La Russie limoge le directeur du Bolchoï miné par les scandales


Mercredi 10 Juillet 2013 - 09:17
AFP - Eleonore DERMY


Moscou - Le directeur du Bolchoï, Anatoli Iksanov, a été limogé mardi par les autorités russes, une décision destinée à endiguer la vague de scandales qui secouent le plus célèbre théâtre du pays depuis l'agression à l'acide commise contre son directeur artistique en janvier.


La Russie limoge le directeur du Bolchoï miné par les scandales
Le ministre de la Culture Vladimir Medinski a annoncé lors d'une conférence de presse que M. Iksanov serait remplacé à ce poste par Vladimir Ourine, jusqu'à présent directeur du théâtre Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko, une autre scène prestigieuse de Moscou.

Le contrat de M. Iksanov, 61 ans, qui dirigeait le Bolchoï depuis 2000, devait prendre fin en octobre 2014.

Medinski a souligné que cette décision avait été prise en raison de la "situation difficile" dans lequel se trouve le théâtre depuis l'attaque à l'acide le 17 janvier contre Sergueï Filine, grièvement brûlé au visage et aux yeux.

Après avoir subi une greffe de peau et plusieurs interventions aux yeux en Russie, Sergueï Filine poursuit des traitements en Allemagne, qui n'ont pas permis pour l'heure de lui faire retrouver la vue.

Iksanov "a travaillé au Bolchoï pendant 13 ans, il a beaucoup fait: la reconstruction est achevée, une nouvelle scène a été ouverte", a déclaré Medinski.

"Mais tout le monde sait parfaitement que les forces humaines ont des limites. La situation difficile montre que le théâtre a besoin de renouvellement", a-t-il ajouté.

Il n'a pas donné plus de détails sur les motifs du licenciement de Iksanov, nommé dans la foulée conseiller du ministre de la Culture.

L'agression dont a été victime le directeur artistique du Bolchoï a révélé au grand jour les rivalités féroces au sein de l'institution mondialement connue.

Début juin, le Bolchoï avait annoncé qu'il se séparait de son danseur étoile Nikolaï Tsiskaridzé, en conflit ouvert avec Iksanov et rival de Filine.

Le danseur, qui n'a jamais caché ses ambitions de prendre la tête du Bolchoï, a été accusé presque ouvertement par la direction du théâtre d'être derrière l'attaque, même si un autre danseur étoile, Pavel Dmitritchenko, est en détention provisoire depuis mars pour cette affaire.

D'autres scandales ont agité ces dernières semaines l'institution.

La danseuse étoile Svetlana Zakharova, mondialement connue, a récemment renoncé à danser dans la première du ballet Oneguine du chorégraphe sud-africain John Cranko avec l'étoile américaine David Hallberg, prévue vendredi.

Selon des médias russes, elle a pris cette décision après avoir appris qu'elle ne danserait pas lors des premières représentations, les plus prestigieuses.

La porte-parole du théâtre a toutefois indiqué que la répartition des spectacles entre les danseurs avait été décidée par l'équipe des metteurs en scène du ballet de Stuttgart.

Quelques temps auparavant, Svetlana Lounkina, une danseuse étoile qui avait fui la Russie pour le Canada après avoir reçu des menaces, avait dénoncé dans une interview au quotidien Izvestia l'atmosphère "malsaine" qui régnait selon elle au Bolchoï.

Elle avait notamment affirmé que le directeur artistique, Sergueï Filine, imposait des danseurs de son choix aux chorégraphes étrangers qui travaillaient au Bolchoï, suscitant parfois de vives protestation de ces derniers.

Le nouveau directeur, Vladimir Ourine, 66 ans dont 18 passés à la tête du théâtre Stanislavski, a déclaré vouloir apaiser la situation.

"Je ne compte pas faire de révolution et je comprends parfaitement que dans ce théâtre, comme dans n'importe quel autre, un homme ne peut rien faire tout seul", a-t-il déclaré.

"J'espère vraiment que la plupart des gens travaillant dans ce théâtre, des gens talentueux et remarquables, seront mes alliés, et ce n'est qu'ainsi que nous pourrons régler les problèmes actuels", a-t-il ajouté.

Les milieux artistiques ont salué le choix du ministère de la Culture.

Le critique Vadim Gaevski, a souligné que la tâche de M. Ourine serait de "soumettre la troupe à une sérieuse discipline".

"Ourine est un directeur très expérimenté, qui a une vision très claire du théâtre musical contemporain", a, de son côté, commenté pour l'AFP le critique Alexeï Parine, soulignant que sous sa direction, le théâtre Stanislavski avait acquis une notoriété internationale.


           

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