélioration des marchés de dette des pays de la zone euro, M. Kallas a indiqué que cette opération est "un signe de confiance des investisseurs et "reflète les résultats positifs des réformes effectuées par le pays".

Il a toutefois souligné qu'il était "crucial" pour les Grecs de continuer à respecter le programme d'assainissement de leur économie.

Sur la même ligne, la directrice générale du FMI Christine Lagarde a indiqué qu'Athènes avançait "dans la bonne direction" et que son retour complet sur les marchés "se profilait à l'horizon".

"Le test que les autorités (grecques) voulaient mettre en place a été couronné de succès" mais "il y a encore beaucoup à faire", a-t-elle toutefois ajouté, affirmant que le programme d'aide n'était pas "encore fini".

Les analystes étrangers avaient pour certains la dent dure.

- "Opportunisme préélectoral" -

Ishaq Siddiqi, stratégiste chez ETX Capital, notait que l'appétit pour les obligations grecques tenait plus à l'amélioration de la situation dans la zone euro qu'aux fondamentaux "en lents progrès" de l'économie grecque.

"En un sens, vous pouvez dire que les investisseurs achètent des obligations grecques garanties par l'Allemagne et la BCE", selon lui.

Plus cinglant encore, Christopher Dembik de Saxo Banque rappelait que même "le Sri Lanka est parvenu encore récemment à faire une émission à même échéance avec un rendement d’environ 5%".

Pour lui, la réussite de jeudi est surtout "la résultante d’un retour global de la confiance, l’économie et les finances grecques suscitant toujours l'inquiétude". La dette publique y est en effet toujours très élevée à 175% du PIB et le pays espère un éventuel coup de rabot des banques centrales européennes qui la détiennent en majorité.

Alors que le gouvernement triomphait après ce retour anticipé sur les marchés, le début de journée avait été marqué par l'explosion d'une voiture piégée près de la Banque de Grèce, en plein Athènes, qui n'a pas fait de victimes mais a fait passer un souffle d'inquiétude sur cette étape hautement symbolique.

L'attentat, peu avant 03h00 GMT, à quelques centaines de mètres du Parlement, a été commis au moyen d'une voiture piégée de 75 kilos d'explosifs.

Les attentats, généralement sans victime, visant des cibles économiques, institutionnelles, politiques, sont fréquents en Grèce et généralement attribués à la mouvance anarchiste.

L'opposition a critiqué pour sa part "ce retour sur les marchés qui répond à l'opportunisme préélectoral du gouvernement", comme a lancé Alexis Tsipras, chef de la Gauche radicale Syriza, qui est au coude à coude avec le parti Nouvelle Démocratie (droite) de M. Samaras dans les sondages avant les élections nationales et européennes.

Syriza ne cesse de souligner le coût des politiques d'austérité suivies pendant quatre ans et qui ont fait exploser le chômage, à encore 26,7% en janvier.


           

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