Le Bureau de l’UNESCO à Brasília publie une étude sur la blogosphère policière


Mercredi 11 Novembre 2009 - 10:20
portal.unesco.org


Brasília - Une étude sans précédent sur l’utilisation croissante des blogs pour publier des analyses et commentaires relatifs à la sécurité publique a été réalisée par le Bureau de l’UNESCO à Brasília en coopération avec le Centre d’études sur la sécurité publique et la citoyenneté (Centro de Estudos de Segurança e Cidadania – CESeC). Intitulée A Blogosfera Policial no Brasil: do Tiro ao Twitter (“La blogosphère policière au Brésil : des armes à twitter”), l’étude ne s’en tient pas au simple reportage journalistique mais analyse des blogs publiés par des agents de police.


Le Bureau de l’UNESCO à Brasília publie une étude sur la blogosphère policière
Sous la coordination de deux chercheuses du CESeC, Silvia Ramos et Anabela Paiva, cette publication est la première analyse de fond de la tendance la plus récente et significative du journalisme traitant de la police, la criminalité et les politiques de sécurité. Les données collectées et l’analyse des blogs sont le fruit d’une enquête sur Internet à laquelle ont répondu, de mai à juin 2009, 73 policiers-blogueurs, auteurs de 70 blogs.

Dans leurs témoignages, les policiers interrogés déclarent que par le passé les agents ne participaient pratiquement jamais aux débats sur la “police” et les “policiers”. Selon eux, les débats sur ces questions étaient le domaine réservé des professionnels de la communication et des pouvoirs publics.

La situation a changé avec l’apparition de blogs sur la sécurité et l’ouverture d’espaces consacrés à des questions qui sont rarement traitées dans les médias traditionnels. Les salaires et les conditions de travail des forces de police font partie des sujets auxquels les journaux s’intéressent peu, voire pas du tout, mais dont les agents parlent sur Internet.

L’étude de l’UNESCO et du CESeC révèle que, parmi les blogs analysés, seulement 12 avaient été créés avant 2006. Cette donnée montre qu’il s’agit d’un phénomène très récent et en expansion : 15 nouveaux blogs de policiers ont vu le jour de janvier à début août 2009. En s’appuyant sur cette augmentation, l’étude en conclut que les sites journalistiques ne sont que la partie la plus visible – mais non la plus importante quantitativement ni sans doute qualitativement – de la blogosphère policière.

Outre les conditions de travail, les blogs s’intéressent beaucoup à d’autres questions sensibles comme les droits de l’homme, les investigations judiciaires, les projets communautaires et l’abandon des poursuites. “Comment concevoir que les droits fondamentaux, tels que le droit de réunion, soient réprimés en temps de paix sous prétexte du respect de la hiérarchie et de la discipline ?”, s’interrogent les auteurs de blogs qui attribuent la création de leurs sites à une “demande réprimée”.

Les auteurs de l’étude ont trouvé dans les messages postés que les blogueurs craignaient les représailles. Sur les 73 blogueurs interrogés, 27 déclarent avoir subi la censure et la répression, tandis que 26 % des réponses font état de menaces d’emprisonnement et de mutation forcée.

L’étude montre pourtant que les autorités ont déjà pris conscience de l’importance du phénomène : les hauts commissaires de la police militaire de Goiás et de Rio de Janeiro disposent déjà de blogs institutionnels, initiative qui devrait être suivie par le commissaire de São Paulo. La police militaire de Sergipe vient de créer son blog.

En publiant cette nouvelle étude, l’UNESCO espère faire avancer le débat sur la liberté d’expression, qui fait partie des valeurs fondamentales que défend l’Organisation. Le directeur du Bureau de l’UNESCO à Brasília, Vincent Defourny, estime que cette publication aura un rôle important dans l’élaboration de politiques de sécurité favorisant la culture de la paix : “L’étude propose une contribution concrète à une sphère publique susceptible de faire avancer la réflexion sur des politiques adéquates pour promouvoir une culture de la paix et, par voie de conséquence, pour réduire la violence.”

L’étude menée par le Bureau de l’UNESCO à Brasília et le CESeC est la première publication d’une collection de débats sur la communication et l’information. La version intégrale de l’étude est disponible en portugais ici.


           

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