La justice britannique statue sur l'extradition d'Assange en Suède


Jeudi 24 Février 2011 - 16:35
AFP


Londres - La justice britannique se prononce pour la première fois jeudi sur l'extradition du fondateur de WikiLeaks Julian Assange vers la Suède pour y répondre d'accusations de violences sexuelles, mais la décision est susceptible de nombreux appels et recours.


Julian Assange
Julian Assange
L'Australien de 39 ans dément formellement ces accusations d'agression sexuelle et de viol, portées par deux Suédoises pour des faits remontant au mois d'août dernier en Suède.

Les avocats de M. Assange ont longuement plaidé contre l'extradition de leur client début février pendant trois jours d'auditions devant le tribunal de Belmarsh (sud-est de Londres).

Il s'agit selon eux d'un "abus de droit": la justice suédoise n'aurait nullement besoin d'extrader Julian Assange pour l'entendre et une simple demande d'interrogatoire à la justice britannique aurait suffi, d'autant que l'avocat suédois de M. Assange avait plusieurs fois proposé d'organiser un entretien avec le procureur suédois Marianne Ny.

Ils avancent aussi que les faits reprochés à leur client ne sont pas des délits au regard de la loi britannique.

En Suède, le viol a en effet une définition beaucoup plus étendue que dans d'autres pays, ce qui vaut au pays nordique de détenir le record d'Europe du nombre de plaintes.

La défense de Julian Assange juge en outre qu'il y a un "risque réel" qu'une fois extradé en Suède, le fondateur de Wikileaks soit envoyé aux Etats-Unis où il pourrait être interné sur la base de Guantanamo ou même condamné à la peine de mort.

Le fondateur de WikiLeaks a été arrêté début décembre à Londres dans le cadre du mandat d'arrêt lancé par la Suède, avant d'être libéré sous caution.

Julian Assange, qui réside chez un ami dans un manoir anglais à plusieurs heures de route de Londres, a déjà annoncé qu'il ferait appel d'une éventuelle décision d'extradition.

Chacune des parties peut faire appel en plusieurs étapes et l'ensemble de la procédure prendra probablement des mois.

Les partisans du fondateur de WikiLeaks estiment que l'affaire vise à discréditer le travail du site internet WikiLeaks, qui a diffusé de nombreux câbles diplomatiques américains confidentiels, qui ont profondément embarrassé Washington et de nombreuses capitales.

La procédure d'extradition est particulièrement suivie en Suède, où le Premier ministre Fredrik Reinfeldt avait jugé lors des auditions au début du mois "regrettable que les droits des femmes et leurs points de vue soient aussi peu pris en compte" par la défense de M. Assange.

Ces propos avaient aussitôt été dénoncés comme "scandaleux", par un des avocats d'Assange, Geoffrey Robertson, pour qui il est clair que le fondateur de WikiLeaks est devenu "l'ennemi numéro 1" en Suède.

L'Australie a demandé dans une lettre du 10 février à la ministre suédoise de la Justice Beatrice Ask d'assurer à Julian Assange un procès équitable dans le respect "des lois européennes et internationales en vigueur, y compris celles liées aux droits de l'Homme", s'il venait à comparaître devant la justice suédoise.


           

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