La collection Berardo à Paris: l'insatiable appétit d'art d'un self-made man


Mardi 2 Septembre 2008 - 15:22
AFP


PARIS (AFP) - Le musée du Luxembourg à Paris présente à partir de jeudi une sélection de 74 peintures du XXème siècle provenant de la vaste collection rassemblée en une quinzaine d'années par José Berardo, un riche homme d'affaires portugais, avide d'art et soucieux d'en faire profiter le public.


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L'exposition illustre divers mouvements artistiques du siècle dernier, comme le surréalisme, l'abstraction géométrique en Europe entre les deux guerres, le nouveau réalisme français, le pop art américain ou encore les recherches de l'après-guerre. Elle offre une promenade pédagogique, de Joan Miro à Andy Warhol, en passant par Jackson Pollock et Nicolas de Staël. Sans oublier la portugaise Maria Helena Vieira da Silva.

Présentées jusqu'au 22 février, les oeuvres proviennent du musée Collection Berardo ouvert à Lisbonne mi-2007, après des années de discussion qui ont fini par aboutir à un partenariat entre l'homme d'affaires et le gouvernement portugais. L'Etat a apporté les locaux -le centre culturel de Belem- et gère le musée. José Berardo a mis en dépôt sa collection de près de 900 oeuvres pendant dix ans. Pendant cette période, l'Etat dispose d'une option d'achat exclusive de la collection au prix de 316 millions d'euros.

Self-made man, José Berardo est né pauvre, à Madère, en 1944. Petit dernier d'une famille nombreuse, il quitte l'école à 13 ans. Mais a déjà le goût des collections: timbres, boîtes d'allumettes.

Il émigre à 19 ans en Afrique du Sud où il fait fortune notamment dans le commerce de l'or. C'est là qu'il fait ses premiers pas vers l'art, raconte-t-il à l'AFP. Il sourit encore de son premier achat, en 1969: un portrait de femme qu'il ramène fièrement à la maison, pensant avoir acheté un vrai tableau. Son épouse le ramène à la réalité: l'original se trouve au Musée du Louvre à Paris et s'intitule "La Joconde". "J'ai toujours cette reproduction", confie José Berardo, tout de noir vêtu.

Agé de 64 ans, l'homme d'affaires, dont la fortune était estimée à 1,8 milliard de dollars en mai 2008 par Forbes, souligne qu'il n'a "jamais rien revendu" dans le domaine de l'art, "même ses erreurs". "Je n'ai jamais considéré l'art comme un investissement", déclare-t-il.

Il reconnaît qu'il n'est "pas un expert" mais il "prend des avis" de spécialistes. "Avec lui, tout est affaire de persuasion", souligne André Cariou, le commissaire de l'exposition. Berardo achète aux enchères, dans des galeries ou auprès de collectionneurs.

Ses préférences artistiques profondes, il ne les livre pas. "Chez moi, c'est différent de ma collection. C'est mon propre goût, mon plaisir", se contente-il d'indiquer.

"Ce qui m'importe, c'est de préserver et de rassembler" les oeuvres et d'éviter leur dispersion, ajoute-t-il. "La culture ne connaît pas les frontières. Elle appartient à tout le monde. Il faut la partager", considère le collectionneur.

Il a beaucoup insisté pour qu'à Lisbonne, le musée Collection Berardo soit gratuit. "Enfant, j'avais très envie d'entrer au musée mais c'était payant", se souvient-il.

José Berardo est un "personnage curieux", qui "joue un peu les naïfs" et "n'aime pas les flatteries", souligne André Cariou, conservateur en chef du patrimoine et spécialiste de la peinture du XXème siècle. "Sa collection n'avait jamais vraiment été étudiée. J'ai fait plein de découvertes", indique le commissaire de l'exposition.


           

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