La fièvre du polar venu du froid enflamme les lecteurs


Vendredi 9 Juillet 2010 - 12:54
AFP


Paris - Stieg Larsson et sa trilogie "Millenium" aux millions de lecteurs, Camilla Läckberg, étoile montante du suspense, Henning Mankell et son inspecteur Wallander: la Scandinavie est devenue la nouvelle patrie du polar et les best-sellers venus du froid dopent les éditeurs.


Henning Mankell
Henning Mankell
Les paysages rudes de Scanie, en Suède, la noirceur des banlieues de Bergen ou la micro-société islandaise sont devenus familiers de tous les fans de thrillers. Désespoir, humour, réalisme, introspection et une bonne dose d'autodérision constituent les ingrédients de cet engouement "nordique".

Trois Suédois se retrouvent dans le "Top 10" 2009 des auteurs européens: Stieg Larsson, Camilla Läckberg et Henning Mankell.

La saga de Larsson, décédé en 2004 avant d'achever le 4e tome de "Millenium", s'est vendue à près de 8 millions d'exemplaires dans le monde. Les deux derniers films, fin juin et fin juillet, devraient encore doper les ventes.

En France, plus d'1,5 million d'exemplaires se sont arrachés depuis la publication du premier tome en novembre 2006 par Actes Sud. "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" a été le livre le plus vendu en France en 2008.

Une sombre dispute déchire toujours sa famille, père et frère s'opposant à la veuve de l'écrivain sur les droits d'auteur. Eva Gabrielsson va publier prochainement un livre consacré à son ex-compagnon.

Plusieurs manuscrits inédits de Larsson ont par ailleurs été remis à la Bibliothèque nationale suédoise.

Actes Sud (collection Actes Noir) a publié depuis d'autres auteurs venus des brumes nordiques comme Camilla Läckberg, jeune Suédoise qui situe ses intrigues dans sa ville natale de Fjällbacka et dont la trilogie s'est vendue à 700.000 exemplaires. Le premier tome "La princesse des glaces" (350.000 exemplaires) a déjà été retiré 35 fois ! Le dernier, "L'oiseau de mauvais augure", est déjà en réimpression.

"Ces polars nordiques sont très près du réel, en prise avec la société. Il y a là un exotisme du cadre, des héros plus flegmatiques et désabusés", explique Manuel Tricoteaux, directeur d'Actes Noir.

Avant eux, Henning Mankell --qui a récemment participé à la flottille pour Gaza-- avait déjà renouvelé le genre avec son héros désabusé Kurt Wallander, aux prises avec l'interminable hiver et les ratés de la société suédoise.

Si le grand public la découvre depuis peu, la littérature policière scandinave ne date pas d'hier.

Il y a près de 35 ans, Maj Sjöwall et Per Wahlöö, avaient fondé le genre avec une peinture au vitriol de la social-démocratie suédoise. Plusieurs de leurs romans sortent chez Rivages Noir.

"C'est sans doute Millenium qui a fait redécouvrir au public cette littérature. D'un seul coup, cela a été la ruée vers ce domaine inexploré, avec un sentiment de nouveauté et la plongée dans les coulisses d'une société jugée par beaucoup exemplaire et ainsi démystifiée", souligne à l'AFP François Guérif, directeur de la collection Rivages Noir Payot.

Dès 1946, le père de Maigret, Georges Simenon, l'avait pressenti: "il y a là une atmosphère qui se prête particulièrement bien au roman policier".

C'est un jeune commissaire, Eric Winter, exerçant aussi ses talents en Espagne ou en Angleterre, qui est le héros du Suédois Ake Edwardson. Ses romans sont traduits en vingt langues dont le français (Jean-Claude Lattès).

L'Islande a rejoint ce cercle depuis peu avec Arnaldur Indridason et "L'Homme du lac" (Anne-Marie Métailié), à mi-chemin entre polar et espionnage. Il a entraîné dans son sillage Arni Thorarinsson et Jon Hallur Stefànsson, ouvrant les portes de l'Europe à des polars troublants.


           

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