La justice suédoise va entendre Assange à Londres


Vendredi 13 Mars 2015 - 16:58
AFP


Le Parquet suédois a fait volte-face vendredi en décidant d'interroger à Londres le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, espérant faire progresser une enquête pour viol bloquée depuis que l'Australien s'est réfugié à l'ambassade d'Equateur.


La justice suédoise va entendre Assange à Londres
"La procureure Marianne Ny a envoyé aujourd'hui (vendredi) une requête aux avocats de Julian Assange pour savoir s'il accepterait qu'on l'entende à Londres et qu'on prélève son ADN", a-t-il indiqué dans un communiqué. Julian Assange a tout de suite fait part de son accord pour une audition.

C'est un revirement de la justice suédoise, qui avait jusque-là opposé une fin de non-recevoir à M. Assange, qui plaidait pour cette solution.

"Nous coopérerons à l'enquête. Il acceptera", a déclaré à l'AFP son avocat suédois Per Samuelsson, qui a rapporté que son client était "heureux" de cette avancée dans une enquête pour un viol et une agression sexuelle qu'il a toujours niés.

"C'est quelque chose que nous réclamions depuis quatre ans. En même temps il est agacé que cela ait pris autant de temps au parquet de franchir ce pas", a ajouté l'avocat.

Réfugié dans l'ambassade d'Équateur depuis juin 2012, il échappe à un mandat d'arrêt européen que la Grande-Bretagne compte exécuter dès qu'il posera le pied dehors. La police britannique surveille les lieux à cet effet 24 heures sur 24.

M. Assange affirme craindre que la Suède l'extrade ensuite vers les États-Unis pour son rôle dans la publication par le site internet Wikileaks de 250.000 télégrammes diplomatiques américains et 500.000 rapports militaires classés secrets défense.

- Prescription en août -

Le Parquet a dit avoir changé d'avis car "plusieurs des faits qui lui sont reprochés seront prescrits en août 2015, à savoir dans moins de six mois".

"Ma position a été que les conditions pour l'entendre à l'ambassade à Londres sont telles que la qualité de cette audition serait lacunaire et qu'il faut qu'il soit présent en Suède en vue d'un éventuel procès. Cette position tient toujours", a expliqué Mme Ny.

Mais "maintenant le temps commence à manquer et je dois par conséquent accepter une perte de qualité dans l'enquête", a-t-elle ajouté.

La Grande-Bretagne a laissé entendre qu'elle accepterait qu'un acte d'enquête soit effectué dans ces conditions. "Nous nous tenons prêts à assister le procureur suédois", a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

Quant à l'Équateur, qui a accordé l'asile à M. Assange en août 2012, il devrait lui aussi coopérer: à défaut de pouvoir emmener l'Australien vers Quito, il s'est toujours dit favorable à l'idée d'une audition à Londres.

M. Assange est accusé par deux Suédoises d'une trentaine d'années, l'une de l'avoir violée, l'autre de l'avoir agressée sexuellement, alors que l'une puis l'autre l'hébergeait à l'occasion de conférences en Suède.

L'Australien affirme avoir de son côté que les relations avec les deux plaignantes étaient consenties.

C'est la première fois que le parquet évoque publiquement son intérêt pour l'ADN de M. Assange. Il n'a pas indiqué en quoi il pourrait lui être utile.

"Ils ont déjà son ADN", d'après l'avocat de la défense.

Les parties civiles se sont félicitées de cette avancée.

Claes Borgström, l'avocat de la jeune femme qui a porté plainte pour agression sexuelle, a cependant exhorté le Parquet à agir vite. "Pour ma cliente, il faut qu'une éventuelle inculpation intervienne avant août", a déclaré à l'AFP Claes Borgström, rappelant que ces faits étaient prescrits si au bout de cinq ans aucune poursuite n'avait été lancée.

Les partisans de M. Assange ont appelé à abandonner les poursuites.

"Toute cette histoire entache la réputation de la Suède en matière de droits de l'Homme. Il est temps que les autorités s'en rendent compte", a déclaré à l'AFP un porte-parole de WikiLeaks, l'Islandais Kristinn Hrafnsson.

La procureure "a gâché quatre ans et demi de la vie de Julian Assange, sans jamais avoir la moindre preuve pour l'inculper", a déploré le journaliste australo-britannique John Pilger, qui avait payé une caution pour M. Assange.


           

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