La vérité sur Columbine


Mercredi 25 Mars 2009 - 09:50
canoe.ca


À l’occasion du 10e anniversaire de la fusillade de Columbine au Colorado, trois nouveaux livres se penchent sur le sujet.


La vérité sur Columbine
Deux de ces livres ont été rédigés par des journalistes qui ont couvert l’événement et passé une décennie à débroussailler le passé des tueurs et l’enquête menée par le gouvernement ainsi qu’à comprendre le rétablissement des survivants. Le troisième livre est écrit par un psychologue qui a travaillé assidûment avec des enfants en crise.
Le 20 avril 1999, Eric Harris et Dylan Klebold ont tué 12 élèves et un professeur en moins de 20 minutes. Des millions de personnes étaient figées à leur écran de télévision
Le journaliste-pigiste Dave Cullen a initialement couvert la fusillade pour le magazine Salon. Dans son livre intitulé Columbine, s’entrecroisent trois fils conducteurs qui reconstituent l’attaque, le cheminement des tueurs et les conséquences de la fusillade en une histoire narrative réelle captivante.
Jeff Kass, journaliste du Rocky Mountain News, se penche principalement sur le cheminement des tueurs et le combat mené afin que les documents gouvernementaux relatifs à la tuerie soient diffusés. Le livre Columbine: A True Crime Story comprend des extraits des lettres d’admission au collège de Dylan Klebold, que l’auteur a réussi à obtenir grâce à un travail acharné ainsi que des dépositions du conseiller qui a supervisé les garçons après qu’ils furent arrêtés pour avoir défoncé une camionnette.
Le livre Why Kids Kill: Inside the Minds of School Shooters du psychologue Peter Langman aborde les fusillades scolaires dans l’ensemble. Eric Harris, 18 ans, et Dylan Klebold, 17 ans, font partie des tueurs qu’il relève.
Les livres de Dave Cullen et de Jeff Kass en étonneront certains pour qui la fusillade de Columbine se résume aux quelques premiers jours de la couverture médiatique. Cette couverture laissait entendre que les tueurs étaient deux garçons gothiques et solitaires qui s’en sont pris à des groupes de jeunes et à des sportifs qui les persécutaient. Toutefois, l’enquête a démontré que ces idées étaient fausses pour la plupart.
Et voilà la nouvelle qui en surprendra plus d’un: la fusillade n’a duré que 17,5 minutes. Les garçons se sont lassés, ont cessé le feu et se sont promenés dans les corridors de l’école pendant environ une demi-heure avant de s’enlever la vie.
La plupart des gens croient que la fusillade a duré pendant toute la période où l’on a vu les officiers arpenter les lieux.
«Tout le monde croit, d’une certaine façon, être un témoin visuel. “Je sais que ça a duré quatre heures, parce que j’étais là, cette journée-là” », explique Dave Cullen.
Dans son livre, l’auteur porte un nouveau regard sur les mythes de Columbine afin de les rectifier.
Par exemple, plusieurs se souviennent que Cassie Bernall a professé sa foi en Dieu avant de mourir. Cela ne s’est pas produit. Un témoin avait initialement confondu Cassie Bernall et la survivante Valeen Schnurr. C’est cette dernière qui a dit à Klebold qu’elle croyait en Dieu après qu’il l’eût atteint d’une balle. Cassie Bernall n’a pas eu le temps de parler avant que la balle d’Eric Harris ne l’atteigne à la tête.
Tandis que les livres sur Columbine s’entendent en somme sur ce qui s’est produit, Dave Cullen et Jeff Kass dépeignent les garçons de manière très différente. Dave Cullen ne croit pas qu’Eric Harris et Dylan Klebold étaient rejetés et persécutés. Ils avaient trois amis intimes et se tenaient régulièrement avec 10 ou 15 autres amis, explique-t-il.
«Ils avaient une vie sociale extrêmement active, dit-il en entrevue. Eric avait même une accompagnatrice à la fête annuelle en première année.»
Quant à Kass, il décrit le cercle des garçons comme étant «probablement le plus bas échelon de la pyramide sociale». De plus, les garçons se plaignaient dans leur journal respectif de se sentir délaissés, aliénés et seuls.
«Même si vous qualifiez le cercle d’amis des garçons de normal, Eric et Dylan étaient aveuglés par leurs troubles psychologiques», explique Jeff Kass.
Les deux auteurs s’entendent toutefois pour dire que Dylan Klebold souffrait de dépression grave. (Peter Langman, le psychologue, l’a diagnostiqué comme étant un psychotique souffrant de paranoïa, d’illusions et de pensées désorganisées.)
À l’instar de Peter Langman, Dave Cullen croit qu’Eric Harris était un psychopathe sans conscience. Jeff Kass est plus sceptique. Il indique que la plupart des psychopathes ne sont pas violents. De plus, Eric Harris démontre une minutie inhabituelle chez les psychopathes en planifiant l’attaque. Il avait aussi du succès dans son emploi à temps partiel, affirme-t-il.
Ultimement, les deux auteurs réussissent à expliquer la fusillade, mais leur opinion diffère.
«Je crois que Columbine et les autres fusillades scolaires sont un produit des régions du sud et de l’ouest des États-Unis ainsi que des banlieues et des petites villes, explique Jeff Kass. «En banlieue et dans les petites villes, si vous êtes rejetés à l’école secondaire, vous avez l’impression d’être un échec parce qu’il n’y a aucune porte de sortie pour vous aider à reprendre confiance en vous. […] Et dans le sud et l’ouest, il y a une certaine mentalité qui veut que si on écorche votre réputation, c’est à vous de riposter.»
La fusillade de Columbine n’aurait peut-être pas eu lieu si les garçons avaient grandi ailleurs, explique-t-il. Mais Dave Cullen croit qu’Eric Harris aurait fini par tuer quelqu’un, peu importe où il aurait vécu.
«Eric l’a fait parce que c’était un psychopathe sadique sans conscience et que rien ne pouvait l’empêcher de faire du mal, affirme Dave Cullen. Il l’a fait par plaisir et accroissement personnel.»
Dylan Klebold avait un penchant suicidaire, mais n’aurait pas tué s’il ne s’était pas lié d’amitié avec Eric Harris, dit-il.
«Dylan était fatigué de se détester, explique Dave Cullen. Et Eric l’a aidé à diriger sa colère vers l’extérieur et à rétablir l’équilibre à sa sortie.»


           

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