La première candidate à la présidentielle abolit les barrières liées au sexe en Mauritanie


Samedi 21 Mars 2009 - 21:17
Magharebia.com/Mohammed Yahya Ould Abdel Wedou


Aicha Bint Jeddane était devenue la première femme candidate lors des élections de 2003 en Mauritanie, remportant une vaste adhésion – surtout des jeunes – lors d'une campagne qui s'était caractérisée par l'audace et l'influence.


La première candidate à la présidentielle abolit les barrières liées au sexe en Mauritanie
La semaine dernière, elle s'est à nouveau déclarée candidate à l'élection présidentielle du 7 juin. Magharebia s'est entretenu avec Bint Jeddane chez elle, à Nouakchott, des raisons pour lesquelles elle est décidée à se présenter à nouveau.
Magharebia: Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à nouveau à la présidence ?
Aicha Bint Jeddane: Parce que j'ai le sentiment que je parle au nom des femmes, qui représentent la moitié de la population et souffrent encore de l'illétrisme, de la pauvreté, des divorces, des maladies et de tous les problèmes que cela engendre et qui requièrent des solutions urgentes.
J'ai toujours été la première à aborder les problèmes des femmes. J'ai donc décidé de me présenter comme candidate pour pouvoir résoudre ces problèmes. J'ai confiance dans le fait que le niveau de sensibilisation parmi les jeunes et les femmes jouera en ma faveur. Ils comprennent parfaitement les efforts que j'ai faits pour eux et pour cette Mauritanie que j'aime. Mon slogan est, a été et restera : 'Vous avez essayé un président homme ; pourquoi ne pas tenter une femme ?'
Magharebia: Les femmes de Mauritanie ont-elles obtenu tous leurs droits ?
Bint Jeddane: La constitution et toutes les lois leur garantissent le droit à accéder à toutes les fonctions, y compris la présidence, que je souhaite atteindre. Mais la législation et les règlemens à eux seuls ne suffisent pas à améliorer la condition des femmes. Je demande aux hommes de Mauritanie de laisser leurs compatriotes féminines prendre les rênes du pouvoir au moins une fois.
Je crois en la notion de rotation des pouvoirs. J'estime que c'est une bouée de sauvetage pour le présent et l'avenir du Maghreb arabe. Notre pays n'est pas une monarchie, ne le perdons jamais de vue. La route vers le pouvoir est jalonnée par les urnes, pas par la coercition – tant qu'elle vise la paix, la sécurité et le bien-être social.
Magharebia: Comment jugez-vous le paysage politique actuel ? Pensez-vous pouvoir réaliser de bons résultats lors des prochaines élections ?
Bint Jeddane: Je crois que la scène politique actuelle est influencée par les résultats du coup d'Etat du 6 août, qui – directement ou indirectement – a conduit à la division que nous connaissons actuellement entre les partis politiques. J'invite donc chacun autour de la table des négociations pour travailler à une solution à cette crise. Nous seuls savons ce qui est bon pour notre pays.
Magharebia: Comment réagissez-vous au récent déplacement à Nouakchott du leader libyen et actuel président de l'Union Africaine Moammar Kadhafi ?
Bint Jeddane: La visite de Kadhafi a été l'une des tentatives de la communauté internationale pour mettre un terme à la crise politique en Mauritanie. Kadhafi a offert sa vision de la situation, une vision avec laquelle certains sont d'accord, au sujet de laquelle d'autres ont exprimé des réserves, et que d'autres rejettent. Mais le problème n'est pas pour autant résolu. Nous devons proposer une solution nationale qui garantisse les intérêts supérieurs de notre nation, qui ne peut se permettre ces conflits.
Kadhafi a sa propre vision des choses. Mais je crois que les élections sont la voie la plus sure pour guider les nations vers un futur meilleur, où l'autorité sera partagée et où chacun obtiendra ses droits. C'est vrai que notre expérience démocratique est récente et forte. Nous devons la nourrir, afin qu'elle offre un hâvre de sûreté pour le présent et pour l'avenir du peuple mauritanien.
Magharebia: Comment, selon vous, la Mauritanie peut-elle résoudre la situation actuelle ?
Bint Jeddane: Je crois que la solution réside dans l'adoption du principe d'un dialogue national sérieux, qui prenne avant tout en compte les intérêts du peuple, loin de toute intervention étrangère.
Pour conclure, je suis certaine que les ambitions des femmes sont sans limites. Elles savent préserver leur caractère sacré et respecter leurs traditions, tout en se frayant un chemin dans le monde, en prenant soin de leurs familles et en concurrençant leurs frères sur les plans politique et démocratique.
Elles y parviendront.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement