La Guadeloupe s'embrase, 6 policiers blessés par balles


Mercredi 18 Février 2009 - 09:28
Le Point.fr


La contestation a franchi un nouveau palier en Guadeloupe dans la nuit de mardi à mercredi. Au moins six fonctionnaires des forces de l'ordre ont été légèrement blessés par des tirs d'armes à feu alors que les affrontements avec les jeunes se multiplient.


La Guadeloupe s'embrase, 6 policiers blessés par balles
D'après la préfecture, plusieurs magasins ont été pillés à Pointe-à-Pitre et des barrages, dont certains enflammés, sont dressés dans plusieurs rues de la ville, désertées par les habitants. Trois policiers ont été légèrement blessés par des tirs d'armes à feu dans une cité de la ville, où ils avaient été appelés pour une intervention.
À Baie-Mahault, à 10 km de la capitale, de violentes échauffourées ont opposé dès 19 heures, heure locale - minuit, heure de Paris - une centaine de jeunes à des gendarmes mobiles, selon le maire de la ville, Ary Chalus. Certains d'entre eux, munis de fusils à pompe, ont tiré à balles réelles, faisant trois blessés légers parmi les gendarmes. Trois jeunes ont également été interpellés. Au Bas-du-fort, dans la banlieue de Pointe-à-Pitre, des coups de fusil se sont fait entendre et des policiers en cherchaient la provenance. Les communes de Capesterre-Belle-Eau, Saint-François sont également touchées.
Après ces pillages, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a lancé mercredi matin "un appel au calme", sur Europe 1. "La place des uns et des autres, elle est d'avantage autour de la table que sur les barricades", a-t-il assuré sur Europe 1. "Nous sommes autour de la table, puisqu'il y a une médiation qui est en cours. La volonté du gouvernement c'est de faire aboutir la médiation qui a lieu en ce moment entre les partenaires sociaux", a poursuivi le porte-parole, récusant tout désengagement gouvernemental.
"Renforcer la mobilisation"
Face à cet embrasement, le "collectif contre l'exploitation" (LKP), qui mène la grève générale qui paralyse l'île et son activité économique depuis le 20 janvier, avait déjà, mardi en milieu de soirée, appelé "au calme" sur Radio Caraïbe International (RCI). "Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger", a répété en créole aux jeunes sur RCI le leader charismatique du LKP, Élie Domota. "Ne répondez pas à la provocation", a-t-il insisté, demandant dans le même temps au préfet de "retirer ses gendarmes". Vers 20 heures locales, sur RFO Télé-Guadeloupe, il avait appelé les manifestants à "laisser les gendarmes débarrer et à reconstituer les barrages après leur départ". Appelant à "renforcer la mobilisation", il avait aussi affirmé que "plus il y a de Guadeloupéens sur les routes, plus Sarkozy, Fillon et consorts comprendront qu'il faut satisfaire nos revendications".
Ce regain de violences survient alors que le président de la République doit recevoir jeudi à Paris les parlementaires et présidents des collectivités territoriales de Guadeloupe et Martinique. Lundi matin, les militants du LKP avaient dressé de nombreux barrages. Dans la nuit, des bandes de jeunes s'en étaient pris aux forces de l'ordre. Les revendications du LKP portent notamment sur la cherté de la vie, dans des Antilles françaises où quasiment tout est importé, alors que le taux de chômage est le plus élevé de l'Union européenne et le PIB par tête deux fois inférieur à la métropole. Le conflit social a cristallisé un profond malaise autour des problèmes économiques et sociaux, sur un fond historique marqué par l'esclavage.


           

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