La chanteuse Aretha Franklin, "reine de la soul", est morte


Vendredi 17 Août 2018 - 10:36
Reuters


New York - Aretha Franklin, que sa voix puissante et son charisme avaient élevée pendant des décennies au rang incontesté de “Queen of soul” (“reine de la soul”), s’est éteinte jeudi à l’âge de 76 ans, a annoncé son label.


La chanteuse de “Respect” a obtenu 18 Grammy Awards et 25 disques d’or au long d’une carrière entamée en 1956, qui a fait d’elle une icône de la musique noire et une des personnalités afro-américaines les plus connues.

Souffrant d’un cancer du pancréas, elle avait récemment été placée en soins palliatifs à son domicile, près de Detroit. “Nous avons perdu la matriarche et le roc de notre famille. L’amour qu’elle avait pour ses enfants, ses petits-enfants, ses nièces, ses neveux et ses cousins ​​ne connaissait pas de limites”, a réagi sa famille dans un communiqué.

Au fil de sa carrière, Aretha Franklin a accumulé les succès comme “I Say A Little Prayer”, “Chain of Fools”, “Think”, “(You Make Me Feel Like) A Natural Woman” ou l’inoubliable “Respect”, reprise d’un titre d’Otis Redding dont elle a fait un chant de ralliement du mouvement d’émancipation de la communauté afro-américaine mais aussi de la cause féministe.

OBAMA: “DANS SA VOIX, NOUS RESSENTIONS NOTRE HISTOIRE”

Elle a chanté lors des funérailles du leader des droits civiques Martin Luther King après son assassinat, en 1968, et participé en 2009 à la cérémonie d’investiture de Barack Obama, premier président noir de l’histoire des Etats-Unis.

“Aretha a contribué à définir l’expérience américaine. Dans sa voix, nous ressentions notre histoire, toute notre histoire, notre puissance et notre souffrance, notre obscurité et notre lumière, notre quête de rédemption et notre respect durement gagné. Puisse la reine de la soul reposer dans la paix éternelle”, a réagi ce dernier.

“Elle nous a aidés à nous sentir plus reliés les uns aux autres, plus optimistes, plus humains”, ajoute-t-il dans un communiqué cosigné avec son épouse, Michelle.

Seize ans plus tôt, Aretha Franklin avait déjà chanté à l’investiture d’un autre président démocrate, Bill Clinton, qui a rendu hommage jeudi, dans un communiqué cosigné par son épouse Hillary, à une femme “élégante, gracieuse et intransigeante dans son art”.

Donald Trump, l’actuel occupant de la Maison blanche, a pour sa part écrit sur Twitter: “La reine de la soul, Aretha Franklin, est morte. C’était une femme formidable, avec un magnifique don de Dieu, sa voix. Elle manquera !”

LE TOURNANT CHEZ ATLANTIC RECORDS
Née le 25 mars 1942 à Memphis, dans le Tennessee, élevée à Detroit, Aretha Franklin était la fille d’un prédicateur baptiste, le révérend C.L. Franklin, figure respectée du mouvement des droits civiques mais arrêté pour possession de drogues.

Sa mère avait quitté le domicile familial dans des circonstances jamais éclaircies alors qu’elle n’avait que six ans, la laissant seule avec son père et ses quatre frères et soeurs. Elle était morte quatre ans plus tard. Jamais Aretha Franklin n’a évoqué publiquement ses parents.

A l’âge de dix-sept ans, Aretha Franklin était déjà mère de deux enfants. Elle a eu deux autres garçons par la suite. Elle a été mariée deux fois, avec Ted White, devenu son manager, époux violents, puis avec l’acteur Glynn Turman, dont elle a divorcé en 1984.

Côté musique, Aretha Franklin a fait ses débuts dans un groupe de gospel avant de signer chez Columbia Records en 1961.

Ses premiers succès ont suivi son arrivée dans une autre maison de disques, Atlantic Records, où le producteur Jerry Wexler a su tirer le meilleur parti de sa voix puissante et chargée d’émotion, faisant oublier sa timidité, son mauvais caractère et sa propension à oublier de monter sur scène.

Auteur-compositrice mais aussi pianiste, Aretha Franklin a marqué de son empreinte pendant plus de cinquante ans aussi bien la soul music du sud des Etats-Unis que le gospel, le funk, le rhythm & blues ou encore le jazz.

Mais son influence va encore au-delà: en 1987, elle est devenue la première femme à intégrer le Rock and Roll Hall of Fame et, en 2010, le magazine Rolling Stone l’a couronnée plus grande chanteuse de l’ère du rock.

“La musique pop contemporaine est riche de voix gospel et de chanteuses issues du moule créé par Aretha”, écrivait Jerry Wexler, mort en 2008, dans son autobiographie. “Aretha est devenue un modèle pour des artistes comme Chaka Khan, Natalie Cole, Donna Summer, Whitney Houston, la liste de ses disciples est longue.”

“LA PLUS GRANDE ARTISTE SOUL DE TOUS LES TEMPS”

Les hommages ont afflué à l’annonce de sa mort. L’ex-Beatle Paul McCartney, Barbara Streisand, Bette Midler, Willie Nelson ou bien encore Smokey Robinson ont salué sa mémoire.

“Je prie pour le merveilleux esprit doré d’Aretha Franklin”, a tweeté la chanteuse Diana Ross.

“La puissance de ta voix dans la musique et dans le mouvement des droits civiques nous a ouvert la porte, à moi et à tant d’autres. Tu étais mon inspiration, ma mentor et mon amie”, a commenté Mariah Carey. “Aujourd’hui le monde entier te pleure et célèbre l’éclat que tu laisses derrière toi.”

Bernice King, fille de Martin Luther King, a estimé que sa génération avait été “bénie d’avoir vécu dans le même monde qu’Aretha Franklin. Au-delà de sa formidable voix de chanteuse, elle était une voix du mouvement des droits civiques”, a-t-elle noté.

Aretha Franklin avait donné son dernier concert en novembre dernier pour la fondation contre le sida d’Elton John. “Elle n’était visiblement pas bien, et je n’étais pas sûr qu’elle pourrait chanter. Mais Aretha l’a fait et elle a tout emporté. Elle a chanté merveilleusement, et nous pleurions tous. Nous étions face à la plus grande artiste soul de tous les temps”, a dit Elton John.

Le maire de Détroit, Mike Duggan, a salué la mémoire d’une chanteuse “sans égal”. Aucun habitant de la ville, a-t-il expliqué, n’a été aimé comme Aretha Franklin et ne laissera une trace aussi indélébile.

“Tout au long de son extraordinaire vie et carrière, elle a obtenu l’amour - et, oui, le respect - de millions de gens, pas seulement pour elle-même et pour les femmes du monde entier, mais aussi pour la ville qu’elle aimait”, dit Mike Duggan dans un communiqué.


           

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