La bande de Gaza sous le feu d'Israël lancé à la recherche d'un des siens


Samedi 2 Août 2014 - 11:39
AFP


Gaza (Territoires palestiniens) - La bande de Gaza dévastée par 26 jours de guerre était soumise samedi au bombardement meurtrier de l'armée israélienne engagée dans un combat contre le Hamas et désormais à la recherche d'un de ses soldats porté disparu.


Vingt-quatre heures après qu'une illusion de cessez-le-feu eut volé en éclats, les chances d'une trêve paraissaient plus éloignées que jamais dans un conflit qui a fait plus de 1.600 morts palestiniens depuis le 8 juillet.

Une délégation palestinienne était attendue ce samedi au Caire pour de nouvelles discussions. Les Israéliens ne devraient eux pas décider avant samedi soir s'ils reprennent des négociations, a indiqué à l'AFP un responsable sous couvert de l'anonymat.

Pour Israël, il ne s'agit plus seulement, comme au début de l'opération "bordure protectrice", de réduire le danger représenté depuis la bande de Gaza par l'organisation islamiste du Hamas. Depuis vendredi, l'armée emploie aussi sa force à retrouver un sous-lieutenant de 23 ans.

Selon l'armée, Hadar Goldin a probablement été capturé par l'ennemi vendredi matin près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Pour Israël, la capture d'un de ses soldats est le casus belli par excellence.

La branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a assuré ne pas disposer d'informations sur le soldat, tout en revendiquant l'implication de ses combattants dans l'embuscade qui se serait soldée par sa capture. Pour elle, le soldat a peut-être été tué en même temps que des combattants des brigades.

C'est à la suite de la disparition du sous-officier que le feu s'est à nouveau déchaîné sur la bande de Gaza vendredi, pulvérisant moins de deux heures après son entrée en vigueur le premier cessez-le-feu accepté conjointement par les belligérants. Toutes les autres trêves, également avortées, avaient été unilatéralement proclamées par l'un ou l'autre.

 

- Une famille décimée -

 

Depuis l'échec du cessez-le-feu, au moins 107 personnes ont été tuées près de Rafah sous les bombes israéliennes dans l'un des territoires les plus densément peuplés au monde, ravagé et asphyxié, selon les secours locaux. Trente-cinq sont mortes depuis minuit.

Quinze des victimes, dont cinq enfants de 3 à 12 ans, appartenaient à la même famille, a précisé le chef des secours Achraf al-Qodra.

La guerre a coûté la vie à environ 1.650 Palestiniens, très majoritairement des civils, selon M. Qodra. Côté israélien, 63 soldats et 3 civils ont été tués.

Samedi matin, l'aviation israélienne bombardait la ville de Gaza et ses alentours, selon des journalistes de l'AFP. Une mosquée a été détruite à Jabalia (nord), et des maisons réduites en ruines en bordure de la plage de Gaza.

"Vers 5H00 du matin, un F-16 a bombardé les maisons ici. Tout est détruit. Il y a eu des blessés mais pas de morts", a dit sur place Mahmoud Abou Issa, 58 ans, père de 10 enfants. La frappe a creusé un cratère dans ce pâté de maisons devenu un enchevêtrement de béton, d'acier, de chaises en plastique, duquel les habitants tentaient d'extirper quelques objets encore utilisables.

"Les Israéliens détruisent tout ce que nous avons et la communauté internationale ne fait rien", ajoute Mahmoud Abou Issa, une dizaine d'hommes opinant du chef autour de lui.

Côté israélien, le système de défense antimissiles Iron Dome a intercepté deux roquettes tirées sur Tel-Aviv et une autre sur Beersheva (sud), a indiqué l'armée israélienne.

 

- Une trêve "très difficile" -

 

C'est précisément pour faire cesser ces tirs de roquettes, et pour détruire les réseaux de souterrains permettant aux combattants palestiniens de porter la menace sur le territoire israélien qu'Israël est à nouveau entré en guerre le 8 juillet.

Le président américain Barack Obama, dont le pays est le principal allié d'Israël, a réaffirmé vendredi le droit d'Israël à se défendre. Lui et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon ont clairement remis en question la crédibilité du Hamas, commanditaire ou non de la capture du soldat Goldin, après l'éclatement du cessez-le-feu, et ont réclamé la libération du sous-officier.

M. Obama a dénoncé les agissements "incroyablement irresponsables" du Hamas, mais aussi affirmé à l'attention d'Israël la nécessité de veiller davantage à ce que les populations civiles soient épargnées.

Mais l'obtention d'une nouvelle trêve sera "très difficile (...) si les Israéliens et la communauté internationale ne peuvent pas avoir confiance" dans les engagements du Hamas, a-t-il dit.

Une délégation palestinienne composée de représentants du Hamas, de son allié le Jihad islamique et du Fatah est néanmoins annoncée au Caire samedi pour tenter de relancer l'effort de pause dans les combats.

Le président égyptien Abdel Fattah Sissi a estimé avant la rencontre que "l'initiative égyptienne (était) une réelle chance pour mettre fin à la crise et au bain de sang à Gaza".

Ces discussions prévues avec des médiateurs égyptiens et associant les Américains étaient programmées vendredi et devaient permettre de capitaliser sur le cessez-le-feu pour parvenir à une trêve durable. Mais elles ont été différées avec les évènements de Rafah. On ignore si et quand les Israéliens pourraient s'asseoir à la table des discussions.



           

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