
Q: Pourquoi avez-vous changé le titre de votre film, de "Ni Allah, ni maître" en "Laïcité Inch Allah" ?
R: "Ni Allah ni maître", c'était un clin d'oeil aux anarchistes, aux libertaires, mais surtout à Auguste Blanqui (dont le journal s'intitulait +Ni Dieu ni maître+, NDLR). Mais les producteurs ont trouvé que c'était trop provocateur, on m'a dit qu'il y a des gens qui allaient se sentir offensés et risquaient de ne pas venir voir le film pour ça. +Laïcité Inch Allah+ correspond mieux au film, mais l'autre titre était beaucoup plus fort. Dans les festivals étrangers, il sera présenté sous le titre initial.
Q: Pourquoi ces problèmes lors des deux projections en Tunisie ?
R: Tous ceux qui ont vu le film ont témoigné qu'il n'était ni insultant, ni offensant, ni agressif. Après la première projection, j'ai été interviewée pour une chaîne privée, les islamistes ont monté l'interview en gardant 1mn12 sur 12mn, comme si je disais +je suis en guerre contre les musulmans+. Ils ont fait un pot-pourri où j'avais l'air très agressive, vindicative. Après il y a eu des pages sur Facebook, des menaces de mort, une agression par des islamistes contre le cinéma qui organisait la deuxième projection...
Malheureusement les méthodes de Ben Ali sont toujours là, d'autres ont pris le relais et essayent encore de terroriser la population, de lui faire croire qu'on n'est pas libre de dire ce qu'on a envie de dire. Comme la police a joué un drôle de jeu à un moment avec les islamistes, ils se sont sentis renforcés, en terrain conquis. Mais on n'a pas fait une révolution pour avoir peur des islamistes !
Mais ils n'ont pas un si large soutien de la population. On a vu quand même beaucoup de femmes voilées venir dans des manifestations de femmes ou des manifestations pour la laïcité, et dire +on est d'accord avec vous, on est voilées et pratiquantes, mais on est pour la laïcité, pour l'égalité hommes/femmes, pour l'égalité pour l'héritage. On veut que l'islam se modernise+.
Q: Allez-vous retourner prochainement en Tunisie ?
R: Il y a une plainte contre moi : les islamistes n'ont pas vu le film mais ils ont porté plainte pour atteinte au sacré, aux bonnes moeurs et à un précepte religieux, le ramadan. Le procureur a accepté la plainte, alors qu'elle ne serait pas passée sous Ben Ali. Alors j'ai décidé de ne pas rentrer en Tunisie, je ne voudrais pas qu'une fois rentrée on m'interdise de repartir parce qu'il devrait y avoir une enquête et que je devrais rester à disposition de la justice.
Cela dit, il ne faudra jamais regretter, quoi qu'il arrive, d'avoir renversé le régime Ben Ali. C'est à nous, la société civile, de savoir se battre politiquement, de s'emparer de la démocratie pour faire autre chose. L'histoire s'écrit lentement, et il peut y avoir des hauts et des bas dans la continuation de la révolution. Pour l'instant je trouve que les choses sont allées dans le bon sens, le peuple a été assez exemplaire. Il ne s'est pas laissé avoir.
R: "Ni Allah ni maître", c'était un clin d'oeil aux anarchistes, aux libertaires, mais surtout à Auguste Blanqui (dont le journal s'intitulait +Ni Dieu ni maître+, NDLR). Mais les producteurs ont trouvé que c'était trop provocateur, on m'a dit qu'il y a des gens qui allaient se sentir offensés et risquaient de ne pas venir voir le film pour ça. +Laïcité Inch Allah+ correspond mieux au film, mais l'autre titre était beaucoup plus fort. Dans les festivals étrangers, il sera présenté sous le titre initial.
Q: Pourquoi ces problèmes lors des deux projections en Tunisie ?
R: Tous ceux qui ont vu le film ont témoigné qu'il n'était ni insultant, ni offensant, ni agressif. Après la première projection, j'ai été interviewée pour une chaîne privée, les islamistes ont monté l'interview en gardant 1mn12 sur 12mn, comme si je disais +je suis en guerre contre les musulmans+. Ils ont fait un pot-pourri où j'avais l'air très agressive, vindicative. Après il y a eu des pages sur Facebook, des menaces de mort, une agression par des islamistes contre le cinéma qui organisait la deuxième projection...
Malheureusement les méthodes de Ben Ali sont toujours là, d'autres ont pris le relais et essayent encore de terroriser la population, de lui faire croire qu'on n'est pas libre de dire ce qu'on a envie de dire. Comme la police a joué un drôle de jeu à un moment avec les islamistes, ils se sont sentis renforcés, en terrain conquis. Mais on n'a pas fait une révolution pour avoir peur des islamistes !
Mais ils n'ont pas un si large soutien de la population. On a vu quand même beaucoup de femmes voilées venir dans des manifestations de femmes ou des manifestations pour la laïcité, et dire +on est d'accord avec vous, on est voilées et pratiquantes, mais on est pour la laïcité, pour l'égalité hommes/femmes, pour l'égalité pour l'héritage. On veut que l'islam se modernise+.
Q: Allez-vous retourner prochainement en Tunisie ?
R: Il y a une plainte contre moi : les islamistes n'ont pas vu le film mais ils ont porté plainte pour atteinte au sacré, aux bonnes moeurs et à un précepte religieux, le ramadan. Le procureur a accepté la plainte, alors qu'elle ne serait pas passée sous Ben Ali. Alors j'ai décidé de ne pas rentrer en Tunisie, je ne voudrais pas qu'une fois rentrée on m'interdise de repartir parce qu'il devrait y avoir une enquête et que je devrais rester à disposition de la justice.
Cela dit, il ne faudra jamais regretter, quoi qu'il arrive, d'avoir renversé le régime Ben Ali. C'est à nous, la société civile, de savoir se battre politiquement, de s'emparer de la démocratie pour faire autre chose. L'histoire s'écrit lentement, et il peut y avoir des hauts et des bas dans la continuation de la révolution. Pour l'instant je trouve que les choses sont allées dans le bon sens, le peuple a été assez exemplaire. Il ne s'est pas laissé avoir.