La zone euro vers une solution avec défaut de paiement pour sauver la Grèce


Jeudi 21 Juillet 2011 - 16:19
AFP


Bruxelles - Les dirigeants des pays de la zone euro réunis pour un sommet de crise s'orientent jeudi vers un accord pour réduire la colossale dette de la Grèce, solution qui pourrait déboucher sur un défaut de paiement du pays, fait sans précédent dans l'Union monétaire.


La zone euro vers une solution avec défaut de paiement pour sauver la Grèce
La réunion, cruciale pour l'avenir de toute la zone euro créée en 1999, a débuté à Bruxelles à la mi-journée. Elle devrait s'achever dans la soirée.

Dans le projet d'accord du sommet, la zone euro veut réduire le volume de la dette grecque (d'environ 350 milliards d'euros) en impliquant les banques créancières du pays, comme le souhaitait l'Allemagne depuis le début.

Parmi les options à l'étude figure le rachat de la dette du pays auprès des créanciers privés, pour réduire le volume global de l'endettement national. Il pourrait être réalisé y compris par le Fonds de secours de la zone euro créé pour les pays en difficulté, ce qui serait là encore une première et constitue une concession dans ce cas à la France, selon des diplomates.

Autres options: un échange des obligations grecques en circulation pour d'autres à échéance plus longue et un "roulement" de ces mêmes titres, qui verraient les créanciers les réinvestir lorsqu'ils arrivent à échéance, selon une source européenne.

En revanche, l'introduction d'une taxe bancaire pour aider la Grèce, un temps envisagée, notamment par la France, semble écartée.

Les dirigeants de la zone euro comptent également allonger la durée de ses prêts aux pays en difficulté comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal - 15 ans au minimum avec possibilité d'aller jusqu'à 30 ans - et réduire le taux d'intérêt qu'elle leur demande, de 4,5% à 3,5%.

Autant de mesures visant à soulager ces trois pays et à éviter une contagion de la crise à pays les plus fragiles de la zone euro ou aux plus endettés, comme l'Italie. Ce qui signerait probablement l'arrêt de mort de l'Union monétaire dans sa forme actuelle en tout cas.

Les solutions envisagées risquent toutefois de déboucher sur un défaut de paiement de la Grèce, brisant ainsi un tabou au sein de l'Union monétaire.

"Il y a des solutions (à l'étude) qui peuvent être interprétées comme un défaut de paiement par les agences de notation", a prévenu un diplomate proche des négociations, alors que ce scénario devait être il y a encore quelques semaines évité à tout prix.

Problème: la BCE avait jusqu'ici menacé, en cas de défaut de paiement de la Grèce, de ne plus accepter les titres de la dette publique grecque comme garantie pour prêter de l'argent aux banques européennes, grecques en particulier. Ce qui contraindrait les gouvernements à renflouer eux-mêmes le système bancaire en Grèce et ailleurs dans l'Union monétaire.

Toutefois, selon une source diplomatique, l'Institut monétaire semble avoir assoupli sa position au vu des propositions sur la table. En outre, le rachat de dette publique désormais envisagé par le Fonds européen de secours constitue aussi un geste en direction de la BCE qui le demandait de longue date.

Elle est actuellement la seule à pouvoir le faire pour soulager les banques de la zone euro et a prévenu à plusieurs reprises qu'elle n'entendait pas poursuivre sur cette voie.

Reste qu'un défaut de paiement de la Grèce, même partiel, présente des risques imprévisibles pour le système financier européen.

Après des semaines de tergiversations, le couple franco-allemand a débloqué la situation dans la zone euro en se mettant d'accord mercredi soir sur les moyens d'aider la Grèce. Le compromis entre Paris et Berlin a servi de base au projet d'accord discuté jeudi.

M. Sarkozy avait pris l'initiative de se rendre à Berlin afin de surmonter des divergences tenaces avec la chancelière allemande Angela Merkel, dont l'exigence de voir les banques impliquées dans le second plan d'aide à la Grèce bloquait les négociations.

Ce deuxième plan de soutien doit permettre d'éviter la faillite du pays, qui a déjà bénéficié l'an dernier d'une promesse de 110 milliards d'euros de prêts. Il devrait comporter environ 71 milliards d'euros de nouveaux prêts de l'Europe et du Fonds monétaire international (FMI), selon des diplomates.


           

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