Depuis quelques mois, les enseignants marocains tirent la sonnette d’alarmes autour de la consommation de la drogue en milieu scolaire. Saisi par l'ampleur du problème, le Ministère de l’Intérieur signale que la lutte contre les réseaux de trafic des drogues aux voisinages des établissements scolaires constitue l’une des priorités. La nouvelle stratégie gouvernementale repose sur la prévention à travers l’implication des associations de parents, des responsables des établissements scolaires afin de sensibiliser les élèves sur le danger des drogues et des réseaux de trafic.
Le Ministère de l'Intérieur tente maintenant de resserer l'étau autour des dealers.
"Dernièrement, nous avons initié une stratégie de lutte contre la commercialisation des drogues dans les entourages des établissements scolaires. Elle date de quelques mois.", dit Khalid Zerouali, le Gouverneur et directeur chargé de la migration et de la surveillance des frontières." On commence à avoir de bons résultats."
Il signale que les dealers viennent dans le voisinage des écoles et mobilisent même des élèves pour écouler leur marchandise. Pour contrer l'influence de ces dealers, les services de sécurité et les responsables des établissements scolaires effectuent un vrai travail de renseignements, ajoute-t-il.
Du côté de la société civile, on essaie de véhiculer un message de sensibilisation. La présidente de l’association marocaine de l’écoute et du dialogue Amina Baji signale à Magharebia que le phénomène nécessite l’implication de tous les acteurs de la société.
Amina connaît de très près les problèmes des jeunes. Professeur de philosophie, elle a été la première à créer un centre d’écoute au sein d’un lycée. Elle affirme que son expérience lui a permis de déceler que la responsabilité de la consommation de la drogue incombe en premier lieu à la famille qui ne prête pas une attention suffisante à l’adolescent.
"Il faut un dialogue avec l’élève pouvoir le comprendre. Nous mobilisons des psychologues afin de communiquer avec les adolescents", dit-elle.
L’Association marocaine de l’Ecoute et du Dialogue essaie d'impliquer les élèves en les incitant à participer dans l’effort de sensibilisation. Plusieurs activités ont été réalisées notamment des pièces théâtrales, des magazines scolaires, des exposés ainsi que des visites à des toxicomanes.
Eradiquer la consommation de stupéfiants dans les collèges et lycées marocains ne sera pas chose facile. De nombreux élèves ont été exposés à la drogue à plusieurs reprises.
Samira, 16 ans, dit qu'elle a essayé de fumer du cannabis offert par une fille de sa classe. "D’habitude, je ne fume jamais", dit-elle. "Mais, toutes les filles de la classe ont voulu ce jour-là commettre une folie. Et Souad nous encourageait à en prendre. "
"C’était une expérience désastreuse", continue-t-elle. "J’ai failli être expulsée du lycée. Heureusement que ma mère était là pour me sauver. Je connais d’autres filles et garçons qui ont continué dans la voie de la drogue à partir de ce jour-là."
Hamid, 14 ans, déclare prendre des psychotropes depuis déjà une année. "Je dois m’identifier à mes amis au collège. Nous sommes cinq à se partager cette même activité", dit-il à Magharebia.
Hamid est conscient du danger que représentent les psychotropes sur sa santé. Mais il persiste à emprunter la même voie pour oublier, dit-il, les problèmes qu’il vit au sein de sa famille.
"Je ne peux pas arrêter", ajoute-t-il. "Les pilules me permettent de me sentir fort face aux autres. Mes parents se disputent souvent et me prêtent peu d’attention. Pour se débarrasser de moi, ils me donnent l’argent sans jamais m’interroger sur mes dépenses."
Les adolescents sont "un gibier facile pour les trafiquants de drogues", selon le psychologue Jamil Bouhmala. "Il s'agit plutôt de vulnérabilité", explique-t-il. " Les adolescents, notamment les lycéens, ne connaissent pas vraiment l’ampleur du danger et sont vite séduits par les trafiquants et même leurs amis. Ils font fi des discours moralisateurs sur les dangers de la drogue."
"Lorsque la famille ne joue pas son rôle, elle laisse le vide à la déviation", ajoute Bouhmala.
L’enseignante Fatima Rokh maintient que les parents n’ont plus l’autorité sur les enfants et par conséquent, les professeurs ont perdu également leur pouvoir face aux élèves.
" Il y a quelques années, les élèves étaient différents et écoutaient les directives des enseignants car la famille laissait à ces derniers la marge de manœuvre. A présent, les parents n’acceptent pas que le professeur discute de la vie leurs enfants", indique-t-elle.
Il y a quelques semaines, elle a surpris une jeune fille en train de fumer du cannabis en classe. Quand elle a fait appel à son père, celui-ci lui a demandé de ne plus se mêler de la vie privée de sa fille.
Le psychologue Bouhmala explique ce comportement par la culpabilité de ce père qui est conscient de la responsabilité qui lui incombe mais qui ne veut pas admettre la réalité ni l’entendre par une autre personne.
Amina Baji confirme cette réalité désastreuse que vivent certains jeunes. Elle affirme que plusieurs familles sont coupables envers leurs enfants et les poussent, à cause de leur comportement négatif, vers la débauche.
Le professeur Abderrahman Abid signale qu’en dépit de tous les obstacles, les associations et les enseignants ne doivent pas baisser les bras. Il affirme qu’il faut commencer les actions par la lutte contre le tabagisme.
Les experts sont s'accord sur le fait que l'éradication de la tabagie adolescente est le premier pas vers la lutte contre la drogue en milieu scolaire. Selon les spécialistes en toxicomanie, fumer du tabac ouvre la porte à la consommation d'autres produits narcotiques, dont le cannabis.
Une étude réalisée en 2007 révèle que l'âge moyen d'un fumeur au Maroc est de 17 ans. En 2006, l'Enquête Nationale sur le Tabagisme chez les Jeunes de 13 à 15 ans, initiée par l'Organisation Mondiale de la Santé, l'UNICEF et le CDC a montré que 15,5% des jeunes utilisent le tabac sous plusieurs formes (cigarettes, shisha, snif..). L'OMS y déclare que 24,3% des élèves ont commencé à fumer avant l'âge de 10 ans.
Afin de limiter l'impact du tabac sur les plus jeunes, le Parlement a passé une législation, le 13 janvier, interdisant la consommation de tabac dans les endroits publics ainsi que la vente de cigarettes aux moins de 18 ans. La vente de tabac aux mineurs est désormais passible d'une amende de 2 000 dirhams. La moitié des sommes collectées sur ces amendes soutiendront les programmes de sensibilisation lancés sur les dangers du tabac.
Le Ministère de l'Intérieur tente maintenant de resserer l'étau autour des dealers.
"Dernièrement, nous avons initié une stratégie de lutte contre la commercialisation des drogues dans les entourages des établissements scolaires. Elle date de quelques mois.", dit Khalid Zerouali, le Gouverneur et directeur chargé de la migration et de la surveillance des frontières." On commence à avoir de bons résultats."
Il signale que les dealers viennent dans le voisinage des écoles et mobilisent même des élèves pour écouler leur marchandise. Pour contrer l'influence de ces dealers, les services de sécurité et les responsables des établissements scolaires effectuent un vrai travail de renseignements, ajoute-t-il.
Du côté de la société civile, on essaie de véhiculer un message de sensibilisation. La présidente de l’association marocaine de l’écoute et du dialogue Amina Baji signale à Magharebia que le phénomène nécessite l’implication de tous les acteurs de la société.
Amina connaît de très près les problèmes des jeunes. Professeur de philosophie, elle a été la première à créer un centre d’écoute au sein d’un lycée. Elle affirme que son expérience lui a permis de déceler que la responsabilité de la consommation de la drogue incombe en premier lieu à la famille qui ne prête pas une attention suffisante à l’adolescent.
"Il faut un dialogue avec l’élève pouvoir le comprendre. Nous mobilisons des psychologues afin de communiquer avec les adolescents", dit-elle.
L’Association marocaine de l’Ecoute et du Dialogue essaie d'impliquer les élèves en les incitant à participer dans l’effort de sensibilisation. Plusieurs activités ont été réalisées notamment des pièces théâtrales, des magazines scolaires, des exposés ainsi que des visites à des toxicomanes.
Eradiquer la consommation de stupéfiants dans les collèges et lycées marocains ne sera pas chose facile. De nombreux élèves ont été exposés à la drogue à plusieurs reprises.
Samira, 16 ans, dit qu'elle a essayé de fumer du cannabis offert par une fille de sa classe. "D’habitude, je ne fume jamais", dit-elle. "Mais, toutes les filles de la classe ont voulu ce jour-là commettre une folie. Et Souad nous encourageait à en prendre. "
"C’était une expérience désastreuse", continue-t-elle. "J’ai failli être expulsée du lycée. Heureusement que ma mère était là pour me sauver. Je connais d’autres filles et garçons qui ont continué dans la voie de la drogue à partir de ce jour-là."
Hamid, 14 ans, déclare prendre des psychotropes depuis déjà une année. "Je dois m’identifier à mes amis au collège. Nous sommes cinq à se partager cette même activité", dit-il à Magharebia.
Hamid est conscient du danger que représentent les psychotropes sur sa santé. Mais il persiste à emprunter la même voie pour oublier, dit-il, les problèmes qu’il vit au sein de sa famille.
"Je ne peux pas arrêter", ajoute-t-il. "Les pilules me permettent de me sentir fort face aux autres. Mes parents se disputent souvent et me prêtent peu d’attention. Pour se débarrasser de moi, ils me donnent l’argent sans jamais m’interroger sur mes dépenses."
Les adolescents sont "un gibier facile pour les trafiquants de drogues", selon le psychologue Jamil Bouhmala. "Il s'agit plutôt de vulnérabilité", explique-t-il. " Les adolescents, notamment les lycéens, ne connaissent pas vraiment l’ampleur du danger et sont vite séduits par les trafiquants et même leurs amis. Ils font fi des discours moralisateurs sur les dangers de la drogue."
"Lorsque la famille ne joue pas son rôle, elle laisse le vide à la déviation", ajoute Bouhmala.
L’enseignante Fatima Rokh maintient que les parents n’ont plus l’autorité sur les enfants et par conséquent, les professeurs ont perdu également leur pouvoir face aux élèves.
" Il y a quelques années, les élèves étaient différents et écoutaient les directives des enseignants car la famille laissait à ces derniers la marge de manœuvre. A présent, les parents n’acceptent pas que le professeur discute de la vie leurs enfants", indique-t-elle.
Il y a quelques semaines, elle a surpris une jeune fille en train de fumer du cannabis en classe. Quand elle a fait appel à son père, celui-ci lui a demandé de ne plus se mêler de la vie privée de sa fille.
Le psychologue Bouhmala explique ce comportement par la culpabilité de ce père qui est conscient de la responsabilité qui lui incombe mais qui ne veut pas admettre la réalité ni l’entendre par une autre personne.
Amina Baji confirme cette réalité désastreuse que vivent certains jeunes. Elle affirme que plusieurs familles sont coupables envers leurs enfants et les poussent, à cause de leur comportement négatif, vers la débauche.
Le professeur Abderrahman Abid signale qu’en dépit de tous les obstacles, les associations et les enseignants ne doivent pas baisser les bras. Il affirme qu’il faut commencer les actions par la lutte contre le tabagisme.
Les experts sont s'accord sur le fait que l'éradication de la tabagie adolescente est le premier pas vers la lutte contre la drogue en milieu scolaire. Selon les spécialistes en toxicomanie, fumer du tabac ouvre la porte à la consommation d'autres produits narcotiques, dont le cannabis.
Une étude réalisée en 2007 révèle que l'âge moyen d'un fumeur au Maroc est de 17 ans. En 2006, l'Enquête Nationale sur le Tabagisme chez les Jeunes de 13 à 15 ans, initiée par l'Organisation Mondiale de la Santé, l'UNICEF et le CDC a montré que 15,5% des jeunes utilisent le tabac sous plusieurs formes (cigarettes, shisha, snif..). L'OMS y déclare que 24,3% des élèves ont commencé à fumer avant l'âge de 10 ans.
Afin de limiter l'impact du tabac sur les plus jeunes, le Parlement a passé une législation, le 13 janvier, interdisant la consommation de tabac dans les endroits publics ainsi que la vente de cigarettes aux moins de 18 ans. La vente de tabac aux mineurs est désormais passible d'une amende de 2 000 dirhams. La moitié des sommes collectées sur ces amendes soutiendront les programmes de sensibilisation lancés sur les dangers du tabac.