Le FMI appelle les Européens au "réalisme" sur l'aide à la Grèce


Vendredi 4 Mars 2016 - 10:43
AFP


Le FMI a exhorté jeudi les Européens à faire preuve de davantage de clarté et de "réalisme" sur les mesures d'économie réclamées à la Grèce en échange du plan d'aide accordé par Bruxelles à l'été dernier.


Depuis plusieurs mois, les bailleurs de fonds d'Athènes sont engagés dans de difficiles tractations sur les réformes nécessaires pour redresser les comptes publics du pays, plombés par près de six ans de récession.

Une réunion informelle à Bruxelles entre représentants du FMI et des institutions européennes (Commission, Banque centrale, Mécanisme européen de stabilité) aurait permis de faire de "bons progrès" et d'aplanir les divergences, a-t-on certes clamé jeudi de part et d'autre de l'Atlantique.

Mais le Fonds monétaire international, qui n'a pas encore décidé s'il participerait au troisième renflouement d'Athènes depuis 2010, a toutefois continué à faire entendre sa petite musique jeudi en se posant en garant de la viabilité du programme économique grec.

"Nous essayons de fournir une analyse réaliste (...). C'est notre travail d'être réalistes", a expliqué le porte-parole de l'institution, Gerry Rice, lors d'une conférence de presse à Washington, alors que les autorités d'Athènes accusent, au contraire, le Fonds d'intransigeance.

"Alors que nous sommes très proches des positions des trois institutions européennes, le FMI maintient une position très dure" et "incompréhensible", a accusé jeudi le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos.

- Divergences -

Le noeud du débat peut se résumer en une question: comment tenir les objectifs budgétaires assignés à la Grèce en échange des 86 milliards d'euros de prêts européens annoncés durant l'été 2015?

Ces objectifs --un excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) de 3,5% du produit intérieur brut -- sont "extrêmement ambitieux" et, surtout, les mesures pour y parvenir n'ont "jamais été quantifiées ou précisées", a taclé le porte-parole du FMI jeudi.

L'institution gardienne de l'orthodoxie budgétaire assure ne pas vouloir modifier ces objectifs mais veut s'assurer que le programme "tient la route" et qu'il permettra de ramener la dette grecque à des niveaux supportables. Elle s'élève actuellement à près de 180% du PIB.

Pour cela, le Fonds estime que les Grecs doivent accepter de nouvelles mesures d'économie -dont de nouvelles coupes dans les retraites- tandis que les Européens doivent accorder au pays un allégement de dette "significatif".

Alors que le pays s'est déjà mis en grève pour protester contre de nouvelles coupes, M. Rice a laissé entendre que l'ajustement pourrait être moins douloureux si les Européens se montraient plus généreux.

"Cela serait très difficile pour une société qui a subi de très douloureux ajustements au cours des 5 dernières années d'atteindre ces très ambitieux objectifs budgétaires", a estimé le porte-parole du FMI.

Les réformes nécessaires en Grèce seront en revanche "moins contraignantes" si les Européens consentaient à un allègement de dette "plus important" en faveur des Grecs, a assuré M. Rice.

Cette question touche un point extrêmement sensible en Europe. De nombreux membres de la zone euro, Allemagne en tête, n'ont accepté que contraints et forcés le principe d'un allègement de dette en faveur de la Grèce. Ils sont donc extrêmement réticents à en faire plus dans cette direction.

Côté européen, on assurait jeudi que personne ne laisserait les divergences entre le FMI et Européens "dégénérer". "Cela sera bientôt réglé", a affirmé une source sous couvert d'anonymat.

Une autre source européenne a toutefois reconnu que "plusieurs divergences" subsistaient. "La priorité est de s'y attaquer", a-t-elle dit.

Ces différences d'approches ont en tout cas retardé le premier audit des réformes en Grèce que les Européens étaient censés accomplir à la fin 2015, au grand dam d'Athènes qui attend désespérément le versement de nouveaux prêts.

Ce retard "n'est dans l'intérêt de personne", a assuré le Premier ministre grec Alexis Tsipras mi-février en évoquant "les dissensions" entre bailleurs de fonds.

Le FMI, qui a participé aux deux précédents renflouements de la Grèce, s'est rangé jeudi à l'avis d'Athènes. Cet audit "doit être achevé le plus vite possible", a indiqué M. Rice, envoyant une nouvelle pierre dans le jardin des Européens.


           

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