Lancement prévu jeudi du télescope spatial européen Gaia, l'"arpenteur de la galaxie"


Mardi 17 Décembre 2013 - 10:49
AFP


Paris - Une fusée Soyouz doit lancer jeudi matin depuis le Centre spatial guyanais (CSG) le télescope spatial européen Gaia, l'"arpenteur de la galaxie", dont la mission est de réaliser un atlas en 3 D de la Voie lactée.


La mission doit durer cinq années au total - voire six - pendant lesquelles le satellite localisera un milliard d'étoiles, chacune étant observée environ 70 fois. Plus de 99% d'entre elles n'ont jamais eu leur distance mesurée avec précision.

"Dans moins de deux ans, on aura un premier catalogue de tout le ciel", a prédit François Mignard, responsable de la participation française à Gaia.

Si tout va bien, le tir de la fusée Soyouz aura lieu jeudi à 9H12 GMT (06H12 heure de Guyane). Ce sera le sixième lancement d'un Soyouz depuis la Guyane française, le second cette année.

Le satellite Gaia, construit à Toulouse (sud-ouest) par Astrium pour le compte de l'Agence spatiale européenne (ESA), sera séparé de l'étage supérieur de la fusée après 41 minutes et 59 secondes de vol.

Il sera positionné à environ 1,5 million de kilomètres de la Terre, sur un emplacement privilégié - le point de Lagrange 2 -, dont un des avantages est de présenter un environnement thermique stable. Il décrira une orbite elliptique, de manière à éviter les éclipses du Soleil par la Terre.

Gaia permettra de réaliser une cartographie tridimensionnelle de la Voix lactée, un atlas du ciel, mais aussi de reconstituer l'histoire de la formation et de l'évolution de notre galaxie. Il s'agira pour les astrophysiciens de faire "de l'archéologie galactique", selon les termes de François Mignard.

Gaia doit nous permettre "de mieux comprendre notre place dans cet univers", résume Catherine Turon, membre de l'Observatoire de Paris.

L'héritage d'Hipparque

Le coeur de la mission Gaia consistera à déterminer la position et le mouvement des étoiles, mais également leur distance, le paramètre le plus difficile à obtenir. Même la plus proche est à une distance de près de 40 milliards de kilomètres.

Gaia poursuivra ainsi la tradition européenne de cartographie des étoiles, héritage de l'astronome grec Hipparque, qui le premier mesura à l'oeil nu la position d'un millier d'étoiles.

En 1989, plus de 2.000 ans après Hipparque, l'ESA lançait Hipparcos, un satellite consacré à l'astrométrie qui a fourni les coordonnées célestes de quelque 120.000 étoiles.

Gaia et ses deux télescopes en carbure de silicium, chacun constitué de trois miroirs incurvés et rectangulaires, sera cent fois plus précis qu'Hipparcos. Il pourra "voir" des étoiles dont l'éclat est 400.000 fois plus faible que celles visibles à l'oeil nu.

C'est "le télescope spatial le plus évolué jamais réalisé en Europe", a souligné Astrium. Gaia utilisera également "un capteur photographique d'une précision jamais égalée".

Pour préserver toute la précision des mesures de Gaia, le satellite sera surveillé en continu depuis le sol par un réseau de télescopes, de sorte qu'on connaîtra sa position à 100 mètres près.

"L'arpenteur de la galaxie" aura aussi pour tâche d'inventorier les astéroïdes du système solaire ou encore de découvrir de nouvelles exoplanètes.

Avec Gaia, les astronomes vont entrer "dans le monde du Big Data", a souligné Véronique Valette, chef de projet Gaia au CNES, l'agence spatiale française.

La mission va en effet représenter plus d'un pétaoctet de données à gérer, c'est-à-dire la capacité de 250.000 DVD.

"Le traitement quotidien est probablement le défi le plus important", a estimé François Mignard.

Six centres, dont le centre de traitement des données du Centre spatial de Toulouse, seront dévolus au traitement de ce flux continu de données, inutilisables à l'état brut et qu'il faudra rendre intelligibles.

Pour relever ce défi, le CNES, qui effectuera 35 à 40% du traitement des données, s'est doté d'une puissance de calcul de 6.000 milliards d'opérations par seconde.


           

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