"La gifle" : un roman coup de poing sur une Australie déboussolée


Lundi 7 Février 2011 - 17:06
AFP


Paris - Décapant et impitoyable, "La gifle", premier roman publié en France de Christos Tsiolkas, dresse le portrait d'une Australie déboussolée où le racisme, l'homophobie, l'alcoolisme et les excès du "politiquement correct" gangrènent un pays au bord de l'implosion.


"La gifle" : un roman coup de poing sur une Australie déboussolée
Ce "mauvais garçon" des lettres australiennes, fils d'immigrés grecs, né à Melbourne en 1965, est l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, scénarios et romans volontiers provocateurs, à coups de sexe, d'alcool et de drogue, dont "Loaded" en 1995, porté à l'écran sous le titre "Head On".

Dans la lignée des Américains Jonathan Franzen, Don de Lillo ou Tom Wolfe, Christos Tsiolkas place la société australienne sous un microscope pour décrire un Occident moderne à la morale versatile, où les pulsions dominent, où il est de bon ton de surréagir, d'exacerber ses passions, pour ne pas périr de peur ou d'ennui.

Tout commence par un incident en apparence mineur. Dans la banlieue métissée de Melbourne, lors d'un barbecue familial, un homme donne une gifle à un enfant insupportable qui n'est pas le sien.

Les parents du petit Hugo considèrent cette claque comme un crime dont l'auteur doit répondre devant la justice...

A partir de là, amitiés, liens familiaux et couples vont voler en éclats et cette gifle provoquer une onde de choc.

Rancoeurs, jalousie, tabous et frustrations mais aussi xénophobie, homophobie, machisme, repli sur soi religieux et identitaire, antagonismes de classe vont alors remonter à la surface.

Suivant tour à tour chacun des protagonistes, une vétérinaire d'origine indienne et son époux volage australien, fils d'immigrés grecs, une adolescente dont les parents sont morts du sida, un jeune homo qui n'assume pas sa sexualité, une scénariste "cougar" ou le grand-père grec, Christos Tsiolkas dresse, avec une formidable lucidité, le tableau d'un pays en pleine confusion.

Harmonieuse en apparence, cette Australie qui fait rêver nombre d'Européens s'avère prête à se déliter au moindre choc et ce roman magistral tend au lecteur français un miroir grinçant où se reflète sa propre image.

("La Gifle" - Christos Tsiolkas - traduit par Jean-Luc Piningre - Belfond - 480 p. - 22 euros)


           

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