La disparition du satellite Express-AM4, nouveau coup dur pour la Russie


Vendredi 19 Août 2011 - 17:03
AFP


Moscou - La disparition du satellite Express-AM4 porte un nouveau coup dur à la Russie, qui en a déjà perdu quatre en moins d'un an, et écorne un peu plus sa réputation de leader mondial pour le lancement de tels engins, selon des experts.


La disparition du satellite Express-AM4, nouveau coup dur pour la Russie
Moscou a perdu le contact jeudi avec un puissant satellite de télécommunications, Express-AM4, lancé la veille depuis le cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan par une fusée Proton.

Depuis, la confusion règne sur son sort. Jeudi, une source au sein de Roskosmos indiquait que l'engin aurait été retrouvé sur une mauvaise orbite, mais l'Agence spatiale russe (Roskosmos) ne s'est toujours pas exprimée officiellement sur le sujet.

"Il faut encore du temps pour comprendre sur quelle orbite il s'est placé et si on peut encore le récupérer", a déclaré vendredi Dmitri Peskov, porte-parole du Premier ministre Vladimir Poutine.

Cet incident entame à nouveau le crédit de la Russie, leader mondial pour les lancements de satellites, mais qui vit en grande partie sur ses acquis de l'époque soviétique.

En décembre 2010, trois satellites Glonass étaient retombés dans l'océan Pacifique après l'échec de leur mise en orbite, provoqué par une surcharge de carburant dans le lanceur. Puis en février, Moscou avait perdu le contact avec un satellite militaire.

Cette série d'échecs, qui ont assombri les commémorations du 50e anniversaire du vol dans l'espace de Youri Gagarine, a abouti au limogeage du chef de Roskosmos, Anatoli Perminov, et à son remplacement par le vice-ministre de la Défense, Vladimir Popovkine.

Ironie du sort, ce dernier confiait la semaine dernière que l'Agence spatiale russe comptait délaisser les vols habités dans l'espace au profit de projets plus rentables comme les systèmes de communication.

"C'est une grosse perte pour les objectifs de la Russie et une vexation pour Roskosmos et le ministère des Télécommunications", souligne Alexandre Golts, expert indépendant.

Roskosmos risque de devoir reporter ses prochains lancements, a indiqué vendredi une source travaillant au cosmodrome de Baïkonour, citée par l'agence Interfax.

"Dans un avenir proche - c'est une question d'un ou deux jours- une décision doit être prise sur la suspension des prochains lancements de fusées Proton", a déclaré cette source qui a pour sa part jugé "inévitable" leur report.

Le ministère russe des télécommunications a pour sa part déjà reconnu que si cette perte était confirmée, cela porterait un "sévère coup" au secteur.

Créé sur la base de la plate-forme Eurostar-300, dans le cadre de la coopération entre le centre Khrounitchev et la société européenne EADS Astrium, l'appareil, qui pèse un peu plus de 5 tonnes et a une durée de vie de 15 ans, devait assurer des services de communication et télédiffusion à la Russie et aux pays de la Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les pays baltes et la Géorgie).

Il devait en particulier permettre la mise en place de la télévision numérique dans 19 régions russes, un enjeu crucial pour les plus reculées d'entre elles.

"La Russie n'avait pas l'expérience de fabrication de tels satellites, il est deux à trois fois plus puissant que nos autres satellites de communication", explique à l'AFP Sergueï Pekhterev, directeur de l'entreprise de télécoms Race Telecom.

Toutes les capacités de l'engin avaient été vendues avant même son lancement, ce qui est "très rare", souligne-t-il.

"Ce n'est pas une tragédie et les télécommunications seront assurées, mais le développement du secteur va être freiné pendant deux-trois ans, le temps de fabriquer et lancer un nouveau satellite", estime-t-il.


           

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